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DAM et marketing digital : Salto mise sur une start-up française
Pour le lancement du « Netflix français », la co-entreprise TF1/France TV/M6 a fait le choix de se doter d’une solution de Digital Asset Management. Et elle a choisi celle du Français Perfect Memory. Le responsable du projet explique pourquoi.
Un Netflix à la française. Salto est issue d’une initiative commune du groupe TF1, de France Télévision et du Groupe M6. Mais la coentreprise est indépendante et dispose à ce titre de sa propre liberté de choix en matière de solutions techniques, que ce soit pour ses moyens éditoriaux que pour ses outils de gestion.
Ce service de SVOD (Subscription Video on Demand) français – concurrent de l’Américain Netflix – a fait le choix de confier sa plateforme de streaming à BedRock, un acteur spécialisé qui compte déjà 6Play parmi ses clients. En parallèle, Hugues Blondet, ancien responsable de la Préparation à la Diffusion du Groupe M6, a été chargé de la mise en place d’un DAM (Digital Asset Management) pour gérer tous les contenus numériques.
« Le marché de la SVOD n’est pas très ancien, comme les usages du DAM dans l’audiovisuel. Beaucoup de groupes de production fonctionnent encore avec des FTP. Mais pour nous, un DAM était absolument nécessaire pour l’efficacité de nos activités », explique-t-il.
Fort de son expérience dans le groupe M6 où il a été amené à travailler sur le MAM (Media Asset Management System), Hugues Blondet s’est tourné vers le prestataire Red Bee Media (ex Ericsson Broadcast and Media Services) afin de choisir le DAM le plus adapté aux besoins d’une entreprise en train de se créer. « La solution devait être évolutive, s’appuyer sur une vraie base de données, être en phase avec les technologies les plus modernes et surtout pouvoir évoluer à mesure que nos besoins progressaient et que nous allions structurer notre activité. »
Ce souci d’agilité a poussé le responsable à écarter certains DAM « historiques » dont l’approche a été jugée trop structurée, avec des métadonnées saisies manuellement et des fonctions d’analyse automatique d’image très limitées.
C’est finalement une start-up auvergnate qui retient l’attention de l’équipe projet. Perfect Memory propose un DAM déployable aussi bien on-premise que dans le cloud. « Nous souhaitions un éditeur de DAM qui avait une vision sur l’avenir. Pour nous, le grand atout de Perfect Memory était de disposer d’une plateforme DAM mature et conçue pour répondre aux attentes des documentalistes, mais aussi un outil agile qui exploite l’intelligence artificielle. »
Parmi les éléments de la plateforme qui ont séduit Hugues Blondet, la technologie sémantique de Perfect Memory permet de générer des liens automatiques entre les contenus et des moyens de tri intelligents – des outils que le responsable n’a pas retrouvés dans les solutions concurrentes.
Un projet mené tambour battant
Salto devait initialement ouvrir son service au premier trimestre 2020, mais la crise sanitaire est venue brouiller les cartes. Le lancement commercial n’a finalement eu lieu que le 20 octobre 2020. Mais dans ce laps de temps, le projet de déploiement de DAM a été mené à vive allure.
« Les premiers ateliers de travail relatifs au DAM ont été lancés fin juillet – début août, mais dès la fin du mois d’août nous pouvions commencer à travailler avec. Même Perfect Memory n’avait jamais vu un démarrage aussi rapide ! »
Le démarrage de Salto a été mené sur un mode « start-up » par moins de cinquante personnes, dont le DAM n’était bien évidemment pas la seule préoccupation, car il fallait avant tout lancer la plateforme de SVOD.
Hugues BlondetSalto
Néanmoins, le DAM est entré en production une semaine avant le lancement commercial de Salto. La situation a été plutôt compliquée dans cette phase de démarrage. Alors que les graphistes travaillaient d’arrache-pied pour le lancement en utilisant des partages FTP, ils ont dû charger en parallèle les éléments graphiques dans le DAM avant de pouvoir enfin basculer totalement sur ce dernier.
