Comment le camping Robinson a mis 2,5 hectares boisés en Wifi
Pariant sur l’attrait du Wifi gratuit et des serrures sans clé, le camping a déployé un maillage radio de 13 bornes, sans avoir à creuser de tranchées pour passer des câbles.
179 emplacements, dont 74 mobil-homes, sur 2,5 hectares. Telle est la surface que le camping Robinson à Marseillan, dans l’Héraut, est parvenu à couvrir en Wifi gratuit et en serrures connectées. Des avantages concurrentiels dont se targue le propriétaire Patrice Pichéry.
« Les autres campings de la région font payer le Wifi aux alentours de 20 € la semaine. Le proposer gratuitement nous permet notamment de séduire une clientèle de touristes étrangers qui n’ont pas accès à la 4G gratuite. Et je constate que ça marche ! Cette année, nous avons atteint le nombre de 620 clients connectés, dont 401 personnes qui téléchargeaient des données en même temps », raconte-t-il.
« Concernant les serrures connectées, il nous est apparu comme une évidence qu’elles contribueraient au confort de nos clients, car il n’y a rien de pire sur un camping que de passer son temps à perdre ses clés, le plus souvent dans le sable à la plage ou au fond de la piscine », ajoute-t-il.
Mais encore a-t-il fallu parvenir à relever le défi technologique de faire passer les ondes LoRa et Wifi sur un terrain dont la grande étendue et essentiellement boisée. C’est-à-dire où chaque arbre représente un obstacle à la fluidité des vidéos en streaming et des conversations audio Wifi.
Choisir un partenaire qui fabrique lui-même les bornes pour avoir une relation étroite
Prenant la succession en 2001 de ce camping familial créé en 1963, Patrice Pichéry a rapidement souhaité équiper son lieu de villégiature des technologies dernier cri. Il propose ainsi la connexion Internet dès que les accès se popularisent.
« Dès 2005, nous avions une borne à l’accueil sur laquelle les clients pouvaient venir se connecter pour accéder à Internet, mais il était excessivement frustrant de devoir se déplacer et d’attendre son tour. J’ai donc écumé les salons professionnels en quête d’une solution et c’est ainsi que j’ai rencontré l’opérateur local Osmozis », se souvient-il.
Osmozis ne fait pas qu’installer des bornes. Il les fabrique aussi, à partir des mêmes composants américains que l’on trouve dans les bornes de série des fournisseurs usuels et sous un système d’exploitation Open source qu’il personnalise. Il a même déposé des brevets européens sur ses équipements.
Une approche qui séduit immédiatement Patrice Pichéry, car il a le sentiment de pouvoir attendre de ce prestataire des solutions taillées sur mesure. C’est d’ailleurs ce qui se passera quelques années plus tard avec les Osmokey, le système de serrures sans clé qui naitra de la mise en relation – par Patrice Pichéry – entre Osmozis et un fabricant local de puces RFID.
« J’apprécie d’être considéré comme leur beta-testeur », se félicite Patrice Pichéry. « Cette collaboration est très importante, car placer des antennes Wifi au bon endroit nécessite une étude topologique poussée. Or, le développement de notre activité nous incite à revoir régulièrement la disposition des mobil-homes et des emplacements pour campeurs. Nous devons donc avoir une relation étroite avec le fournisseur d’antennes Wifi pour que ces réorganisations se fassent de manière coordonnée avec la technique. »
Déployer un réseau Wifi maillé plutôt que des liaisons Ethernet dans des tranchées
Les premières antennes Wifi seront déployées dès 2006. En treize ans, le parc d’antennes a connu quatre générations successives et plus encore de redéploiements. Selon Gérard Tremblay, le PDG d’Osmozis, il y a systématiquement deux défis à relever.
« Le premier défi n’est pas de couvrir une certaine zone, mais plutôt de remonter les signaux jusqu’aux bureaux de l’accueil où se trouvent les passerelles vers Internet », indique-t-il. A l’heure actuelle, le camping Robinson couvre tout son terrain grâce à 13 bornes Wifi 802.11ac de 15x15x6 cm montées à 4 mètres de hauteur, sur des poteaux ou des murs, bien moins mobiles que les arbres.
Creuser des tranchées au pied de chaque poteau et jusqu’à l’accueil pour rapatrier les communications des bornes via des câbles Ethernet est une possibilité qui a rapidement été écartée. « Trop cher » commentent en chœur Patrice Pichéry et Gérard Tremblay. A la place, le second propose de passer par un réseau sans fil maillé : outre une antenne de 50cm de haut pour arroser la zone environnante de Wifi en 2,4 GHz avec un débit total de 200 Mbits, chaque borne dispose de deux antennes en 5 GHz. Celles-ci servent à transporter, de proche en proche, les communications entre les bornes et l’accueil.
