France Télévisons mise sur l’IP avec Alcatel et Microsoft

Gérer et transformer un patrimoine informatique n’est jamais chose facile. Mais nous pouvons dire la même chose de l’infrastructure télécom. France Télévisions poursuit sa longue collaboration avec Alcatel-Lucent, tout en lorgnant sur l’intégration avec les solutions Microsoft autour de l’IP et de la téléphonie IP.

Le groupe France Télévisions est réparti sur une centaine de sites dans toute la France. Il compte plus de 8 000 salariés et gère 5 chaines nationales, des filiales de production, de communication, sans oublier les antennes régionales. Le groupe s’est installé dans un nouveau siège à Paris en 1998 mais a été obligé de développer de nouveaux sites sur la région parisienne. La question de la téléphonie IP s’est alors posée dès 2008 pour remplacer les terminaux TDM et les PABX. 

Quand et comment passer à l’IP ? 

« France Télévisions était à la croisée des chemins, avec une téléphonie « vieillissante » et le passage à l’IP, impliquant des modifications d’infrastructures », précise Serge Deschamps, directeur clientèle, Alcatel-Lucent Enterprise Business Group. Deux choix étaient possibles : changer de technologie et éventuellement de fournisseurs (une procédure très lourde) ou continuer avec les partenaires historiques, Alcatel-Lucent, pour assurer la transition et la migration vers l’IP. C’est la seconde option qui a été privilégiée par France Télévisions. Comme nous l’a précisé Serge Deschamps, dès le départ, une réflexion a été menée au-delà du passage à l’IP : quels usages, quelles nouvelles applications et nouvelles fonctionnalités, le projet pouvait apporter aux utilisateurs. 

« Il fallait garder l’ancienne téléphonie et mettre en place la nouvelle, en tenant compte du rythme financier », prévient Serge Deschamps. Hors de question de tout changer : trop cher, trop radical. Les contraintes financières ont aussi dicté la conduite du projet IP. Si les nouveaux sites étaient câblés et prêts à accueillir une architecture IP et les appareils adéquats, quid des sites existants ?  

Serge Deschamps, directeur clientèle, Alcatel-Lucent Enterprise Business Group

« La transition IP se déroule depuis plus de 2 ans sans réel problème. Nous avons mis en place un rafraichissement de l’architecture. Sur Paris et sa région, France Télévisions possédait 6-7 plate-formes au siège et chaque bâtiment fonctionne avec une plate-forme indépendante. L’objectif a été de centraliser et de regrouper les plate-formes. Des connexions ont été mises en place pour faire l’interface entre l’opérateur et l’utilisateur », poursuit Serge Deschamps. De plus, la rationalisation des plate-formes télécoms a permis de centraliser l’intelligence et d’apporter une souplesse à l’infrastructure qui n’était pas possible auparavant. « Il y a eu des gains sur la gestion, la maintenance, l’utilisation, permettant de générer des économies », analyse Serge Deschamps. La bascule entre les deux technologies s’est faite la nuit et le week-end pour ne pas impacter les salariés et le bon fonctionnement du groupe. 

Une intégration progressive des fonctionnalités IP au poste de travail 

Mais l’IP pour l’IP n’a pas d’intérêt. « Avec l’IP, on peut associer des services, des fonctions à valeur ajoutée », insiste Serge Deschamps. La communication unifiée (au sens large) est un des buts du projet. Mais celle-ci se fera progressivement avec l’extension de l’IP et son intégration avec le poste de travail et les outils Microsoft. Une des premières unifications a été l’uniformisation des numéros, le couplage téléphonique fixe et mobile, la disponibilité d’un annuaire interne et de la fonction « click to call ». « La communication unifiée est importante. Cette intelligence, comme la gestion de la présence, est gérée par Microsoft qui est associé au pilotage du projet téléphonie », indique Serge Deschamps. Ainsi, c’est l’éditeur qui se chargera d’intégrer des outils comme Lync à la plate-forme IP d’Alcatel-Lucent. Les deux fournisseurs travaillent sur un PoC (proof of concept) pour tester l’intégration téléphonie IP et poste de travail. Il sera ensuite intégré au projet IP. 

Les antennes régionales concernées par l’IP 

Avec le passage à l’IP des sites franciliens, une autre problématique est née pour France Télévisions, au niveau des sites en région. Les services généraux parisiens ont assisté la région OUEST pour la mise en place d’une installation téléphonique basée sur l’IP Centralisation. « Les régions sont un axe majeur du projet. Elles étaient plus ou moins indépendantes. Le groupe voulait mutualiser les moyens et rationaliser la technologie et l’infrastructure. Là où le site régional est indépendant, il faut le convaincre de se rattacher au site central IP. Ainsi le groupe propose des services complets aux régions », explique Serge Deschamps. Pour France Télévisions, il s’agit de proposer des services communs à tous les sites, de simplifier l’architecture en supprimant au fur et à mesure les plate-formes indépendantes, tout en mutualisant les coûts, les applications, la maintenance, etc... 

Ne pas bousculer les habitudes 

Pour le salarié, la téléphonie IP ne tranche pas avec ses habitudes mais enrichit son quotidien. L’outil en lui-même, le téléphone, ne change pas. Il rajoute des fonctions pour aller plus vite comme l’accès direct via un petit écran à l’annuaire interne. « Nous pouvons installer des terminaux IP ayant l’apparence d’un TDM ! », indique Serge Deschamps. La culture d’entreprise est une notion importante dans la conduite du changement dans une entreprise comme France Télévision. « Il ne faut pas tout bousculer. Il est important d’avoir une approche progressive », martèle Serge Deschamps. 

Les PABX s’adaptent eux aussi 

L’infrastructure était fournie par Alcatel-Lucent et continue à l’être dans la migration IP. Les PABX ont perdu l’intelligence pour devenir des passerelles entre la plate-forme centrale et le reste de l’infrastructure IP. Au final, France Televisions ne possède plus que de deux plates-formes qui fournissent les services télécoms pour les terminaux IP mais aussi pour les TDM encore en place - en attendant leur migration future. Le projet IP Centraliser se poursuit.  

Illustration : Wikipedia 

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