Déchets radioactifs : l’ANDRA résout ses problèmes de stockage (de données)
Arrivant au bout d’une baie de disques qui ne garantissait plus la sécurité de ses informations, l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs se félicite d’être passée aux équipements Pure Storage.
L’ANDRA, l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs, n’est pas fondamentalement opposée au stockage de ses données en cloud. Moyennant de très gros moyens de chiffrement, elle imagine qu’un jour elle pourra confier sa messagerie, voire certains documents de travail, à un service en ligne. Mais pas tout de suite. Pour au moins les dix prochaines années, elle souhaite encore garder dans ses deux datacenters redondants parisiens au moins 90 % de ses données remplies d’informations sensibles. Ne serait-ce que les dates de livraison des déchets nucléaires issus des centrales d’EDF.
« Vous savez, nous avons en France trois sites d’épuisement de la radioactivité des déchets. Comme vous pouvez l’imaginer, ces sites sont éloignés des zones habitées, c’est-à-dire que, par la force des choses, ils sont en zone blanche télécom… Nous avons la culture des données disponibles sur place, qui ne dépendent pas d’une connexion », glisse, malicieux, Olivier Tardy, le responsable des infrastructures et des opérations au sein de la DSI de l’ANDRA (en photo).
L’enjeu de sortir d’une solution devenue contre-intuitive
Olivier TardyResponsable infrastructures et opérations, DSI de l’ANDRA
Problème, après plusieurs années de loyaux services, les si précieuses baies de stockage 3PAR de HPE qui stockent ces données, essentiellement collaboratives, ont commencé à ne plus supporter la charge dès 2018.
« Jusqu’à cette époque, nous étions équipés à 100 % en HPE. L’ancien DSI partait du principe qu’il valait mieux n’avoir qu’un seul fournisseur, pour éviter l’écueil des différents supports qui se renvoient la responsabilité en cas de panne. Nous avons remis en question cette conception en 2018, en nous disant qu’il pouvait être utile de comparer les caractéristiques de différents constructeurs pour avoir le meilleur service possible dans chaque domaine de l’infrastructure », raconte notre interlocuteur.
Il faut dire qu’à ce moment-là, le DSI de l’ANDRA ne décolère pas contre un équipement qu’on lui avait vendu comme pérenne, mais qui a toutes les peines du monde à remplir des fonctions basiques.
« Attention, je ne dis pas que les baies 3PAR tombaient en panne. Je me souviens qu’elles étaient même encore très performantes sur les débits. Mais nous avions régulièrement des problèmes de redondance. Comment expliquer, par exemple, – alors que nos deux baies étaient, soi-disant, actives-actives – que nous nous retrouvions en fin de journée avec un différentiel de 200 à 300 Go non répliqués entre elles ? Dans de telles conditions, notre plan de continuité d’activité était en carton », lance-t-il.
« Et puis, l’environnement n’arrivait jamais à être intuitif. Nous avions régulièrement des problèmes pour savoir quelle capacité il nous restait. L’interface d’administration de l’époque n’était pas claire. Notre infogérant – qui s’occupe notamment du help-desk – s’en plaignait. Nous devions l’envoyer en formation à chaque mise à jour… »
Pure Storage champion des arguments de vente
Pendant trois ans, la DSI de l’ANDRA va surtout s’occuper de remplacer ses serveurs. En 2021, il ne fait plus de doute que la baie 3PAR est seule responsable des problèmes qu’elle manifeste. Olivier Tardy et son équipe se lancent alors dans une étude de marché. Ils vont à la rencontre de Dell, HPE et Pure Storage pour se faire présenter les solutions.
« Nous avons vu Pure Storage en premier et force est de reconnaître qu’ils ont mis la barre assez haut. D’abord, l’interface, excessivement simple, nous a impressionnés. Mais mieux encore : nous étions dans un data center, à Paris, devant une baie en production. Ils enlevaient, à chaud, des SSD, des barrettes mémoires… Et la baie fonctionnait toujours ! C’était tout bonnement incroyable », raconte le responsable des infrastructures de l’ANDRA.
« Nous avons demandé aux deux autres constructeurs de procéder à une démonstration similaire. HPE a refusé. Dell s’est contenté de débrancher un câble. Bref, Pure Storage avait marqué les esprits dans notre équipe », continue-t-il.
