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Dans le fauteuil du DSI de Manchester United

Pour tout professionnel de l’IT fan de football, l’un des postes les plus séduisants est certainement celui de DSI d’un club de Premier League. Attiq Qureshi a cette chance. Il est DSI de Manchester United. Et il dévoile les coulisses de ses missions.

« Avant tout autre chose, notre priorité est de gagner des matches, des titres et des trophées », rappelle Attiq Qureshi, DSI de Manchester United FC. Impossible d’échapper à cette exigence quand votre bureau est situé à Old Trafford, avec vu sur les 74 000 places du stade (le deuxième plus grand du Royaume-Uni après Wembley).

« Lorsque vous entrez dans votre bureau et que vous regardez la tribune Est, c’est vraiment super. C’est un endroit où il fait bon travailler. Il y a beaucoup de gens brillants, déterminés à faire de Manchester United une réussite. Et c’est aussi une grande marque partout dans le monde », ajoute-t-il.

Malgré la notoriété de son employeur et l’environnement de travail unique, Attiq Qureshi reste modeste : son travail, insiste-t-il, consiste essentiellement à gérer au quotidien des systèmes IT.

« Nous sommes une grande entreprise. Nous travaillons beaucoup sur les plateformes de données et ave des CRM. Nous sommes en train de modifier notre modèle d’exploitation en ce qui concerne le e-commerce. Nous avons 1 200 employés permanents, auxquels s’ajoutent 3 000 autres personnes les jours de match. Nous sommes donc confrontés à tous les défis habituels d’une entreprise : RH, finances, approvisionnement, etc. »

Une organisation aux multiples facettes

Une grande partie de ce qui rend l’IT différente à Manchester par rapport à d’autres domaines – Attiq Qureshi a une expérience de DSI dans le retail et la finance – vient du large éventail d’activités qu’englobe une organisation sportive d’envergure mondiale.

« Une chose dont les gens n’ont probablement pas trop conscience, c’est à quel point nous sommes une organisation aux multiples facettes. Nous sommes évidemment un club de football très prospère et très ancien. Mais nous sommes aussi une très grande organisation B2B avec des parrainages commerciaux. Nous sommes aussi une énorme organisation B2C – avec 70 000 personnes dans le stade les jours de match, et 70 000 autres qui viennent chaque mois en tant que touristes et visiteurs ».

Le DSI a rejoint le club en décembre 2022 – sans indemnité de transfert, contrairement aux joueurs, mais repéré par un chasseur de têtes.

« Pour moi, c’est un terrain très familier. Il s’agit d’automatisation, d’efficacité, d’excellence opérationnelle – et cela s’étend à des choses comme la sécurisation du public, la sécurité, la restauration et une multitude d’autres domaines. Il est très important d’améliorer l’efficience et l’efficacité dans tous ces domaines. Et comme la plupart des organisations, nous nous efforçons de donner les meilleurs outils à nos collègues sur le terrain pour qu’ils y arrivent »

Partenariats IT et commerciaux

L’implication des entreprises technologiques en tant que partenaires commerciaux du club est un autre aspect du travail qui est propre au domaine du sport.

Par exemple, TeamViewer, le spécialiste de la connectivité à distance, est le sponsor principal des équipes de football masculine et féminine de Manchester.

« Nous avons une approche plein de curiosité : nous essayons des choses ; si elles ne fonctionnent pas, ce n’est pas un problème. Mais si elles fonctionnent, elles sont très vite intégrées en production. »
Attiq QureshiCIO de Manchester United

Le personnel qui travaille dans le mégastore du club utilise des casques de réalité augmentée TeamViewer pour accélérer l’inventaire, tandis que les responsables de la pelouse utilise une application d’accès à distance pour contrôler les systèmes d’irrigation à Old Trafford et sur le terrain d’entraînement de Carrington.

Les deux organisations ont également récemment lancé une initiative appelée « SheSportTech » pour encourager les femmes à faire carrière dans les technologies du sport.

« Nous avons une approche plein de curiosité : nous essayons des choses et si elles ne fonctionnent pas, ce n’est pas un problème. Mais si elles fonctionnent, elles sont très vite intégrées dans les systèmes de production », se réjouit Attiq Qureshi.

Le club compte une centaine de personnes impliquées dans la technologie et l’IT, ce qui inclut les contributions des partenaires – dont la société de services informatiques DXC qui est un autre sponsor IT de Manchester.

Performance sportive

Comme la plupart des clubs, les entraîneurs de Man Utd font un usage intensif des données, sur les joueurs et sur les matches, pour préparer l’entraînement et la tactique. Le club possède une équipe de data analyste dédiée à cette mission.

