Cloud hybride : une question d’équilibre pour Lithium Technologies
Pour Lithium Technologies, si Amazon Web Services (AWS) apporte à l’entreprise efficacité et facilité de déploiement, le recours à OpenStack en interne lui donne contrôle et agilité.
Si vous évoquez le Cloud public auprès des informaticiens du service IT, ils pensent immédiatement « économies ». Certes, le transfert de certaines applications vers AWS, Google ou Azure se traduit en économies ; mais le dieu dollar n’est pas toujours le facteur décisif, de la même manière que le choix du fournisseur ne dépend pas uniquement du coût.
L’an dernier, l’éditeur san-franciscain de logiciels sociaux Lithium Technologies a entamé la migration vers le Cloud public des applications destinées à ses clients. Après avoir envisagé plusieurs prestataires Cloud dont Google, Azure et Rackspace, la société a finalement choisi le fournisseur qu’elle connaissait le mieux, nous rapporte Justin Franks, ingénieur Cloud confirmé chez l’éditeur.
« Certains de nos ingénieurs connaissaient très bien AWS, il était donc logique de l’utiliser dans un premier temps » explique J. Franks.
Pour Lithium, il était plus facile de prendre appui sur AWS pour s’aventurer dans le monde du Cloud public, mais cette familiarité n’a pas évité un travail conséquent en amont. Les développeurs de Lithium ont dû contourner quelques problèmes de résilience applicative : il s’agissait de s’assurer que les applications fonctionneraient en environnement Cloud, avec des instances qui se lancent et s’arrêtent. Les équipes ont testé la résilience des services et leur conformité aux SLA que Lithium fournit à ses clients, ainsi qu’à toutes les conditions de sécurité associées.
La migration des nouvelles applications vers le Cloud s’est déroulée aisément : les développeurs les ont conçues du début à la fin pour tirer parti de l’infrastructure Cloud. « Les applications existantes seront récrites dans un autre environnement pour en assurer le fonctionnement dans le Cloud public, indique J. Franks. Nous devons les rendre plus résilientes et compatibles avec des technologies comme Consul et Chef. Elles vont nous demander un peu plus de travail. »
Au démarrage du projet de Cloud public, l’optimisation des coûts n’était pas vraiment la priorité des développeurs, remarque J. Franks. Maintenant que les applications fonctionnent, l’équipe IT réévalue le projet. Elle s’appuie sur des outils internes et tiers pour optimiser les coûts partout dans AWS.
« Les outils [de contrôle des coûts] inclus dans AWS se sont révélés insuffisants : l’analyse des machines virtuelles utilisées manque de profondeur » confie J. Franks.
Conscient du danger de s’enfermer dans une relation exclusive, J. Franks évite de recourir à plusieurs technologies d’un seul et même fournisseur. Le service IT de Lithium considère que les applications doivent être transférables vers d’autres prestataires Cloud dans un délai raisonnable.
« En cas de problème chez AWS, nous pourrions avoir à déployer les applications chez un autre prestataire Cloud » conclut J. Franks.
Trouver le bon compromis en matière de Cloud hybride
Malgré quelques contretemps au niveau de la résilience des applications et de l’optimisation des coûts, le passage au Cloud public a fait gagner Lithium en efficacité : les délais de développement ne se comptent plus en semaines mais en minutes. Et J. Franks prévoit des économies considérables en infrastructure.
En y mettant toutefois un bémol, car « en termes d’économies d’échelle, c’est une arme à double-tranchant.
A mesure que le nombre de serveurs augmente dans AWS, le coût unitaire risque de dépasser les dépenses d’investissement et d’exploitation de vos équipements dans un datacenter doté de votre propre Cloud privé. » Selon lui, la mise en place d’un Cloud privé marque le début des véritables économies.
OpenStack ne pardonne pas l’amateurisme, encore moins pour une utilisation en production
Justin Francks, Lithium Technologies
C’est le moment qu’a choisi Lithium pour construire son Cloud hybride, une combinaison de Cloud privé OpenStack et d’AWS à laquelle viennent s’ajouter d’autres fournisseurs de Cloud public. Quand la société aura passé ce cap, elle dépendra moins d’AWS et devrait dégager des économies considérables en exécutant ses logiciels sur OpenStack.
Lithium utilise OpenStack en production pour supporter la charge de travail des applications et services.
« Nous l’envisageons comme un remplacement de notre datacenter traditionnel avec, en plus, une couche de virtualisation et d’agilité sans recourir à VMware » explique J. Franks.
Mais la mise en production d’OpenStack s’est avérée plus difficile que le transfert ou la création d’applications dans AWS. Et les développeurs de Lithium connaissaient moins bien OpenStack qu’AWS. L’entreprise a donc fait appel à une aide extérieure.
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« Comme pour toute nouvelle technologie, il vaut mieux attendre un peu pour éviter d’essuyer les plâtres, mais pas trop pour acquérir un avantage concurrentiel » ajoute J. Franks, qui confie que Lithium a mené son projet « dans les règles de l’art ».
La société a donc testé OpenStack avec ses propres ressources afin de déterminer s’il valait mieux tout faire en interne ou faire appel à un tiers pour transférer les charges de travail du service de recherche et développement vers la production. C’est cette dernière solution qui a été retenue, le recours à des tiers et à des experts OpenStack.
« OpenStack ne pardonne pas l’amateurisme, encore moins pour une utilisation en production. C’est un assemblage complexe » constate J. Franks. Les développeurs de Lithium sont également en contact permanent avec d’autres entreprises qui utilisent OpenStack en développement, selon lui « un pourcentage infime ».
Et quid du recrutement d’experts OpenStack à l’avenir ? J. Franks a esquivé la question tout en indiquant que la société est toujours à l’affût de nouveaux talents.