IA & RH : Randstad automatise son « sourcing » de candidats avec un bot

En 2019, Randstad espère pré-recruter 30.000 profils dans 40 métiers via son chatbot développé avec des technologies françaises. Particularité de « Randy » : il s'appuie sur les échanges qu'il a avec les candidats et pas sur leurs CV.

Randstad se met lui aussi au bot recruteur. Après L'Oréal et autres Pepsi, la tendance à l'automatisation de la sélection des candidats par une Intelligence Artificielle semble progresser.

Le bot de Randstad se nomme « Randy ». Testé depuis un an par le géant de l'intérim, ce chatbot est passé dans la phase de déploiement dans les 650 bureaux français de la société. Sa particularité est qu'il ne se repose pas sur les informations structurées habituelles (CV, formulaire) mais sur les déductions qu'il fait des échanges qu'il a avec les humains.

Un chatbot made in France

« A travers une discussion informelle, Randy est capable de cerner les compétences techniques et comportementales dans 28 métiers », vante Randstad. « En s’appuyant sur un algorithme de Machine Learning, il optimise la recherche d’emploi et l’adéquation entre un profil et une offre ».

Sous le capot, la conception du bot a été réalisée avec le français Illuin Technology. Ses parcours candidat gamifiés intègrent également des modules conçus par la startup Pymetrics spécialisée dans « les neurosciences appliquées à l’évaluation des candidats » (sic).

 

Test et gamification dans Randy

Au terme de l’échange, Randy propose un scoring de la candidature et pousse aux consultants les profils qui, d'après lui, répondent le mieux aux besoins de recrutement. Les candidats choisis sont recontactés dans les 48 heures par un consultant en recrutement.

« Les consultants peuvent ainsi se concentrer sur la dimension la plus stratégique de leur rôle : l’entretien et l’évaluation finale des candidatures », avance Randstad. « L’association du chatbot et du consultant offre ainsi une expérience de candidature inédite et efficace ».

Un feedback aussi pour les candidats

Contrairement à certains autres bots recruteurs, Randy n'est pas qu'un outil analytique qui « augmente » les chasseurs de talents. Il offre également un retour - souvent manquant - aux candidats.

« A travers des QCM et des jeux adaptés à chaque métier, il leur donne un retour à chaud sur leurs atouts. Il analyse notamment leurs compétences comportementales, un enjeu de plus en plus déterminant dans la construction du parcours professionnel », explique le communiqué de Randstad.

« Là où la plupart des [chatbots] répondent à des requêtes limitées, Randy analyse le parcours des candidats et fait le point sur leurs compétences techniques, leur employabilité et leurs "soft skills" », renchérit François Béharel, Président du groupe Randstad en France.

Le responsable de la filiale a par ailleurs la conviction que la technologie et l’humain doivent se conjuguer. « [Le bot] ne remplace pas les consultants, il les aide dans la phase de sourcing et rend leur rôle encore plus déterminant sur les phases essentielles ».

Déjà 350 présélections dans les métiers médicaux

Parmi les 28 métiers ciblés, 5 concernent le médical : infirmier, aide-soignant, auxiliaire de puériculture, masseur kinésithérapeute et médecin.

« L’intelligence artificielle jouera un rôle prépondérant dans le futur du recrutement »
François Béharel, Randstad France

En 6 mois, la déclinaison de Randy pour ce secteur (Randy Médical) a pendant sa phase de déploiement, initié près de 1 800 conversations avec de nouveaux candidats pour en présélectionner 350. L’objectif est d'en pré-recruter au moins 1 000 en 2019 avec cette technologie.

« Dans le domaine médical, la pénurie de candidats est très forte. Randy Médical permet de cibler une nouvelle génération de professionnels de santé, plus à l’aise avec les environnements digitaux et habituée à interagir sur les réseaux sociaux, au premier rang desquels Facebook Messenger », explique la société d'intérim.

Un apprentissage sur 30.000 conversations

Randy a été testé toute l'année 2018. Sur les six derniers mois, il a initié 30 000 conversations - qui ont duré en moyenne 23 minutes, soit un temps proche des entretiens de pré́-embauche - et il a échangé plus de 400 000 messages avec des candidats.

Courant 2019, Randy va continuer d’intégrer de nouveaux profils pour évaluer, à terme, plus de quarante métiers.

« L’intelligence artificielle jouera un rôle prépondérant dans le futur du recrutement », prédit François Béharel, Président du groupe Randstad en France. Son point de vue n'est pas forcément dominant en France où les RH se montrent très réticents aux Machine Learning et au prédictif. La société d'intérim d'origine hollandaise est, elle, en tout cas confiante dans l'avenir de l'IA appliquée au recrutement de talents puisque cette année, elle ambitionne de pré-recruter pas moins de 30.000 candidats via son bot.

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