« Nos analystes, qui travaillent avec nos coachs, assistent aux matches et aident à prendre des décisions en temps réel. Ce sont des personnes très friandes de données. Certaines sont structurées, d’autres non – vidéos, notes, etc. – et ils doivent emporter beaucoup d’outils IT avec eux, en particulier lors des matches à l’extérieur. Auparavant, ils devaient copier toutes ces données, ou même littéralement mettre leur ordinateur sous le bras et se rendre aux matches », explique Qureshi.

« Aujourd’hui, ils ont un accès à distance à leur environnement. Ils ont accès à toutes leurs informations dans le format qui leur est familier. C’est nettement plus sûr, et ils ne risquent plus de ne pas avoir un élément d’information dont ils ont besoin. C’est un bon exemple où il n’y a qu’un ou deux pas [de l’innovation IT] à la performance footballistique. La technologie – TeamViewer dans cet exemple – a permis de prendre des décisions plus rapidement et plus facilement ».

Il existe un groupe d’employés très particulier qui, parfois, n’hésite pas à demander un peu d’assistance technique à l’équipe de Qureshi.

« Mon équipe d’assistance informatique est connue pour être très, très serviable », rigole-t-il. « Il n’est pas rare qu’un manager ou un joueur les appelle directement pour leur demander un peu d’aide. Mais les joueurs [de nos jours] sont beaucoup plus technophiles – certains ont vingt ans de moins que moi ».

Smart stadium

Après le rachat de 25 % du club pour 1,25 milliard de livres sterling par le fondateur milliardaire d’Ineos, Jim Ratcliffe, qui a pris le contrôle des opérations footballistiques, souhaite investir dans l’infrastructure du club, et en particulier dans le développement d’un nouveau stade.

Attiq Qureshi estime cependant qu’Old Trafford est déjà « un des stades les mieux connectés d’Europe ». Les supporters et les employés de ManU peuvent compter sur un accès à Internet, même lorsque les 70 000 place sont occupées les jours de match.

Le club s’oriente également vers une billetterie numérique qui, bien que déjà dématérialisée, franchit une nouvelle étape en s’appuyant sur une application, le but étant de lutter contre la vente de billets à la sauvette.

Photo of Attiq Qureshi, chief digital information officer de Manchester United Football Club Attiq Qureshi,
CIO de
Manchester United

Pour le DSI, avec un nouveau stade, « le plus grand bond en avant sera probablement ce qui se passera dans le stade, car nous entrerons alors dans le domaine de l’automatisation et d’un smart stadium. Il y a beaucoup de choses qui seront un peu pareilles [qu’aujourd’hui], mais en plus grandes et en mieux, et au final cela pourrait être radicalement différent », anticipe-t-il.

« Beaucoup des plus grands stades du monde ont été conçus il y a une décennie, voire plus. Nous avons donc une réelle opportunité, qu’il s’agisse d’un réaménagement ou d’un nouveau stade, de prendre de l’avance ».

Si, sur le terrain, Man Utd est en compétition féroce avec ses rivaux, l’ambiance est plus à la collaboration entre les responsables IT des clubs.

« J’ai deux réseaux [professionnels]. Le premier est celui de la Premier League, qui a organisé des événements dans le [nouveau] stade de Tottenham Hotspur, et c’est tout simplement incroyable, il n’y a pas d’autre mot. Il y a même une brasserie sur place. Et puis il y a un plus petit réseau de clubs européens qui partagent les mêmes défis que nous. Nous faisons tous des choses très similaires : automatisation des données, efficacité, cybersécurité. Ces éléments sont importants pour nous tous », explique Attiq Qureshi.

Mais gagner reste un objectif omniprésent, qui sous-tend tout ce que fait l’équipe IT.

« Le football est notre objectif. Mais il faut beaucoup de choses pour y parvenir. Et il en faut encore plus pour gérer cette entreprise [...] et soutenir l’organisation [dans son ensemble] », explique-t-il.

« Lorsque vous travaillez dans des entreprises, vous avez l’occasion de mesurer vos résultats plusieurs fois par an, peut-être chaque trimestre – il peut s’agir d’une légère augmentation de la part de marché ou du chiffre d’affaires, ou encore du lancement d’un nouveau produit. Mais ici, vous vous évaluez en tant qu’organisation, quatre, cinq ou six fois par mois ».

Entretien réalisé par nos collègues anglais de TechTarget, groupe de presse propriétaire du MagIT.

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