La première antenne, un carré de 20x20 cm, est omnidirectionnelle. Elle pointe sur la borne voisine la plus proche de l’accueil avec un débit de 1 Gbit/s. La seconde, une tige de 25cm de haut, est multidirectionnelle : elle permet de communiquer avec toutes les bornes alentour pour trouver un chemin alternatif jusqu’à l’accueil. Sa raison d’être est de parer à la saturation d’une borne, voire à une coupure inopinée de liaison.
« Pour trouver le meilleur endroit où installer des bornes, des ingénieurs d’Osmozis parcourent à chaque fois le terrain, équipés d’un ordinateur portable et d’une antenne qui analyse la qualité du signal. Un peu comme un compteur Geiger ! Ils commencent par disposer des bornes Wifi aux extrémités du camping, puis déterminent les emplacement intermédiaires », décrit Patrice Pichéry.
En cas de panne ou de plantage d’une borne, Patrice Pichéry la redémarre depuis l’accueil à l’aide des disjoncteurs électriques auquel tous les équipements du camping sont reliés. Le système d’Osmozis dispose néanmoins d’une fonction qui envoie un signal de redémarrage lorsqu’une borne ne répond plus.
Précisons toutefois que le camping Robinson s’est par ailleurs équipé d’un système de vidéosurveillance. En revanche, la bande passante nécessaire à ses 24 caméras étant trop élevée, il n’a eu d’autre choix que, cette fois-ci, creuser des tranchées pour les relier par câble au serveur central qui collecte leurs images.
Router les communications entre plusieurs bornes Wifi et des boxes ADSL
Le second défi est logiciel. Il faut en effet gérer le roaming, c’est-à-dire la bascule automatique et sans interruption des utilisateurs entre les bornes quand ils se déplacent sur le camping. Et il faut ainsi répartir la charge entre les boxes ADSL.
« A Marseillan, nous n’avons pas encore accès à la fibre. Pour bénéficier d’un débit suffisant au regard de la quantité de vacanciers que nous accueillons, je cumule donc deux abonnements ADSL, l’un en 18 Mbits/s chez Free et l’autre en 12 Mbits/s chez SFR, auxquels s’ajoute un abonnement 4G chez Free », indique Patrice Pichéry.
Ces fonctions de routage et de SD-WAN sont fournies par un serveur rack 1U redondant (donc deux fois 1U), là aussi spécialement mis au point par Osmozis.
Un réseau radio LoRa privé pour des serrures connectées
Ce serveur est aussi celui qui centralise les connexions LoRaWAN des serrures connectées, baptisées ici OsmoKeys et installées depuis 2018. LoraWAN est le protocole qui régit les messages brefs des objets connectés via la technologie radio LoRa. Cette dernière, qui fonctionne en basses fréquences, a le mérite de n’avoir besoin que d’une seule antenne pour couvrir tout un terrain boisé. Par ailleurs, en Lora, les objets connectés consomment très peu d’électricité et peuvent se contenter d’une petite batterie qui leur offre une autonomie de plusieurs mois, si ce n’est plusieurs années. Si les serrures avaient fonctionné en Wifi, il aurait fallu les relier au courant.
Au camping Robinson, chaque client se voit attribuer à son arrivée un bracelet contenant une puce RFID qui fait office de clé virtuelle. Depuis une application SaaS fournie par Osmozis, le camping programme la durée de validité de cette clé et lui attribue une serrure. Lorsque le bracelet est mis en contact avec la serrure, elle aussi équipée d’une puce RFID, celle-ci communique par ondes radio avec l’antenne LoRa du serveur. Celui-ci interroge la base en ligne et valide l’ouverture de la porte.
« 100 % des clients sont satisfaits par ce système et nous en avons aussi équipé tous les employés pour qu’ils accèdent aux différents locaux techniques : entretien, piscine, restaurants, etc. » témoigne Patrice Pichéry.
Une solution plug’n’play
Patrice Pichéry est comblé : « je m’occupe moi-même de l’informatique en plus de la gestion du camping. Et je me réjouis que les solutions de Wifi et de clés électroniques ne me prennent quasiment pas de temps à administrer. J’ai vraiment trouvé chez Osmozis une solution plug’n’play : je n’ai qu’à définir depuis ma console qui arrive et éventuellement redémarrer les bornes. Le reste fonctionne tout seul, j’ai même accès à des statistiques d’utilisation. »
Ces statistiques lui permettent d’affiner son modèle commercial. Du fait du succès du Wifi et de l’absence regrettable de fibre sur Marseillan, le camping Robinson limitera à l’avenir l’attribution d’un accès gratuit à deux personnes simultanément par emplacement. « Le système est déjà prévu pour : lorsque j’enregistre de nouveaux arrivants, il m’imprime automatiquement des codes d’accès personnels. Il me suffit de ne demander que l’impression de deux codes. »