Crédit Mutuel Arkéa restructure son décisionnel sur Oracle
Deux ans après avoir fait le choix de la plateforme décisionnelle OBIEE d’Oracle, la banque livre les premières applications à ses utilisateurs. Gestion interne, réseau commercial et gestion du risque passent par Oracle, ce qui n’empêche pas la banque de faire quelques infidélités à l’éditeur pour son Big Data.
Comme beaucoup d’entreprises, la volonté de Crédit Mutuel Arkéa est de placer l’innovation au cœur de sa stratégie. Dans le cas de la banque régionale, le discours est étayé par les faits. En 1982, elle fut la première banque en ligne sur le Minitel. En 1995, la première banque en ligne sur Internet alors que seule une poignée de français avait un accès au Net à la maison.
Plus récemment, la banque a été la première à offrir une application sur iPhone et à développer une application Google Glass. Du côté du back-office, Arkéa innove aussi. Dès 2010, sa ferme Hadoop entrait en production. « Nous avons eu la chance d’avoir embauché une personne venant de Google », se félicite Marc Chéreau, directeur des études informatiques de Crédit Mutuel Arkéa. « Six mois après que Google a publié ses briques Hadoop, nous avions une ferme opérationnelle. »
Aujourd’hui, Arkéa extrait les données de son mainframe pour alimenter cette ferme Hadoop pour diverses applications d’analyses internes, mais aussi pour alimenter son site de banque en ligne. « Je pense que nous sommes la seule banque française à avoir une application opérationnelle Hadoop ouverte à nos clients. Chaque client a la possibilité de rechercher une opération dans 12 années de relevés. » Quelques 3 milliards de lignes de relevés de compte sont ainsi en ligne grâce à cette ferme.
Une plateforme décisionnelle unique pour toutes les filiales
Outre ces projets avancés, la DSI d’Arkéa a lancé en 2012 un grand projet de rationalisation d'informatique décisionnelle. La banque, qui compte 8 600 salariés, se compose de 3 réseaux bancaires principaux, mais aussi beaucoup de filiales. Certaines de ses marques, comme Suravenir ou Fortuneo sont connues du grand public, mais le groupe est présent sur de multiples marchés de la banque et de l’assurance (un autre secteur révolutionné par l'IT).
A la différence des grandes banques parisiennes, Arkéa veut concentrer son informatique sur quelques solutions communes, mises à disposition de l’ensemble des filiales et ne pas entretenir un Sicob de l’informatique dans son datacenter breton. « Nous sommes une banque régionale et on ne peut pas avoir toutes les solutions dans notre parc applicatif. En 2011, nous avons fait le choix de partir sur la solution Oracle OBIEE ».
On retrouve ce soucis d’efficacité et ce bon sens breton dans la conduite de projets de la DSI : « chez Arkéa, nous n’avons pas l’habitude de mener des grands projets informatiques sur 4, 5 ou 10 ans. Un projet sur 2 ans, c’est déjà beaucoup, chez nous. Donc le projet a été lancé en 2012 et en 2014, nous avons réalisé les livraisons sur 3 sujets. Le premier est à destination de notre réseau commercial, le second concerne notre pilotage du risque et enfin le troisième est lié à la gestion de la banque. »
Trois sujets pour le projet BI : le réseau commercial, le pilotage du risque et la gestion de la banque
Parmi les atouts de la plate-forme décisionnelle Oracle qui ont fait pencher la balance en faveur de la solution OBIEE plutôt que SAP BusinessObjects, sa capacité de montée en charge, avec potentiellement plusieurs centaines d’utilisateurs simultanés, ainsi que sa capacité d’intégration. « Nous avions le SI opérationnel avec des référentiels de données globaux pour l’ensemble du groupe. Nous voulions pouvoir démarrer le projet avec ces datamarts existants sans avoir à les redévelopper à nouveau. »
Arkéa s’appuie sur la brique d’intégration ODI (Oracle Data Integration) pour interfacer OBIEE à son existant, sans y apporter de modification. « Les applications décisionnelles ont deux solutions possibles pour accéder aux données : soit en attaquant directement le datamart, soit en passant par les cubes Essbase, ce qui est notamment le cas pour l'usage de la BI par le commercial. »
Cette application, baptisée SAFRAN, permet d’assurer le pilotage d’un réseau commercial qui compte 480 agences. Quelques 130 indicateurs ont été développés pour mesurer la performance commerciale de ces agences. « Un premier lot a été livré début 2014, un second à la fin de l’année. La population visée par cette application décisionnelle est de 4 000 personnes, ce qui voulait dire que l’outil doit pouvoir tenir au moins la charge de 200 personnes en simultané. Ce fut un critère de choix très important pour nous. »
Outre ce suivi de l’activité récurrente des agences, le SI décisionnel est fortement sollicité lors de ce que l’on appelle dans la banque les « temps forts », c’est-à-dire ses grandes campagnes publicitaires.
« Il y en a 3 ou 4 par an et les applications doivent être très rapidement développées car le marketing ou le commercial peuvent décider d’un lancement dans un délai inférieur à un mois. Si on prend l’exemple de notre campagne sur le PEL de ces quinze derniers jours, à partir du mois de février, le taux du PEL est passé de 2,5 à 2%. Il a fallu faire des mises à jour très rapidement. En 3 semaines, le groupe Arkéa a vendu l’équivalent d’un an et demi de PEL. » Le choix de s’appuyer sur des cubes permet aux équipes Business Intelligence de créer très rapidement les rapports pour assurer le suivi des campagnes.
La gestion de risque est devenue l’une des activités les plus importantes d’une banque
L’autre grand projet d’Arkéa relatif à son SI décisionnel portait sur le pilotage des risques. Depuis le durcissement des règlementations bancaires suite aux affaires Madoff et Lehmann Brothers, le pilotage du risque est devenu une des activités capitales pour toute banque. Sur ce plan, Arkéa devait raccourcir ses délais de consolidation de données et supprimer tout calcul manuel afin de remonter ses données plus rapidement auprès de l’ACPR, le superviseur bancaire.
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« Là aussi, l’idée c’est de n’avoir qu’un seul outil de pilotage du risque au siège et disponible pour l’ensemble des filiales », souligne Marc Chéreau. Ainsi, les utilisateurs, essentiellement des experts de la direction des risques et des filiales du groupe disposent d’indicateurs de risque homogènes, calculés mensuellement et « auditables » jusqu’à leur niveau le plus fin. « Les référentiels sont enrichis pour l’ensemble des entreprises de notre structure et l’outil répond aux besoins de la totalité des filières risques de la banque. In fine, nous devons pouvoir justifier le risque auprès des CAC et du superviseur bancaire, l’ACPR. C’est un outil structurel de la banque et c’est un point très délicat aujourd’hui traité avec OBIEE. »
Prochain chantier pour Marc Chéreau, la mise en place d’Oracle RTD (Real Time Decision), l’offre prédictive d’Oracle, dans les centres d’appel. Pour l’instant, la solution passe l’épreuve du proof-of concept à Brest.
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