CargoSmart lance une blockchain avec CMA CGM pour fluidifier le transport de produits dangereux
Baptisé Global Shipping Business Network, ce registre distribué est quasiment opérationnel. Ce concurrent de l'initiative d'IBM et de Maersk s'appuie sur Hyperledger et sur le cloud d'Oracle.
Neuf transporteurs maritimes et exploitants de terminaux ont signé une déclaration d'intention pour former un consortium dont le but sera de concevoir une plateforme numérique « ouverte » fondée sur la technologie de registre distribué (DLT). Cette blockchain privée, puisque c'est de cela qu'il s'agit, est baptisée Global Shipping Business Network (GSBN).
Parmi ses participants figurent des grands noms du secteur. On y retrouve les transporteurs maritimes CMA CGM, COSCO SHIPPING Lines, Evergreen Marine, OOCL et Yang Ming ; et les exploitants de terminaux DP World, Hutchison Ports, PSA International Pte Ltd et Shanghai International Port.
Techniquement, le réseau blockchain sera piloté par l'éditeur hongkongais de solutions logicielles dédiées à ce secteur CargoSmart. L'entreprise est également à l'origine du consortium qui s'annonce comme un concurrent de celui d'IBM et de Maersk.
Une blockchain pour fluidifier les démarches sur les matières dangereuses
Tout comme celle d'IBM, cette blockchain vise à connecter toutes les parties prenantes du transport maritime : transporteurs, exploitants de terminaux, douanes, expéditeurs et prestataires de services logistiques.
« L'industrie du transport maritime de conteneurs est souvent caractérisée par des processus disparates qui se déroulent à la fois dans les domaines physique et numérique. Les entreprises se tournent de plus en plus vers la technologie pour résoudre des procédures de gestion des expéditions en silo et les lacunes en matière d'information », analyse le communiqué officiel de SmartCargo.
Les membres du consortium ont accepté de collaborer autour de cette initiative commune pour faciliter le partage des documents et rendre plus transparentes les données à toutes les étapes du cycle de vie de l'expédition.
« GSBN fournit la base pour de nouvelles applications qui peuvent transformer le flux de documentation afin de gérer les expéditions », résume CargoSmart.
La première application prévue permettra aux expéditeurs de numériser et d'organiser les documents relatifs au transport de marchandises dangereuses. La blockchain devrait automatiser le partage de l'information et son évolution au fil de l'acheminement entre les parties concernées - ce qui, in fine, devrait simplifier le processus d'approbation.
Un délai d'approbation divisé par quatre avec la blockchain
« Pour les marchandises normales, il faut en moyenne deux heures aux expéditeurs pour obtenir une confirmation sur l'espace ou le trajet souhaité d'une cargaison. Une fois qu'ils ont fait la réservation et dit : "J'ai besoin de deux à quatre heures pour ce transporteur. D'accord. Confirmer", ils peuvent procéder à l'expédition le jour même. Pour les marchandises dangereuses, il faut en moyenne trois à quatre jours. Et parfois jusqu'à une semaine », explique Lionel Louie, directeur commercial de CargoSmart, dans une interview accordée au MagIT lors de l'OpenWorld 2018 à San Francisco en octobre, où il a beaucoup été question de blockchain.
« Donc au final, beaucoup d'expéditeurs font plusieurs réservations en même temps. Ils se disent : "pour atténuer mon risque - et être sûr d'expédier vers ce samedi - je réserverai le samedi, mais aussi le vendredi et le dimanche pour m'assurer d'être couvert". Et dès qu'une date confirmée, ils annulent les autres ».
« Cela cause beaucoup de problèmes : du côté du transporteur et de l'expéditeur, mais aussi pour les transitaires et les ports. Ce pourrait être un petit problème, mais cela en a créé un gros en raison des longs délais et processus », a-t-il ajouté.
Cette blockchain, basée sur Hyperledger et le service Blockchain as a Service d'Oracle Cloud, devrait accélérer le mouvement et permettre de recevoir des confirmations « dans les 24 heures ».
Des documents officiels stockés hors blockchain
SmartCargo stocke également une version de chaque document.
« Il serait trop coûteux et trop lent de mettre des documents entiers dans la blockchain », tranche Lionel Louie. « Ce que nous faisons, c'est mettre le hasch et le lien vers le document dans le registre. Donc si quelqu'un a besoin de se référer à cette information - et de demander "quelle est sa source ?" - il le sait ».
Cette méthode n'est pas sans évoquer celle également utilisée en France par Docapost.
L'application et le registre Global Shipping Business Network devraient être entièrement disponibles et en production dans le courant du mois.