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Industrie : le groupe breton Kersia unifie son ERP dans le SaaS
Fruit de la fusion d’entreprises de la sécurité alimentaire, Kersia exploitait de nombreux ERP. Le temps était venu de consolider son existant. Le projet est en cours sur le SaaS d’Oracle. Un choix qui réouvre la question d’une migration plus large vers le cloud.
Depuis sa création en Bretagne dans les années 80, l’entreprise qui se nomme aujourd’hui Kersia a connu de multiples mutations et changement d’identités. D’abord filiale du groupe Roullier connue sous la marque Hypred, ce n’est qu’en 2018 qu’elle prend ce nom de Kersia.
Le groupe est dédié principalement à la sécurité des aliments. Il réunit sous une même bannière différentes sociétés, comme Hypred, Anti-Germ, Medentech, LCB Food Safety et G3. En raison de ces rapprochements et acquisitions successifs, le système d’information est décentralisé et hétérogène.
Objectifs : consolidation et amélioration fonctionnelle
En 2017, après un premier LBO, l’entreprise étudie pour la première fois la possibilité d’une consolidation autour d’un ERP unique. Mais c’est une autre option qui est finalement retenue : privilégier la BI pour accélérer la consolidation.
Les différents ERP sont donc conservés. Jusqu’à l’arrivée d’un nouvel actionnaire en 2020.
Le projet est alors porté par le président de Kersia lui-même, Sébastien Bossard. Ce chantier IT était devenu incontournable. Parmi les ERP on-premise déployés figuraient des solutions adaptées à des petites structures.
Or, Kersia a vu sa taille multipliée par cinq et devait s’équiper d’une plateforme moins limitée fonctionnellement.
Mais « La première raison de cette refonte, c’est la consolidation. Demain, les tâches n’auront plus à être répliquées », explique au MagIT le DSI du groupe, Patrick Richard. « Mais l’objectif est aussi celui d’une amélioration, sans nous engager dans une complète réingénierie des processus ».
La phase de RFI a été engagée en 2020 avec une pré-étude de faisabilité conduite par Deloitte entre fin 2020 et début 2021. L’étape de RFP a suivi en impliquant les trois principaux éditeurs du marché : Microsoft, SAP et Oracle. C’est ce dernier qui sera retenu avec une signature en septembre 2022.
Le choix d’une plateforme maîtrisée de A à Z par un seul acteur
Le projet prévoit à terme le déploiement d’Oracle Fusion Cloud Enterprise Resource Planning (Oracle Cloud ERP) pour la partie finances. Sera aussi déployé, pour la gestion de la logistique, Oracle Fusion Cloud Supply Chain & Manufacturing (Oracle Cloud SCM).
Le SaaS était un critère important pour Kersia – avec, ici, une intégration complète des progiciels sur une infrastructure cloud maîtrisée de bout en bout par Oracle.
Ce choix du cloud est motivé par une évolutivité supérieure par rapport à des versions on-premise, justifie la société. Régularité des mises à jour et disparition des coûts d’infrastructure sont ainsi particulièrement soulignées.
Oracle, avec sa filiale-conseil, assure également l’intégration. Pour le groupe Kersia, c’est donc un unique interlocuteur tout au long du déploiement, dont le calendrier prévoit une finalisation « théorique » d’ici 4 à 5 ans (de futures acquisitions pourraient allonger les délais, anticipent en effet la société et sa DSI).
Si le SaaS était un paramètre de sélection, les critères principaux étaient d’abord fonctionnels et arbitrés par les métiers concernés. Après une première phase de démo, peu d’éléments départageaient les trois éditeurs. Des tests approfondis sur des « pain points » de l’entreprise ont été réalisés pour sélectionner le candidat final.
SAP et Oracle se démarquaient. Si le second l’a emporté, c’est notamment parce que sa solution est totalement gérée par Oracle, quand la version cloud de l’allemand fait intervenir un cloud public à choisir (AWS, Azure, CP, etc.). « Oracle maîtrise tout de A à Z », insiste Patrick Richard, pour qui il s’agit d’un facteur de réassurance sur un projet de cette ampleur.
Enfin, avec Oracle en position de challenger sur le marché des ERP, Kersia ambitionne de se démarquer de la concurrence. Lui aussi challenger (Kersia est le 3e acteur de son secteur) le groupe opte pour un fournisseur différent de celui de ses deux grands rivaux, tous deux sous SAP. L’industriel espère ainsi se doter – pourquoi pas – d’un avantage concurrentiel.
Un pilote sur plusieurs pays en 2023
Grâce à ces progiciels communs, Kersia anticipe des déploiements accélérés d’outils corporate – des opérations complexes aujourd’hui. L’implémentation d’une solution de recouvrement, Sidetrade, s’était par exemple avérée laborieuse en raison des multiples interfaçages à prévoir avec des ERP hétérogènes.
Le processus d’intégration d’une nouvelle société sera également simplifié. Toute nouvelle entité adoptera l’ERP groupe, et à travers lui ses standards de fonctionnement. « Nous avons aussi de nombreux flux intercompagnies. Les commandes et ventes internes doivent dès lors être ressaisies. Demain, nous pourrons automatiser ces opérations », se réjouit le DSI.
En termes de ROI, Kersia table sur des gains de productivité, difficiles à mesurer toutefois, et surtout sur des économies permises par le décommissionnement des ERP actuels.
Depuis janvier, les premières phases du projet de migration vers Oracle ont été lancées. La familiarisation avec l’outil via des ateliers est en cours, jusqu’à fin mars 2022. Un pilote sur l’Europe de l’Est (Pologne, Hongrie, République-Tchèque et Slovaquie) suivra au 1er semestre 2023. Le calendrier de déploiement s’échelonnera ensuite sur 4 à 5 ans.
Une migration cloud (hybride) plus large à envisager
Le décommissionnement des logiciels on-premise concernés par ce projet devrait reposer la question de la migration de l’infrastructure dans le cloud.
Jusqu’à présent, Kersia dispose de ses propres datacenters, où elle gère une infrastructure hyperconvergée. Elle exploite aussi des applicatifs dans les clouds d’Azure et d’AWS, et des logiciels SaaS (comme la bureautique et le CRM).
Une extension forte dans le cloud public avait été examinée en 2019 à l’occasion du renouvellement de l’infrastructure. Elle devrait être de nouveau d’actualité d’ici quelques années, mais plutôt dans une optique d’hybridation. Toutes les applications ne se prêtent pas à un passage sur le cloud public, notamment pour des questions de coûts, souligne Patrick Richard.
Pour les projets de digitalisation de ses activités, le cloud est en revanche un choix plus évident, ajoute le DSI.
Le groupe s’est par ailleurs associé à Connecterra, une start-up hollandaise qui a développé un assistant intelligent à destination des agriculteurs. La refonte de la relation client est également engagée chez Kersia. Enfin la DSI entame la digitalisation des processus internes. En clair, la roadmap s’annonce chargée au cours des prochaines années. Et les choix IT stratégiques devraient eux aussi s’enchaîner.