Clarks met en place sa stratégie numérique
Clarks exerce le métier de fabricant de chaussures depuis 187 ans. Mais en accord avec son temps, le chausseur a entrepris de basculer vers une stratégie numérique, tant pour sa logistique que pour ses boutiques.
Clarks a beau exercer le métier de fabricant de chaussures depuis 187 ans, en accord avec son temps, le chausseur a entrepris de basculer vers une stratégie numérique, tant pour sa logistique que pour ses boutiques.
Dans le cadre d’un programme qui court jusqu’en 2025 et dont l’ambition est d’investir dans des technologies numériques adaptées, le groupe entend remplacer ses plates-formes historiques de e-commerce par un système global dans le cloud. Le chantier doit aboutir d’ici quelques semaines.
Clark est certes connu comme étant l’un des fleurons de la chaussure outre-Manche, mais il s’agit surtout d’une marque internationale. Le groupe s’attend à générer un chiffre d’affaires de 1,6 Md£ cette année, pour 128 millions de profits. Clarks mène actuellement un plan sur 5 ans pour poursuivre sa croissance dans le e-commerce.
Si la plate-forme historique de e-commerce de la société a été maintes fois primée, explique David Grant, directeur de la stratégie et de l’infrastructure chez Clarks, le temps est venu de consolider les sites Web aujourd’hui en silo dans le monde et d’utiliser la solution Hybris de SAP.
Actuellement, le fabricant dispose de 23 sites Web dans la zone Asie-Pacifique, hébergés sur différentes plates-formes. Plusieurs systèmes se trouvent encore au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Mais à partir d’octobre, Clarks compte démarrer avec sa nouvelle plate-forme Pangea. Autre chantier, toujours dans le cadre de cette stratégie 2025, la plate-forme CRM du groupe, composée aujourd’hui de 14 systèmes, devrait subir une cure d’amaigrissement et être consolidée en un unique système mondial. Cette réduction du parc applicatif est l'une des priorités de Grant. « Je dispose de quelque 240 applications, et un audit vient juste d’être réalisé pour essayer de comprendre cela », précise-t-il à l’occasion d’un événement qui réunissait des clients SAP la semaine dernière. « Mon ambition est de réduire cela de 50% d’ici les 5 prochaines années. »
Visibilité sur les stocks
Clarks investit également dans une plate-forme capable de lui donner une visibilité en temps réel de ses stocks. Actuellement, le fabricant dispose certes d’une certaine visibilité dans ses magasins, mais pour le reste de sa chaîne logistique, celle-ci n’est calculée que sur un rythme quotidien voire hebdomadaire. « Cela n’est pas suffisant, lance-t-il. Nous travaillons avec SAP et quelques fournisseurs pour avoir accès à une cartographie en quasi- temps réel des stocks, y compris au niveau de la sortie d’usine d’un article aux ventes en gros et via les franchises. »
Même si le projet doit aboutir l’année prochaine, Grant explique que la difficulté principale réside dans le volume des données. « Non seulement la quantité de données, mais aussi dans les modifications opérées, comme lorsque les clients modifient leurs commandes, ou qu’une nouvelle gamme de chaussures apparait au catalogue. S’adapter aux places de marché modernes exerce une forte pression sur ces systèmes », commente-t-il.
Boutiques concept et cloud
Toutefois, Clarks a déjà franchi quelques étapes dans sa stratégie d’investissement numérique. Il a mis en place plusieurs « concept stores » (magasins conceptuels) qui lui ont permis de mener des expérimentations technologiques. A Exeter, par exemple, la boutique et les vendeurs ont été équipés d’iPad avec WiFi.
