Esure : quatre conseils de DSI pour mettre en œuvre DevOps
Mark Foulsham, DSI chez le groupe d’assurance britannique Esure, partage ses conseils aux responsables IT pour réussir l'implémentation des méthodes DevOps et rendre l'entreprise plus agile
Mark Foulsham se dit, à juste titre, « bien occupé ». Le DSI du groupe Esure, spécialiste en assurance, supervise un plan de transformation IT destiné à assurer la pérennité de l'entreprise dans l'environnement technologique moderne, par nature évolutif.
Le programme comprend un ensemble d'initiatives qui concernent les plateformes d'exploitation, les appliances de traitement, la virtualisation et le Cloud. Mais l'avancée la plus intéressante est le développement entièrement agile proposé par Mark Foulsham.
L'entreprise tient particulièrement à tirer parti de DevOps, une méthode axée sur la coopération et la collaboration entre les développeurs logiciels et les professionnels IT chargés de l'exploitation. L'objectif est de créer des services en évolution constante qui collent parfaitement aux demandes métier.
Gartner prévoit que, d'ici fin 2016, DevOps sera passé d'une approche de niche utilisée par les grands fournisseurs de Clouds à une stratégie généraliste exploitée par 25 % des entreprises du classement Global 2000. Se pose donc la question de la manière dont les DSI peuvent assurer cette transition et garantir que l'agilité sera bien intégrée aux éléments technologiques.
En réponse, Mark Foulsham explique comment il introduit une approche agile chez Esure et en quoi DevOps peut créer une approche plus intégrée pour créer des produits et services IT.
1. Prendre en charge un mode de développement et de déploiement modulaire
Pendant 11 ans, Mark Foulsham a initié un grand nombre de changements chez Esure. De la mobilité aux « marathons de programmation » (les fameux Hackathons), il est toujours partant pour adopter de nouvelles approches et apporter une plus grande agilité aux processus IT. D’où son attrait pour DevOps.
« Tout est question de rapidité de mise sur le marché : nous adoptons de nouveaux processus et nous voulons nous détacher de l'approche traditionnelle en cascade du développement IT », explique-t-il. « Nous ne nous contenterons pas de transformer une partie de l'IT pour avancer, nous voulons gérer le changement de façon continue. Notre objectif est qu'il n'y ait plus de date fixe de mise sur le marché. A la place, nous voulons être en mesure de livrer des produits en permanence. »
Mark Foulsham explique que l'entreprise cherche le moyen d'appliquer l'agilité et DevOps à l'ensemble de la chaîne des processus associée aux projets IT. L'entreprise utilise une approche modulaire du développement et du déploiement des applications et de l'infrastructure. La méthode s'appuie sur des blocs modulaires préconstruits qui peuvent être utilisés et réutilisés dans différents systèmes et sur plusieurs plateformes.
D'après lui, DevOps encourage une approche cohérente qui aide les équipes IT à atteindre une plus grande rapidité de livraison des produits et des services. Une telle rapidité repose sur une excellente connexion entre les applications de toute la pile IT. Il ajoute que, pour travailler de façon modulaire, le lien entre la technologie et le reste de l'entreprise doit être exceptionnellement solide.
« Nous devons harmoniser les différents éléments de l'IT avec le fonctionnement de l'entreprise », analyse Mark Foulsham. « Et cette harmonie doit toucher toutes les fonctions. Il faut créer une équipe dédiée aux fonctionnalités, qui se détache de l'IT traditionnelle et qui travaille au sein de l'entreprise sur le développement des produits. »
2. Créer une entreprise dans l'entreprise
Le développement modulaire exige une équipe de service dotée des connaissances nécessaires pour tirer le meilleur de la plupart des interfaces de programmation (API). Mark Foulsham affirme qu'un ensemble d'outils de déploiement est également crucial, notamment pour le codage, l'automatisation et les tests.
« Pour les spécialistes dans le domaine de la technologie, ce changement est considérable », dit-il. « Dans l'entreprise, l'équipe IT est remplacée par une équipe produit qui fournit sans cesse des résultats. Pour parvenir au changement, les personnes qui travaillent sur ces produits doivent travailler constamment main dans la main avec l'entreprise. »
Les architectes et les développeurs doivent être continuellement présents dans la chaîne. L'approche agile repose également sur des ingénieurs et des spécialistes de la mise en production hautement qualifiés, qui assurent la préparation des produits mis à jour pour l'entreprise après les phases de développement et de test, explique-t-il.
Etant donné l'ampleur de la transformation, « c'est un peu comme si l'on créait une nouvelle entreprise », compare Mark Foulsham. « Il n'y a aucune séparation entre les activités. Il faut faire participer tous les secteurs de l'entreprise. L'objectif est mettre tout le monde d’accord sur l’idée qu’il faut mettre les produits sur le marché aussi vite que possible. »
3. Se concentrer sur les collaborateurs, les processus, les outils et l'architecture
Dans la pratique, est-il facile de passer à DevOps ? Pas vraiment. « C'est un parcours délicat », concède Mark Foulsham. Avant d'ajouter que les DSI qui veulent aller vers une forme de développement plus agile doivent se focaliser simultanément sur 4 éléments : les collaborateurs, les processus, les outils et l'architecture.
« Déterminez avec précision ce que doit réaliser votre entreprise et travaillez en partant de cet objectif », conseille-t-il. « Parlez au reste de l'entreprise et repérez les indices qui vous aideront à connaître les secteurs nécessitant le plus de travail. »
Mark Foulsham explique que son équipe DevOps travaille à partir d'une liste de requêtes qui change constamment, où différents projets modifient le planning suivant les demandes métier qui évoluent elles aussi rapidement. Sans surprise, l'objectif est d'atteindre une réelle agilité, dans un environnement où développeurs et utilisateurs sont à l'aise avec cette nouvelle constante qu'est le changement permanent.
La transition de Esure est encore en chantier, mais, d'après Mark Foulsham, la transition vers DevOps progresse bien. D'après lui, le groupe a déjà adopté un plus haut degré d'agilité, et ses employés commencent à travailler de façon modulaire.
4. Reconnaître qu'il faut du temps pour mettre en œuvre l'agilité
Les DSI qui envisagent d'adopter le modèle DevOps doivent comprendre que la transformation ne se fera pas du jour au lendemain. Si de nouveaux produits peuvent être mis à jour en continu, d'autres initiatives à long terme resteront ancrées sur une méthode de livraison en cascade.
Mark Foulsham explique que l'approche mixte du déploiement est un excellent exemple de bonnes pratiques pour d'autres DSI. « Ne supprimez pas la chaîne de livraison, car pour l'équipe IT, certains services demanderont toujours un traitement traditionnel », prévient-il.
« Vous devez réfléchir aux moyens de faire passer progressivement l'entreprise à un modèle de livraison continue. Chez Esure, avec l'arrivée de nouveaux produits, nous mettons une pression de plus en plus forte pour passer à l'approche agile. » Mais il affirme aussi qu'aucun ultimatum ni de date butoir n'ont été fixés pour que l'entreprise soit intégralement agile.
On constate cependant une tendance générale à s'écarter du développement IT en série au profit de DevOps.
« Il faut trouver le juste équilibre entre l'ancien fonctionnement et le nouveau », conclue Mark Foulsham. « L'engagement métier est crucial, tout comme la gestion des attentes des parties prenantes. En tant que DSI, vous ne pourrez pas changer seul le fonctionnement de l'IT ; il vous faudra collaborer avec toute l'entreprise. »
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