Capgemini retenu pour le marché interministériel de support des logiciels libres
Annonce de poids sur Solutions Linux 2012. Alter Way, Capgemini et Zenika ont remporté le marché interministériel de support des logiciels libres qui vise à assurer la maintenance de quelque 350 logiciels libres recensés dans une quinzaine de ministères français. Afin de mutualiser les coûts et les tickets, un dispositif à bons de commandes a été mis en place.
En ouverture de l’une des plus importantes manifestations autour de l’Open Source en France, Solutions Linux, le logiciel libre fait l'objet d'un gros contrat dans les ministères français. Capgemini et Alter-Way, accompagnés de la société Zenika, ont été retenus par la Disic (Direction interministérielle des systèmes d'information et de communication) pour assurer le support des logiciels libres d’une quinzaine de ministères en France. Porté par le ministère de l’Intérieur - l’un des moteurs de l’usage de l’Open Source dans l’administration française, et le Service des Achats de l’Etat (SEA), ce contrat cadre, tant pour l’éco-système Open Source en France que pour l’usage du Libre, porte sur une durée de trois ans, renouvelable un an.
Ce marché, évalué à «plusieurs millions d’euros», comme nous l’indique Véronique Torner, co-présidente d'Alter Way, un spécialiste du support Open Source en France, porte sur le support de quelque 350 logiciels Open Source, couvrant l’ensemble du spectre fonctionnel et toutes les couches du SI. Il porte sur le distributions Linux, comme Debian, Ubuntu et CentOS, les outils de gestion de contenus, la bureautique (OpenOffice et LibreOffice), l’ERP, la supervision réseau, l’infrastructure, les bases de données, les outils de développements et le poste de travail...pour n’en citer que certains. Seule la maintenance applicative et corrective (corrections de bug et patches de sécurité) est couverte par ce contrat Le développement de nouvelles fonctionnalités et la formation donneront lieu à un prochain appel d’offres.
Alter Way et Capgemini en sont les co-traitants et Zenika, bien connu dans le développement Java - et, par ailleurs, organisateur de la conférence What’s Next - est sous-traitant. Alter-Way prendra notamment en charge les composants PHP et infrastructure, affirme Véronique Torner. Le groupement fera également appel à d’autres sous-traitants, en fonction de l’expertise souhaitée sur des technologies de niche. Ceux-ci proposeront notamment un support de niveau 3. Alter Way devrait dédier un noyau dur de 10 personnes à la gestion du contrat. Au total «une vingtaine de personnes devraient être mobilisées, mais pas toutes à temps plein (selon leurs sujets d’expertise)».
Un support jusqu’alors absent
A la demande du Service des Achats de l’Etat (SEA), qui a notamment travaillé ferme à fédérer les administrations autour de cet accord cadre, une quinzaine de ministères ont pu y participer. A l’exception du ministères des Finances (Bercy), qui a passé, en début d’année, son propre appel d’offres concernant le support des logiciels libres (sur lequel Alter Way s’est également positionné).
Logiquement, pour les ministères, ce marché s’inscrit dans un souci de mutualisation des prestations de support, avec pour objectif principal de réduire les coûts. Mais pas uniquement. Car jusqu’alors les ministères français se passaient de support pour les logiciels libres, nous confie une source anonyme, évoquant toutefois un marché conclu avec Bull, il y a environ 8 ans, mais qui avait échoué. Un dommage collatéral de cette absence de support formel a ainsi été le délaissement des logiciels libres. «Faute de support, les chefs de projets, n’optaient alors pas pour l’Open Source et se rabattaient sur des solutions propriétaires très coûteuses (Oracle à la place de PostGreSQL par exemple).» Ce projet de support constitue donc une nécessité.
Un dispositif de guichet unique basé sur la dégressivité
Restait donc à mettre en place un mécanisme qui favoriserait à la fois la mutualisation des prestations et la baisse des coûts. Pour accompagner cette mutualisation, la notion de dégressivité a été incorporée à l’accord. Si par exemple, un ministère commande seul un logiciel (Unité de services logiciels - une USL correspond à un logiciel dans 3 versions majeures), il la paie 100% du prix. Un taux de 30% de remise est appliqué si deux ministères commandent la même USL. 45% pour 3 ministères. Le taux monte jusqu’à 60% si cinq ministères s’engagent sur une même application.
A chaque USL pourront être associés 6 contacts nommés, en fait les contacts dans les ministères qui seront habilités à joindre le support chez les prestataires. Un de ces 6 contacts nommés aura pour charge de fédérer les demandes de tickets, afin d’éviter les prestations de maintenance portant sur le même bug, par exemple. Il supervisera donc les autres contacts nommés. Une forme de marché «à bons de commandes» qui demande une solide gouvernance, explique Véronique Torner, indiquant travailler actuellement à un portail « pour créer une relation avec tous les ministères et fluidifier les processus».
Ce marché « plein de promesses» servira de galop d’essai au groupement Capgemini / Alter Way / Zenika pour attaquer plus fortement le marché du support, y compris dans le secteur privé, conclut-elle.