alphaspirit - Fotolia
Consolis mise sur le béton connecté pour se réinventer
Consolis, un spécialiste du béton préfabriqué a fait appel au cabinet Eleven Strategy et à ForePaaS pour connecter ses produits.
Toutes les entreprises cherchent à se transformer. Il ne s’agit pas seulement de diminuer les coûts ou de s’assurer que les systèmes IT soient viables, mais d’adopter des solutions porteuses de nouveaux modèles économiques. Cette évidence demande tout de même une réflexion en profondeur et des compétences techniques qui ne sont pas répandues dans tous les secteurs d’activité.
Fondée au 18e siècle, Consolis est une entreprise spécialisée dans la construction d’éléments préfabriqués en béton depuis 1958. L’entreprise finlandaise conçoit des microstations d’épuration, des pièces de ponts, de tunnels, entre autres. Elle emploie 11 000 personnes sur 21 pays dans le monde. Le groupe acquis par Bain Capital en 2017 a généré 1,5 milliard de chiffre d’affaires en 2018. Consolis se considère comme le numéro 1 en Europe dans son secteur. Il a notamment fusionné en 2005 avec l’entreprise française Bonna Sabla.
Consolis cherchait à créer de nouveaux services pour améliorer ses produits très particuliers. Pour cela, elle fait appel au cabinet Eleven Strategy. La société, composée d’une cinquantaine de consultants répartis entre la France et le Royaume-Uni, aide ses clients à trouver les solutions techniques répondant à leurs besoins de transformation. Eleven a collaboré avec ForePaas, un éditeur français d’une plateforme en tant que service.
« Nous avons commencé à travailler avec Eleven il y a 5 ans », déclare François Vaillant, COO et co-fondateur de ForePaas. « Nous avons eu trois projets pour Total, puis d’autres clients. Les projets illustrent la complémentarité des projets de transformation numérique avec notre plateforme. Nous mettons à disposition des clients des outils complets, des alertes, des algorithmes, etc. basés sur de multiples sources de données », ajoute-t-il.
Une jungle de béton à administrer
Dans le cas présent, la plateforme permet de traiter les données en provenance de capteurs connectés. La première solution IoT consiste à couler dans le béton des étiquettes RFID afin de tracer les éléments sortant des usines de Consolis. « C’est une solution extrêmement fiable dans le temps par rapport à l’utilisation de code-barres », explique Steve Urien, partenaire consultant chez Eleven Strategy. De plus, le cabinet, à la demande du client, y a inclus la documentation numérisée. Le fabricant propose également un service de traçabilité à ses clients, qui permet de certifier un passage à un endroit donné.
Consolis est un fournisseur de voussoirs, des éléments qui servent à former la coque d’un tunnel, par exemple dans le cadre du développement du Grand Paris. Une pièce représente quelques dizaines de tonnes. Trois ou quatre unités peuvent être déplacées à l’aide d’un convoi exceptionnel. Selon, le consultant du cabinet Eleven, il en faut sept pour chaque 1,5 mètre de tunnel. Le flux continu de voussoirs à fournir demande de connaître l’état de la production, les quantités souhaitées, la date prévue de la livraison, etc. Par ailleurs, il est difficile d’en produire en avance, car cela coûte cher et la problématique de place dans les métropoles ne permet pas de les stocker. Ainsi, le fabricant veut suivre la production par rapport aux carnets de commandes et fournir cette information à ses clients.
L’IoT, une commodité et non une finalité
« Placer des capteurs dans du béton était un moyen plutôt qu’une finalité. Il s’agit avant tout de développer de nouveaux services à proposer aux clients de Consolis ou aux clients de ses clients. Une fois que nous avons trouvé le potentiel de valeur, il faut trouver le capteur », explique Stevan Urien.
Techniquement, ForePaaS se connecte à différentes sources de données via des API ou à des connecteurs comme ceux de Sigfox ou de LoRa pour interroger les capteurs équipés ou recevoir des alertes. La plateforme peut en principe se connecter aux terminaux, mais également aux éléments logiciels qui gravitent autour comme des systèmes de gestion de commandes. Elle agrège les données, appelle les algorithmes possiblement associés et s’occupe de la restitution vers outils de pilotage, de BI, à destination des clients ou à des clients de clients. Par exemple, un constructeur d’un réseau d’assainissement va utiliser la solution, pour s’adresser à des utilisateurs tels que les mairies.
Consolis adopte une solution plus complexe. La société intègre des capteurs de mesure de déformation associés à des algorithmes de prédiction. L’objectif est de prévoir la manière dont des pièces souvent inaccessibles vont évoluer dans le temps. Si la solution ne peut prévoir les catastrophes, elle peut aider à déterminer quand il faut remplacer un élément ou le renforcer. Pour l’instant, Consolis et ses partenaires ont déployé trois POC à l’échelle européenne. Un stade national en Hongrie, un viaduc, à Kampen, aux Pays-Bas et un bâtiment démonstrateur en Finlande sont dotés de ces capteurs de déformations.
Par exemple, le pont de Kampen, inauguré en janvier 2019, est construit à partir de 40 éléments préconçus en béton. D’une longueur de 20 mètres, l’ouvrage a été imaginé dans une logique d’économie circulaire. Les pièces devront être réutilisables dans 50 ans. Pour cela, chaque élément dispose d’une puce RFID et d’un capteur de déformations. La base de données associée contient des indications sur les matériaux utilisés, leur durabilité, et d’autres détails pour déterminer si certains morceaux pourront être utilisés dans la construction d’un autre ouvrage.
« Il est possible de faire des choses assez poussées en utilisant l’analyse d’harmonique sur des éléments techniques. Cela permet de voir si les composants non visibles sont toujours sains ou s’il y a un problème d’intégrité de la structure », déclare Stevan Urien.
« La faiblesse de coût des capteurs, de la connectivité, du stockage, du cloud et l’apport des plateformes à la mode ForePaaS permettent de réaliser des offres sans faire appel à des experts haut niveau. Cela rend les solutions beaucoup plus favorables pour se substituer à des outils déjà utilisés dans des cas extrêmes, puis de les généraliser à d’autres types de projets », assure François Vaillant.