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Tout savoir sur les évolutions à venir de Windows
Comment Microsoft va-t-il faire évoluer Windows pour améliorer la productivité des professionnels ? Comment va-t-il apporter plus de flexibilité aux développeurs ? Et rendre l’OS plus ouvert ? Réponses dans cette analyse de l’avenir de l’OS (encore et toujours) le plus populaire du monde.
Les données financières de Microsoft sont riches d’enseignements. Si Azure continue à croître, de même que les recettes tirées du cloud, Windows et Office restent au cœur des revenus de l’éditeur.
Les noms des produits et les business models ont beau avoir changé, la firme de Redmond s’appuie toujours sur ces deux piliers.
Office peut être devenu un service sur abonnement et s’appeler Microsoft 365. Et Windows, que ce soit sur le poste de travail ou sur serveur, est désormais rythmé par des éditions bisannuelles et plus par une version majeure qui rebattait les cartes tous les trois ans. Mais ils restent Office et Windows.
À la suite des événements Build, Inspire et Ignite de Microsoft en 2020, il est intéressant de faire un point sur la forme et la direction que prend Windows pour sa version poste de travail, utilisée par un milliard de personnes dans le monde.
En effet, si aujourd’hui la transition vers le cloud est sans nul doute la tendance générale, les applications cloud ont quand même besoin de PC (et de téléphones) pour fournir leurs services aux utilisateurs. Et malgré la prédominance des smartphones, un grand nombre de ces utilisateurs ont toujours Windows sur un PC.
Windows 10 et Windows 10X
Il semblerait que Microsoft s’apprête à livrer non pas une mise à jour majeure en 2021, mais deux. La première, Windows 10X, est une version allégée de Windows pour les nouveaux matériels, tandis que la seconde est une actualisation de l’interface utilisateur de Windows 10, attendue depuis longtemps, intégrant des éléments déjà testés sur la Xbox.
À l’origine, Windows 10X était annoncé pour la Surface Neo à deux écrans, dont la sortie a été retardée. Il faisait partie d’un projet à long terme visant à séparer l’expérience utilisateur du système d’exploitation sous-jacent (avec une version équipant déjà HoloLens 2 et une autre prévue pour une future mise à jour du Surface Hub). Aujourd’hui, il est destiné à des PC bon marché, qui devraient concurrencer les Chromebooks de Google.
Axé sur les applications du Windows Store et les applications Web progressives (PWA, Progressive Web App), il ciblera certainement les usages éducatifs et domestiques plutôt que les entreprises. Mais il pourra quand même intéresser ces dernières.
Avec une expérience utilisateur radicalement différente, semblable à celle d’une tablette, et tournant sur du matériel bon marché, Windows 10X devrait favoriser l’adoption de MSIX, un format de package d’applications de Microsoft. Conçu pour fonctionner aussi bien avec les SDK pour Win32 et WinRT, le format MSIX permet de séparer la couche de personnalisation des applications. Les entreprises peuvent ainsi préconfigurer des applications rapidement, tout en supportant des technologies modernes qui évoluent tout aussi promptement. Chaque nouvelle build livrée peut être associée à un ensemble de personnalisations prêt à l’emploi, ce qui accélère les déploiements et permet aux collaborateurs métiers d’accéder aux correctifs le plus rapidement possible.
Cycle continu
En parallèle, le Windows 10 classique (pour PC et laptops plus traditionnels) devrait poursuivre son cycle de deux versions par an : une version importante au printemps suivie d’une version mineure de type Long-Term Support (LTS) à l’automne.
Si l’on en croit la rumeur, une mise à jour majeure de l’interface utilisateur au second semestre pourrait venir modifier la cadence de publication, avec une première mise à jour mineure au printemps et une mise à jour majeure plus tard dans l’année, mais toujours selon le même modèle de support qu’à l’heure actuelle.
L’aspect visuel de Windows 10X et de la future mise à jour attendue de Windows 10 repose sur le principe appelé « Fluent Design », dont on peut apercevoir les prémices avec les icônes redessinées des applications Windows 10 et les modifications du menu Démarrer et de la barre des tâches, apparues dans les dernières versions.
