L’affaire Broadcom VMware : le guide pour comprendre

Introduction

C’est l’affaire qui occupe le milieu des solutions d’infrastructure depuis le début de l’année 2024 : VMware, le puissant numéro 1 des logiciels de virtualisation sur lesquels reposent la majorité des datacenters privés, a été racheté par Broadcom. Et celui-ci a totalement chamboulé l’approche commerciale à laquelle avaient adhéré plus de 100 000 entreprises dans le monde, dont les plus grandes banques, certaines depuis plus de quinze ans.

Exit la boîte à outils de 3 000 produits dans laquelle on pouvait puiser pour acheter des systèmes serveurs, stockage, réseau, de cybersécurité, de supervision ou encore de postes distants, au gré de déploiements personnalisés aux petits oignons.

Exit la possibilité de faire durer trois, cinq, voire sept ans, le produit acheté, avant d’évaluer l’opportunité d’en racheter un plus moderne. Chez VMware, ou chez l’un de ses concurrents.

Exit les ristournes négociées avec un revendeur de proximité qui package l’offre avec des licences Microsoft et une solution de sauvegarde.

Désormais, les entreprises doivent s’abonner au catalogue complet. Plus exactement, pour un tarif mensuel calculé au nombre de processeurs, les entreprises ont le droit de déployer sur leur datacenter VMware vSphere Foundation (VVF) pour leur propre usage, ou VMware Cloud Foundation (VCF) si elles comptent revendre des ressources virtuelles à leurs propres clients.

Dans la manière de faire de Broadcom, il y a eu chez les clients et partenaires de VMware ce sentiment de douche froide. Un sentiment d’autant plus partagé que Broadcom s’était précédemment illustré par des rachats – CA en 2018, Symantec en 2019 – qui ont laissé l’impression d’avoir vampirisé des acteurs majeurs du marché dans le seul but de générer de gros profits sur le très court terme.

De fait, des clients qui n’utilisaient que la virtualisation des serveurs (ESXi) et n’avaient que faire de celles du réseau (NSX-T) ou du stockage (vSAN), ont dit avoir calculé que cette nouvelle politique commerciale leur coûterait jusqu’à 10 fois plus cher. Évidemment, les concurrents historiques de VMware, principalement Red Hat et Nutanix, ont sauté sur ces calculs pour promouvoir leurs solutions au titre de bouée de secours. 

Pourtant. Après un semestre d’échanges incendiaires dans les médias et sur les réseaux sociaux, VMware constate n’avoir perdu aucun client. Et il avance même de nouveaux calculs selon lesquels les augmentations de tarifs ne seraient finalement que symboliques. En tenant compte de toutes les économies générées par ailleurs grâce au bundle de tous les outils. Et aussi parce que VMware Cloud Foundation a entretemps vu son tarif réduit d’un tiers.

L’un dans l’autre, il faut bien reconnaître que si Dell s’était séparé de sa filiale VMware en 2021, ouvrant la voie à son rachat, c’est bien parce que le modèle économique qui était alors le sien ne fonctionnait plus. Il y avait aussi un problème technologique : l’assemblage d’infrastructures virtuelles dans les datacenters était sur le point d’être ringardisé par la containerisation des applications. Notamment grâce à la montée en puissance de Kubernetes.

Entre la fin des années 2010 et le tout début des années 2020, les analystes prédisaient que les entreprises allaient toutes abandonner leurs datacenters au profit d’infrastructures louées à la demande dans les clouds publics AWS (Amazon), Azure (Microsoft) et GCP (Google). Pour y parvenir, elles devaient néanmoins réécrire toutes leurs applications en mode « web natif », c’est-à-dire au format container. VMware, avec sa clientèle de datacenters privés et son expertise en virtualisation, était condamné à disparaître.

Sauf que le scénario prédit par les analystes ne s’est pas produit. Le cloud public s’est avéré bien plus cher que prévu. Et bien trop problématique au regard des questions de souveraineté. Quant à la containerisation des applications existantes, elle est in fine trop difficile à faire.

Le contexte du rachat de VMware par Broadcom est celui d’un retour des entreprises à leurs datacenters, ou, plus exactement, leur choix de cantonner leur IT à des clouds privés, montés localement par des prestataires souverains. Parce que, entretemps, les entreprises ont tout de même apprécié la facilité d’un cloud où chaque fonction est activable d’un clic, sans avoir besoin de rapiécer des briques technologiques au fur et à mesure. Or, c’est exactement ce que propose VMware Cloud Foundation.

Ce guide donne toutes les clés pour comprendre ce contexte.

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