Grant raconte d’ailleurs que lorsqu’il a dû expliquer au Conseil d’administration de Clarks que ce projet serait mis en place en trois mois, tout le monde semblait choqué. « Mais nous avons réussi », se rappelle-t-il. « Avec le Cloud, au lieu de passer 3 à 6 mois à bricoler dans les datacenters pour essayer d’installer ses serveur et de les rendre fonctionnels, nous pouvons utiliser Azure et mettre en place les mêmes fonctions. »
Une mentalité « Fail Fast »
Chez Clarks, soutient Grant, une mentalité de « Fail Fast » (qui consiste à accélérer la mise en place de projets technologiques en rebondissant sur les échecs, tout en gardant une dynamique vers l’avant) a été adoptée en matière de stratégie numérique. Ce qui a permis aux 240 équipes IT dans monde de tester plusieurs choses en même temps. « Lorsque nous avons mis cela en place, nous avons multiplié les essais, qui n’ont pas toujours été concluants, mais nous pouvons le faire vraiment rapidement, ajuster les projets et avancer », poursuit-il.
Signalétiques numériques, miroirs virtuels et tables interactives sont quelques réalisations, nées avec de cette méthode « Fail Fast », qui n’ont finalement pas abouti. Mais au lieu de les oublier, Grant les a seulement retirées de ses priorités pour le moment pour avancer et passer à un autre test. En revanche, une des réussites de cette approche : le déploiement d’iPad auprès des vendeurs, capables de mesurer la longueur du pied – ils sont également équipés d’un autre appareil, connecté à l’iPad, pour mesurer cette fois-ci la largeur du pied. Cela fonctionne bien auprès des enfants, car des animations peuvent s’afficher sur le terminal pour les occuper pendant que le processus se poursuit, explique Grant.
Les iPad ont été déployés dans 700 boutiques. Selon lui, le choix d’Apple est lié à la simplicité d’utilisation. Mais en raison du coût, Clarks est également à la recherche d’alternatives. « Cela coûte 600 £ par tablette. Avec des technologies comme Android, cela pourrait descendre à 60 £. Mais si on le décline au niveau mondial, cela va-t-il fonctionner ? » Grant reconnait également qu’avec une autre application, l’expérience ne sera pas aussi fluide et facile qu’avec iOS. « Clarks essaie de mettre en avant l’expérience client. Si la société opte pour un terminal un peu ‘cheap’, quel message envoyons-nous ? »
Du WiFi dans les boutiques
Les iPad ont également la possibilité d’envoyer des messages aux stocks pour trouver la bonne taille et le style de chaussures souhaité par le client. Mais cette fonctionnalité n’est opérationnelle que dans les concept stores, car cela nécessite de la connectivité. « Nous avons été un peu lent à déployer le WiFi dans les boutiques », souligne Grant, qui rappelle qu’ici tout est question d’avoir le bon prix pour un déploiement complet. Près de 25% des boutiques sont équipés en WiFi et Grant recherche des fournisseurs spécifiques.
Paiements mobiles
Clarks espère également doter les iPads de fonctions liées au paiement mobile afin que les clients n’aient plus à faire la queue pour payer leurs chaussures après les avoir essayées. Encore une fois, cela est possible dans les concept stores. Grant compte bien déployer cela dans le reste du réseau dans les mois à venir.
Un appel d’offre a été lancé pour analyser le marché et Grant assure que le paiement va devenir l’un des plus gros enjeux de la société. « Nous voulons investir dans les bons systèmes POS, mais il se peut que nous soyons forcés d’investir dans des systèmes legacy. Ce que nous ne souhaitons vraiment pas car leur durée de vie risque de ne s’étendre que sur les 7 prochaines années. »
Impression 3D
Les technologies numériques tendant à se multiplier dans le retail, Clarks, ainsi que d’autres acteurs du secteur, doivent prendre des décisions clés en termes d’investissements. Grant évoque l’impression 3D comme une des technologies qui peut révolutionner le marché. Jimmy Choo, un autre fabricant de chaussures haut de gamme, a déjà expérimenté l’impression 3D et Clarks a également testé la technologie. Mais Grant pense que cela deviendra vraiment intéressant lorsque le concept entrera dans les usines. «Des entreprises comme Adidas, Nike ou nous-même nous battons pour optimiser les coûts logistiques et de fabrication. Il existe une différence entre imprimer en 3D une chaussure et robotiser les opérations pour optimiser tous les coûts de main d’œuvre. L’idée est de maintenir les marges sur un marché de plus en plus concurrentiel. »
Traduit et adapté par la rédaction