Le système Fluent Design prend en charge les effets de transparence Acrylique de Microsoft, ainsi que des contrôles améliorés et plus cohérents. La refonte esthétique qui en découle devrait concerner la majeure partie, voire la totalité de Windows, avec le remplacement des anciens panneaux de configuration et boîtes de dialogues, et le transfert dans l’application Paramètres d’un grand nombre des outils intégrés de Windows.
Développement d’applications « modernes »
Le développement d’applications reste au cœur de la stratégie de Microsoft, que ce soit pour des applications de bureau, sur mobile ou des applis Web. Sur le poste de travail, le langage Fluent Design reste essentiel pour l’aspect et la prise en main des applications Windows.
En même temps, Microsoft réalise (enfin) la fusion de ses plateformes .NET. L’éditeur rebaptise son framework open source .NET Core en .NET 5 (et non en .NET Core 4). Et il utilise les bibliothèques .NET Standard pour fournir des API qui simplifient le portage de code vers la nouvelle plateforme. Si certaines fonctionnalités .NET ne sont pas directement prises en charge dans la nouvelle mouture, des versions communautaires de nombreuses API manquantes sont en cours de développement pour aider à migrer les anciens codes.
Bien que .NET 5 soit disponible sous Windows, macOS et Linux, sa prise en charge des interfaces ne concerne que Windows et les applis Web. Cela signifie que les développeurs devront se tourner vers des technologies comme Xamarin Forms pour des applications cross-OS.
L’une des avancées les plus importantes est la séparation des contrôles des UI des divers SDK Windows dans le package WinUI 3. Ce qui fait qu’il est possible de publier de nouveaux contrôles au fur et à mesure qu’ils sont développés ou mis à jour, et comme ils sont empaquetés avec le code, une modification dans une application ne se répercutera pas sur une autre. WinUI 3 fonctionne sur toutes les plateformes parallèlement à .NET Maui, le modèle d’interface d’applications multi-plateformes aussi adopté par Xamarin et par plusieurs autres outils .NET.
Les applications Web auront aussi accès à WinUI par le biais de la boîte à outils du projet Uno pour le client Blazor de Microsoft, qui compile et exécute les applications .NET dans le navigateur.
L’implémentation WinUI d’Uno fonctionne avec du code .NET exécuté sur macOS et sur Linux, de sorte que les développeurs Windows pourront écrire des applications .NET aux graphiques modernes exécutables dans pratiquement n’importe quel environnement.
Microsoft est parfaitement conscient que ses utilisateurs peuvent être n’importe où, sur n’importe quel type d’appareil. Office s’exécute à présent sur Android et iOS, tirant parti des fonctionnalités les plus récentes, telles que les widgets d’iOS 14 et les nouveaux claviers des iPads.
Il est donc désormais possible d’utiliser ces deux OS mobiles sans quitter l’écosystème Microsoft : faire des recherches avec Bing dans Edge, utiliser la messagerie Outlook et se servir d’outils comme OneNote et toute la suite Office.
Apple et Android
Si l’environnement relativement cloisonné d’Apple empêche Microsoft de proposer une expérience utilisateur de bout en bout, ce n’est pas le cas sur Android, où Microsoft Launcher met en avant les services utilisateur de Microsoft (dont Microsoft 365).
Il existe même un partenariat avec Google pour améliorer la prise en charge des appareils multiécrans sous Android, dans le cadre du projet Surface Duo.
Microsoft incorpore la prise en charge des écrans multiples et pliables dans sa boîte à outils cross-plateformes Xamarin, grâce à des contrôles qui s’adaptent pour fonctionner avec différents formats d’écran.
Les technologies comme WinUI et Xamarin sont des éléments clés d’un autre projet majeur, Project Reunion. S’appuyant sur la dissociation entre les composants de l’interface utilisateur et les SDK Windows, Project Reunion vise à carrément découpler Windows du SDK Windows, ce qui permettrait de le proposer indépendamment du système d’exploitation (OS).
