Carrefour passe progressivement ses machines virtuelles dans le cloud de Google
Partenaire de longue date de Google, Carrefour a préféré passer directement ses machines VMware sur GCP. En attendant d’en décommissionner certaines, et de containériser les nouvelles applications.
Depuis 2020, Carrefour a développé une stratégie move to cloud, qui court jusqu’à 2026. « Notre problématique est que nous avons des systèmes hétérogènes, et pour une bonne partie assez anciens. Pour migrer toutes ces applications dans le cloud, nous avons opté pour un mouvement “lift and shift” d’applications sans les toucher et sans les rendre cloud native, mais en les déplaçant simplement d’un serveur physique à un serveur virtuel », résume Damien Cazenave, CTO et CISO de Carrefour.
Le choix de VMware, de Google Cloud VMware Engine (GCVE), était un choix de simplicité pour l’enseigne de distribution afin de migrer dans le cloud ses applications VMware on premise, avant d’éventuellement redévelopper les applications et les rendre cloud native.
Damien CazenaveCTO et CISO, Carrefour
Carrefour a ainsi constaté qu’il lui reviendrait moins cher de garder les applicatifs existants en l’état que de les redévelopper. On parle là de près d’un millier d’applications. « Les nouvelles applications que l’on va développer seront cloud native avec les technologies de containérisation, mais pour les logiciels déjà en place depuis des dizaines d’années, il est plus simple pour nous de les basculer tels quels dans le cloud, afin de réduire nos coûts d’infrastructure et d’exploitation, et améliorer la disponibilité par rapport à un hébergement classique on premise », prévoit Damien Cazenave.
Des applicatifs qui resteront on premise
Une relation forte avec Google a été signée il y a quelques années, même si Carrefour travaille avec les autres clouds providers que sont Microsoft Azure et Oracle Cloud pour les bases de données Oracle. « Il était logique d’aller sur Google, compte tenu de notre partenariat, et le choix technologique entrepris. Google nous aide beaucoup dans notre transformation digitale, notamment sur des cas d’usages orientés magasins, clients, etc. », justifie Damien Cazenave.
Actuellement, 57 % des applications ont migré dans le cloud, avec une cible de 100 %. D’anciens logiciels seront décommissionnés (ou intégrés comme fonctionnalités dans des applications au spectre plus large) d’ici 2027. De plus, certains outils techniques ne peuvent pas être portés dans le cloud et vont rester on premise. Le projet s’étalant sur les 5 prochaines années, Carrefour migre ses applications progressivement. La précipitation est par ailleurs évitée afin de profiter d’éventuelles nouvelles offres d’éditeurs tiers.
Économie et flexibilité
La raison principale de ce « lift and shift » est l’économie. Mais la flexibilité du cloud en matière de ressources et stabilité du système a également joué. « Nous avions plusieurs datacenters à maintenir en propre, ou en sous-traitance, ce qui demande pas mal d’énergie humaine, notamment lorsqu’il faut étendre un datacenter. La facilité de gestion du cloud est un autre argument », indique Damien Cazenave.
Reste que sur le long terme, le cloud n’est pas forcément moins cher : « nous sommes plutôt en avance sur la partie FinOPS, c’est à dire l’adaptation des ressources cloud pour qu’elles ne consomment que ce qui est strictement nécessaire », explique Damien Cazenave. Les machines sont éteintes la nuit, font de l’autoscaling en fonction des requêtes qu’on leur envoie. Une équipe forme les exploitants pour rester au plus près du besoin de puissance en CPU et uptime. À une échelle comme celle de Carrefour, c’est en millions d’euros que se compte ce que perdrait Carrefour sans cette équipe.
Aujourd’hui, 9 000 serveurs tournent chez Carrefour – dont 57 % dans le cloud de Google, donc. Auparavant Carrefour exploitait 6 datacenters. Les nouvelles machines virtuelles sont hébergées dans des datacenters de Google situés en Europe, pour des raisons de proximité.
Azure pour le commerce
Damien CazenaveCTO et CISO, Carrefour
Les applications liées aux promotions et à la sécurité fonctionnent sur GCP – avec notamment Workspace, depuis 2017, pour le groupe au niveau mondial, pour des questions de coûts et surtout pour les fonctions collaboratives. Mais Carrefour ne s’enferme donc pas avec Google : la partie commerce fonctionne sur Azure.
Pour celle-ci, la Covid a été un accélérateur, pour le drive, la livraison à domicile et le drive piéton en particulier. Aujourd’hui, le e-commerce fait l’objet de forts développements, pour livrer plus vite, notamment. « Nous avons eu l’impression de rendre plus de services qu’avant, et la livraison et le drive ont été de gros accélérateurs », relève Damien Cazenave.