Parmi les autres avantages de Pure Storage relevés par l’Andra, les SSD, des modèles spécifiques au constructeur, auraient affiché des performances meilleures que les unités standard qui équipent les solutions de HPE et Dell. La garantie de déduplication (soit la réduction de la taille des données pour mieux rentabiliser la capacité brute) est également citée : « HPE nous disait que, en général, leur solution permettait d’atteindre un certain taux de déduplication. Pure Storage s’est déplacé dans nos locaux avec un logiciel qui a analysé nos propres données et a calculé devant nos yeux le taux de déduplication dont nous profiterions. En l’occurrence 7:1 », se souvient Olivier Tardy.
Mais ce qui achève de convaincre l’équipe de l’ANDRA, c’est la proposition commerciale. « Pure Storage nous a proposé d’acheter une baie sur dix ans et, à intervalle régulier, de venir remplacer les contrôleurs, à chaud, pour des versions plus modernes. »
« Les autres constructeurs nous proposaient de remplacer intégralement la baie au bout de cinq ans. De fait, Pure Storage était plus cher à l’achat, mais si l’on prend en compte que les autres nous imposaient une migration de données à mi-chemin – ce qui est toujours une souffrance et ce qui a un coût – alors la facture globale la moins élevée était celle de Pure Storage », raconte Olivier Tardy.
Des configurations annexes compliquées à adapter
Cette étude de marché ayant eu lieu tout au long de l’année 2022, les deux baies FlashArray sont livrées en décembre et mises en production début 2023. Livrées avec 300 To de capacité – les anciennes 3PAR stockaient 120 To de données –, elles devraient être étendues tous les trois ans par lots de 50 à 80 To supplémentaires.
La migration des 3PAR aux FlashArray se passe sans heurts. L’essentiel des applications et des données de l’ANDRA reposant sur une architecture VMware, ce sont les rouages de ce dernier qui s’occupent de déplacer les contenus au fil de l’eau. Seule difficulté : des volumes NAS qui avaient été initialement configurés pour ne pas dépasser 16 To et qu’il a été complexe de reconfigurer sans cette limite obsolète.
Un problème similaire arrivera un an plus tard, début 2024, lorsque l’ANDRA fera l’acquisition auprès de Pure Storage d’un NAS FlashBlade pour stocker les sauvegardes de Veeam. Là aussi, la configuration initialement cousue de fil blanc pour optimiser Veeam sur une appliance StorOnce de HPE sera irrémédiablement inadaptée à la FlashBlade. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la DSI concède n’avoir toujours pas résolu 100 % des difficultés.
Les bénéfices : moins d’énergie dépensée, plus de robustesse
Il n’empêche, depuis 2023, l’ANDRA se félicite d’avoir choisi des FlashArray. « Le premier bénéfice a été l’aspect environnemental. Ces baies occupent chacune 6U, soit moins de volume à refroidir que les 3PAR. Leurs SSD consomment aussi moins d’énergie que notre stockage précédent qui mixait SSD et disques durs. L’un dans l’autre, notre consommation d’électricité a été réduite de 20 % », observe Olivier Tardy.
L’autre avantage constaté est la robustesse de la solution. « Tous les ans, nous procédons à un exercice qui consiste à éteindre la moitié de nos équipements pour vérifier que nous parvenons à maintenir nos opérations. Avec les baies 3PAR, cet exercice était compliqué : il fallait l’arrêter par logiciel et attendre qu’elle ait suffisamment refroidi, pour finalement couper le courant. Cela ne correspond pas vraiment à un incident réel. Tandis qu’avec une FlashArray, nous pouvons directement couper le courant. Et le service continue, sans aucune intervention humaine. »
Depuis un peu plus d’un an, Olivier Tardy a aussi pu constater la réalité des alertes proactives, avec un message du constructeur prévenant l’imminence d’un incident mineur sur un SSD avant que l’infogérant ne s’en rende compte.
À présent que la nouvelle solution de stockage est sur des rails au siège, Olivier Tardy va pouvoir s’occuper de remplacer les baies HPE qui équipent toujours les sites d’épuisement de la radioactivité des déchets. « J’aimerais pouvoir vous dire que nous y installerions aussi des baies Pure Storage, mais ces configurations sont surdimensionnées pour leurs usages, qui ne dépassent pas 30 To », conclut-il, en se préparant pour une nouvelle étude de marché.