Les composants et les contrôles seront mis à disposition par le biais de NuGet. Reunion prévoit à terme de fusionner les API Win32 et WinRT, offrant une solution commune pour concevoir et déployer du code qui s’exécute dans Windows et qui permette d’importer d’anciennes applications dans des installations Windows actuelles, sans les remanier de fond en comble.
Grâce à des outils comme Visual Studio Code et Windows Subsystem for Linux (WSL), Windows redevient attractif pour les développeurs. L’OS bénéficie aussi de machines comme le Surface Book 15 pouces avec son GPU Nvidia intégré. La possibilité de développer plus facilement des applications Windows devrait inciter encore plus de développeurs à porter leur code sur Windows.
Dans une version future de Windows, WSL prendra en charge le GPU, permettant à des outils populaires de machine learning de créer et développer de nouveaux modèles, exportables ensuite au format ONNX pour être utilisés dans la plateforme et les applications d’inférence WinML de Windows.
Par ailleurs, les annonces récentes du programme App Assure de Microsoft dénotent une implication croissante vis-à-vis des processeurs ARM pour faire tourner Windows sur des appareils portables plus légers et à la consommation électrique moindre.
Microsoft propose désormais son aide à toute entreprise qui souhaite faire migrer ses applications vers sa plateforme Windows pour ARM.
Sur ce sujet, une mise à jour de sa tablette Surface Pro X permet d’en améliorer les performances, et Windows devrait bientôt ajouter l’émulation des applications Intel 64 bits à sa prise en charge actuelle sur ARM du code Intel 32 bits.
L’équipe chargée des outils de développement a amélioré la prise en charge d’ARM64 dans .NET et le compilateur C++ de Visual Studio, facilitant ainsi les développements aussi bien pour Intel que pour ARM sans aucune modification de code.
Productivité et gestion depuis le cloud
Le passage d’Office à un service par abonnement hébergé dans le cloud était une étape logique. En revanche, la bonne surprise est que la combinaison d’Office et de SharePoint a donné naissance à Microsoft Graph, un ensemble d’API et de services qui permettent aux utilisateurs de tirer un bien meilleur parti de leurs contenus et de leurs données au lieu de simplement les déposer dans un espace de partage de fichiers.
Si les APIs Graph sont un framework puissant d’automatisation et d’extension d’Office, l’introduction du machine learning dans le projet Cortex et dans son premier produit, SharePoint Syntex, transforme les contenus en une véritable base de connaissances requêtable.
Depuis qu’Office est fourni sur abonnement, les outils sont régulièrement mis à jour (comme un générateur de CV à base de machine learning qui exploite les données issues de LinkedIn). Microsoft publie une feuille de route des fonctionnalités prévues et, compte tenu de l’essor du télétravail, commence à déployer de nouvelles options de collaboration ainsi qu’une intégration encore plus poussée avec Teams.
L’utilisation de SharePoint comme base des services cloud d’Office, associée au stockage cloud de OneDrive intégré à Windows, a également permis de sortir rapidement de nouvelles applications utilisateurs dans Microsoft 365. Windows Forms, Lists et To Do sont basés sur Graph et, dans de nombreux cas, transforment des fonctionnalités qui faisaient autrefois partie de SharePoint en applications et API faciles à utiliser.
Un autre composant essentiel de Microsoft 365 est et restera la sécurité. Microsoft Defender Advanced Threat Protection (ATP) permet par exemple d’analyser le comportement du système et du réseau, en faisant appel au machine learning pour détecter toute activité anormale. Microsoft ajoute régulièrement des fonctionnalités, notamment une version Android qui est sortie récemment.
Les utilisateurs avant tout
Si, au début des années 2000, Microsoft avait un peu perdu de vue ses utilisateurs, les choses ont changé. L’éditeur analyse les données de télémétrie remontées de Windows et d’Office pour guider sa stratégie, se recentrer sur les utilisateurs, déployer de nouveaux services Microsoft 365 basés sur Microsoft Graph - le tout en sortant deux mises à jour majeures de Windows 10 par an.
Ce mouvement se reflète dans ses outils de développement, avec l’unification du projet Reunion et l’évolution radicale du framework .NET.