Intelligence cognitive : comment M6 a transformé ses archives en centre de profits
Lancée en 2017, M6 Video Bank a permis à la chaîne de monétiser ses contenus auprès des professionnels de l’audiovisuel. Le groupe lance en octobre une V2 du portail qui intègre une plateforme cognitive française optimisant la recherche et le taux de conversion.
Qu’il s’agisse d’extraits ou de contenus intégraux, l’INA monétise les contenus d’archives. Ces produits audiovisuels sont éditorialisés et partagés sur les réseaux sociaux. Un autre acteur de l’audiovisuel développe lui aussi cette pratique : le groupe M6.
À la différence de l’INA, M6 détient les droits de ses contenus, dont il propose des extraits à la vente aux professionnels du petit écran. Pour proposer ce service en ligne, M6 s’appuie depuis 2017 sur un portail : M6 Video Bank.
M6 Video Bank : 50 000 vidéos indexées et disponibles à la vente
Les acheteurs, par l’intermédiaire d’un moteur de recherche et d’une connexion avec le DAM (Digital Asset Management) du service documentation, peuvent ainsi identifier les contenus répondant à leurs critères et les acquérir.
Martine CarougeDirectrice de la documentation de M6
Propriétaire depuis 2017 des radios RTL, M6 propose les images issues de ses programmes ainsi que ceux du groupe de radio. Au total, ce sont 50 000 actifs vidéo qui sont monétisés sous forme d’extraits.
Mais la plateforme était menacée d’obsolescence. Le partenaire du projet, Algoba, a été racheté et n’assurait plus de mise à jour de la solution. Par ailleurs, M6 souhaite enrichir son catalogue de contenus pour y intégrer des « sons » en plus de l’image et des photos.
Le groupe négocie également avec les maisons de disques pour monétiser des clips musicaux via une clipothèque. Enfin, la création d’une offre B2C, en complément du B2B, constitue une autre ambition.
Pour toutes ces raisons, une refonte s’avérait indispensable.
Le département Documentation-Vente Contenus et Droits, qui pilote le projet, souhaitait par ailleurs tirer profit de l’évolution technologique dans le domaine des moteurs de recherche pour améliorer la performance de M6 Video Bank, qui changera au passage de nom.
Un centre de coûts transformé en générateur de revenus
Les performances enregistrées par M6 grâce à son portail justifiaient largement de nouveaux investissements, explique le groupe au MagIT. Au lancement, un objectif de revenu avait été défini à 5 ans. Celui-ci a été atteint, malgré la crise Covid et ses conséquences sur la production audiovisuelle.
Martine CarougeDirectrice de la documentation de M6
« Avec la refonte, l’ambition est de doubler le chiffre d’affaires à deux ans », annonce Martine Carouge, la directrice de la documentation de M6. « C’est un aboutissement du travail des documentalistes en matière d’indexation et de numérisation. Pour constituer un fond pertinent, nous avons énormément investi dans de la sélection plutôt que la numérisation de masse ».
Grâce à ce portail, la documentation est parvenue à monétiser ces opérations. « Très rapidement, au bout de deux ans de M6 Video Bank, la documentation, qui était un centre de coûts, est devenue un centre de profits pour le groupe », se réjouit sa responsable.
Aux alentours du 24 octobre prochain, une nouvelle version du portail devrait être lancée. Son nom doit encore être arrêté (la décision est entre les mains de Thomas Valentin, vice-président du directoire et numéro deux de M6), mais le choix de la technologie au cœur du service est déjà tranché.
M6 a choisi la technologie sémantique de l’éditeur auvergnat Perfect Memory. La finalité est d’enrichir les fonctionnalités de recherche, afin de proposer différents types de contenus, mais aussi des résultats complémentaires.
Pourquoi ce choix ? Parce qu’avec de l’IA, la solution « génère automatiquement des liens entre les contenus et [propose] des moyens de tri intelligent », explique Martine Carouge. À la clé : une hausse potentielle du panier moyen des clients et une meilleure satisfaction.
Media Asset Management et parcours de vente dissociés en 2023
Spécialiste de la recherche, Perfect Memory développe également pour M6 un portail de vente intégré. « Nous leur avons fait confiance sur la technologie de pointe qu’ils proposent sur la recherche. Le MAM [N.D.L.R. : Media Asset Management] est tout simplement bluffant » apprécie la représentante du groupe de télé. « Nous avons donc aussi décidé de leur faire confiance sur le développement des fonctionnalités d’un portail de vente ».
Les tests menés lors d’un PoC et les avis recueillis auprès de collaborateurs de Salto (portail commun avec France Television et TF1), également utilisateur de la solution de Perfect Memory, ont confirmé ce choix de partenaire technologique. Et pour accompagner les équipes internes dans la conduite du projet, M6 s’appuie sur une consultante, l’ancienne cofondatrice de la solution exploitée dans le portail existant.
Fin septembre, une revue de projet était menée sur le parcours de commande. Le MAM intégrera directement ce parcours. Cependant, en 2023, ces deux composants seront dissociés à l’occasion du lancement, en début d’année prochaine, de la version 2 du service M6.
Cette autonomie du parcours de vente permettra une plus grande agilité dans son évolution et dans le déploiement d’optimisations. Les futurs changements répondront notamment aux retours des utilisateurs. L’équipe projet a prévu en 2023 une phase de recueil des feed-back de 3 à 4 mois pour mesurer les usages et identifier les améliorations à apporter.
70.000 actifs à bord d’une Rolls
Fin octobre pour la mise en ligne, l’ex-M6 Video Bank indexera un catalogue de 70 000 actifs. Le coût de la licence chez Perfect Memory étant corrélé à ce chiffre, M6 étendra la taille du catalogue disponible en fonction des revenus générés par la plateforme.
Quant à la date de sortie du service, elle avait été définie initialement dans la perspective d’une fusion avec TF1. Le portail devait constituer « une petite Rolls-Royce » pour le nouveau groupe de l’audiovisuel français.
Le dossier ayant été retoqué par le régulateur, le nouveau service ne fera par conséquent pas l’objet d’un covoiturage entre TF1 et M6. « Nous serons très fiers néanmoins de disposer d’une Rolls », plaisante Martine Carouge.