L’utilisation du DAM de Perfect Memory par Salto est exclusivement dédiée au marketing et à la communication de la chaîne. « Je suis passionné d’informatique depuis toujours, mais je ne suis pas un technicien et je n’ai jamais travaillé dans une DSI. Je ne suis pas un expert des technologies. La nuance est importante : je ne voulais pas d’un côté trop technique, mais nous appuyer sur une base technique solide pour pouvoir ensuite innover », raconte Hugues Blondet. « En un mois, nous avions la structure de DAM que j’attendais. Nous avons ensuite ajouté les briques qui ont pu alimenter notre créativité et faire les choses différemment. »
Un gros travail a été réalisé sur la gestion des droits sur les assets – les membres du studio graphique n’ayant pas les mêmes droits que ceux du service juridique ou encore des agences de communication externes.
Dans un premier temps, la stratégie a privilégié la rapidité de déploiement pour faire face à l’enjeu immédiat du lancement de la chaîne. Dans un deuxième temps, elle a été d’enrichir progressivement la plateforme de fonctions à plus haute valeur ajoutée.
« Pour le côté éditorial, il était extrêmement important de voir comment les gens allaient travailler avec l’outil. Des groupes de travail ont été menés – par visioconférence lors du confinement – pour connaître les desiderata de chacun et planifier les développements. »
Comme il n’était matériellement pas possible d’activer toutes les fonctions avancées du DAM dès le démarrage, les validations humaines ont été privilégiées aux validations automatiques. À l’avenir, Hugues Blondet souhaite cependant privilégier une approche hybride dans la gestion des contenus. « Allier une technologie de pointe à l’humain, c’est vraiment l’approche défendue par Perfect Memory qui nous a séduits. Nous voulons être tournés vers les technologies d’avenir tout en restant à l’écoute des gens qui montent les vidéos, du service juridique qui cherche des informations dans le DAM, etc. »
Premier bilan du déploiement : 20 000 assets stockés dans la DAM
Quelques mois auprès le lancement de Salto, tous les échanges de fichiers multimédias transitent désormais par le DAM. Environ 20 000 assets sont désormais stockés sur Perfect Memory.
Pour le responsable du DAM, s’appuyer sur une start-up française présentait de nombreux avantages, dont celui d’avoir un interlocuteur 100 % disponible. Un point important lors de la phase d’implémentation menée par sprints de deux semaines. « L’approche agile nous a permis de savoir où nous allions et d’avoir des retours très rapides de l’éditeur. Nous étions en pleine phase de lancement, il ne fallait pas que notre interlocuteur nous impose des délais de plusieurs mois pour chaque demande de développement. »
Hugues BlondetSalto
Pour le Netflix français, le DAM est avant tout un outil de marketing et de communication. En interne, il est maintenant utilisé au quotidien par « l’artwork » pour retravailler les images selon la charte graphique, ainsi que le studio de postproduction qui réalise les bandes-annonces des séries. Il l’est aussi par la « Social Room » qui doit avoir accès aux contenus graphiques pour les publier sur les réseaux sociaux. Et enfin par le studio graphique qui alimente le site Web de la chaîne.
Les fichiers des films et des séries, dont la chaîne achète les droits de diffusion auprès de leurs ayants droit, sont stockés directement sur la plateforme de Streaming BedRock. Mais tous les éléments promotionnels sont gérés dans le DAM.
Ces éléments sont redistribués aux différents acteurs en contact avec la chaîne comme la presse et les agences de communication (dont TBWA, l’agence chargée de la communication de Salto).
Une intégration informatique entre le DAM et la plateforme de SVOD est en cours de développement.
2021 : année de consolidation pour Salto
Pour Hugues Blondet, après une mise en production « express », 2021 s’annonce comme une année de consolidation. Et le DAM permet à la jeune co-entreprise de traverser les phases de confinement avec un peu plus de sérénité.
« Disposer d’un DAM qui fonctionne dans le navigateur, et non pas avec une application est idéal pour le télétravail. Parmi nos graphistes, nous avons un prestataire qui habite au Mexique. Il travaille la nuit, en décalage horaire avec nous. D’autres sont à Barcelone et bien sûr à Paris. Tout le monde peut travailler, où qu’il se trouve, et sans avoir à installer d’applicatifs spécialisés. »
Hugues Blondet milite à présent pour que le DAM soit utilisé par tous en interne. Il cherche aussi à promouvoir ses usages auprès de plus d’intervenants extérieurs. Salto compte actuellement une cinquantaine d’utilisateurs sur son DAM. Le responsable espère gonfler ce nombre aux alentours de soixante-dix avec ces accès extérieurs.