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Desigual simplifie le patchwork de son IT
L’enseigne barcelonaise a déployé l’ESB et la plateforme de gestion d’API, respectivement BusinessWorks et Mashery, pour interconnecter des systèmes patrimoniaux et développer ses canaux de ventes. Un catalogue d’API permet d’accélérer l’intégration de partenaires au réseau channel du groupe.
« Share the Power » : c’est le slogan qui habille aujourd’hui la nouvelle campagne de publicité que Desigual, enseigne de vêtements espagnole, née à Barcelone, a mise en avant auprès du grand public. Mais c’est finalement ce même slogan qui pourrait désigner le déploiement par la société d’un vaste projet de bus d’entreprise (ESB – Enterprise Service Bus) dont la finalité est de faciliter le partage de données et d’informations entre les nombreux systèmes patrimoniaux.
L’ESB est certes un projet technologique. Mais il vient là concrétiser l’ambition du groupe barcelonais de décloisonner ses systèmes opérationnels (liens avec les partenaires, commandes, stocks, gestion des entrepôts) afin de modifier les relations qu’il entretient avec son écosystème. Un écosystème dense : Desigual est représenté à travers 500 points de ventes, répartis parmi 100 pays dans le monde. La démarche est donc aussi métier et commerciale.
Ce projet démarre en 2014. Desigual décide de refondre son architecture afin de mettre de l’ordre dans ses systèmes. « Nous avons historiquement axé notre stratégie sur le best-of-breed et nous devions recentrer nos systèmes pour essayer de simplifier nos processus en place », raconte Eduard Ponce Martínez, Solutions Architect & Enterprise Services Lead. Cette approche a en effet conduit au développement d’une architecture ramifiée, voire « spaghetti », composée de nombreux systèmes. L’interaction étant jusqu’alors gérée un brin artisanalement. « Jusqu’alors, Desigual orchestrait ses processus d’intégration et ses flux de données via une approche d’orchestration point à point. Mais alors que le groupe développe une série de tableaux de bord au-dessus de ses systèmes, il devenait difficile de faire interagir les nombreux systèmes en place, afin de garantir une vision holistique », reprend le responsable.
Simplifier la complexité
Ce déploiement est aussi associé au fait que Desigual a précédemment investi, en backend, dans un système de gestion des commandes, pour administrer les processus de gestion des stocks sur l’ensemble du réseau de distribution de la marque. « Nous devons aussi distribuer les stocks de ce réseau vers l’ensemble des systèmes », précise-t-il. Il fallait un cerveau central pour gérer ces interactions. Mais jusqu’alors, nous n’en avions pas besoin, tient-il à préciser.
L’empreinte de la marque s’étendant dans le monde, la complexité de l’IT a logiquement suivi. « Nous avions dès lors besoin d’un ESB pour gérer cette complexité et orchestrer toutes les données entre nos systèmes », confie alors Héctor Colomer Martín, architecte en charge des processus chez Desigual. L’idée était ainsi de mettre en place un système unique pour gérer tous les stocks du réseau, les envoyer au bon entrepôt, puis vers les boutiques. Avec ce nouveau système d'intégration, ce sont 15 canaux de ventes qui dialogueront de façon fluide.
La migration des processus se fait par itération sur certains processus définis, depuis le middleware d’origine, alors en place vers la solution de Tibco. Mais si ce projet a démarré par la gestion des stocks, les représentants de la marque confient que cela n’est que le commencement « d’une série de projets qui va évoluer au rythme des besoins des métiers ».
Pour l’heure, de cloud il n’en est que peu question. Ou avec parcimonie. « La stratégie de la société est cloud-first depuis un an, mais nous construisons nos projets sous un mode plutôt hybride », lance Héctor Colomer Martín. « C’est très important pour nous. Nous conservons nombre de systèmes legacy sur site. » Aujourd’hui, Desigual n’utilise pas les composants d’intégration de Tibco dans le cloud.
L’ESB, fondation d’un catalogue d’API
Dans sa transformation, la société a aussi décidé de mettre en place un programme d’ouverture par les API auprès de son réseau. « Nous devions ouvrir l’accès aux données à nos partenaires. Nous avons donc mis en place un catalogue d’API. L’ESB nous a permis de le faire. La technologie ne nous a pas seulement permis de relier nos systèmes legacy, mais également de publier des API, de la façon la plus agnostique possible. Elles peuvent être ré-utilisées pour différents types de canaux », souligne Eduard Ponce Martínez.
BusinessWorks a donc servi à décloisonner ; Mashery servira à orchestrer ces catalogues d’API et à exposer une sélection de services. « Nous avons bâti une place de marché en Asie, et des partenaires voulaient rapidement travailler avec nous. Avec un catalogue d’API, ces partenaires peuvent ainsi accélérer leur mise en place auprès du réseau de Desigual. »
Mais au final, s’il fallait retenir une leçon de ce projet, elle serait plutôt culturelle : « Dans ce cas, ce n’est pas l’IT qui doit dire quand on est prêt pour travailler ensemble. Ce sont les métiers. Ces derniers nous (NDLR, l’IT) considèrent désormais comme des facilitateurs et non plus comme des freins. » L’équipe middleware (6 personnes) de Desigual a réalisé les développements et le déploiement des technologies sans intégrateur, mais en collaboration avec les consultants Tibco.