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ArcelorMittal dépoussière la sidérurgie avec la 5G
Pour faciliter la mobilité et l’autonomie dans ses sites, l’industriel met en œuvre un vaste projet de 5G industrielle privée.
Le projet 5G Steel est un projet de réseau 5G industriel mené entre autres par ArcelorMittal, Orange Business Services (OBS) et Ericsson. Il démarre en 4G LTE en attendant que les équipements 5G soient tous réellement disponibles et que toutes leurs fonctions soient standardisées.
« En 5G, il y a un certain nombre de promesses qui sont faites sur le slicing, la latence, sur la capacité à pouvoir piloter toutes ces fonctionnalités par logiciel de façon dynamique. Toutes ces fonctionnalités vont arriver au plus tôt vers 2024 », estime François Desse, Directeur de la transformation digitale d’ArcelorMittal France Nord.
Compte tenu du périmètre industriel, la problématique est d’utiliser ces technologies dans des environnements outdoor où se côtoient les hauts fourneaux, et les laminoirs avec des masses métalliques lourdes. Le projet 5G Steel va couvrir 100 km², ce qui correspond aux sites de Dunkerque et de Florange.
Mobilité des produits et des hommes
Ce sont des périmètres très étendus dans lesquels l’industriel transporte ses produits et a besoin de les suivre, tout comme il a besoin d’être en contact permanent avec les hommes sur le terrain, même lorsque ceux-ci se déplacent. Or aujourd’hui ArcelorMittal n’a pas de moyens de communiquer sans fil de manière fiable, le WiFi ne convenant pas pour les 200 km de voies ferrées internes à Dunkerque par exemple, ou dans l’est de la France.
ArcelorMittal doit suivre à la fois ses produits et ses véhicules dans ses usines, travaillant en flux tendu. Le consortium 5G Steel est associé aussi avec le grand port maritime de Dunkerque qui jouxte les installations du métallurgiste, et qui collabore dans la réalisation d’un certain nombre de processus.
Un réseau 5G privé
François DesseDirecteur de la transformation digitale d’ArcelorMittal France Nord
ArcelorMittal se charge lui-même de l’installation des pylônes. De fait, il s’agit d’un réseau privé industriel qui ne sera pas employé pour les communications grand public. Par contre, des partenaires, comme la Communauté urbaine de Dunkerque, pourront l’utiliser pour des problématiques de digitalisation des entreprises ou d’automatisation.
Question technologie, « Nous avons pris la bande de 2,6 GHz, car c’est la seule bande réservée pour les réseaux privés. Pour avoir certaines fonctionnalités 5G, nous avons aussi fait une demande pour la bande des 3,5 GHz. Il existe aussi des démonstrateurs dans les 26 GHz, ce qu’on appelle des bandes millimétriques qui ne portent pas très loin, mais débitent beaucoup d’informations. Aujourd’hui dans notre situation, nous n’avons pas besoin de cette bande », précise François Desse.
Le projet est désormais abouti, ArcelorMittal sait où il placera ses antennes et combien, avec une première mise en service au deuxième trimestre 2022 sur le périmètre de Dunkerque. Il s’agira de vérifier ce qu’apporte effectivement la 5G avant de l’étendre aux sites de l’est de la France. La faible latence et la capacité à faire du slicing dynamique sont des fonctions très attendues de la 5G.
Souveraineté et sécurité
La latence est capitale pour faire rouler des véhicules autonomes – ArcelorMittal possède plusieurs kilomètres de routes privées sur ses sites de Dunkerque et en Lorraine – et des trains autonomes, par exemple pour changer la direction des aiguillages. Ceci est d’autant plus important à Dunkerque où des trains remplis d’acier liquide circulent entre les hauts fourneaux et l’aciérie ; ce qui nécessite un contrôle en temps réel. Le slicing est la capacité de découper la bande de fréquence en canaux virtuels avec des niveaux de services différents (débit, latence, sécurité des données, IoT…).
Le choix d’Ericsson et d’OBS s’est fait essentiellement pour des questions de souveraineté. L’industriel travaillait déjà avec OBS en matière de sécurité et OBS collabore avec Ericsson. Les commandes ont été lancées aux équipementiers. La cybersécurité fait l’objet d’une attention particulière, tant sur la partie industrielle (aciérie et hauts fourneaux, sachant que Dunkerque est un site Seveso), que sur le cœur de réseau.