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Stockage en cloud hybride : où mettre quelles données ?
Cet article fait le point sur les stratégies de stockage en cloud hybride. Quels sont les avantages de stocker en cloud ou sur site ? Quelles charges de travail fonctionnent mieux dans un endroit ou l’autre ?
Pour les entreprises qui souhaitent étendre leur stratégie de stockage, le cloud public est un point de départ qui peut apporter des gains rapides. Après tout, la technologie du cloud est facile à déployer, ne nécessite que peu (ou pas) de dépenses d’investissement et peut évoluer rapidement avec l’entreprise pour stocker davantage de données, en particulier des données non structurées.
Le cabinet Gartner prévoit que les entreprises devront stocker trois fois plus de données non structurées en 2026 qu’en 2023. Dans le même temps, un tiers des budgets d’infrastructure et d’exploitation est consacré à l’informatique en cloud.
Mais la demande de stockage augmente dans tous les types d’infrastructure : dans l’infrastructure en cloud public et privé, au siège, dans les succursales, sur les lieux de production. En pratique, une grande partie des investissements dans le stockage est hybride. Nous examinons ici comment développer une stratégie pour décider de la meilleure façon de stocker les données de l’entreprise.
Quels sont les avantages du stockage en cloud ?
Les principaux avantages du stockage en cloud sont bien documentés et comprennent la flexibilité et la capacité d’évoluer, ainsi que l’absence de lourd investissement au départ d’un projet.
Le stockage en cloud n’est pas non plus une option de second ordre en ce qui concerne les performances. Les trois grands hyperscalers et d’autres offrent, en option, des vitesses de lecture, d’écriture et des IOPS parmi les plus élevées. L’informatique en cloud permet également aux entreprises de déplacer des données entre différents niveaux de stockage, afin d’optimiser les combinaisons de performances, de capacités et de coûts en fonction de l’évolution des charges de travail.
L’informatique en cloud est le principal moyen de déployer du stockage objet, ce qui permet à un seul entrepôt de données de servir plusieurs applications. Pour les applications basées sur le cloud, telles que l’analyse avancée et l’intelligence artificielle, il est judicieux de placer les données à proximité des unités de traitement.
À cela, les DSI pourraient ajouter la réduction des frais de gestion de l’infrastructure – notamment en supprimant la nécessité d’exploiter des centres de données – et la rapidité de déploiement. L’idée selon laquelle « pour le cloud, il suffit d’une carte de crédit » est exagérée. Mais l’approvisionnement, l’achat et l’installation du matériel prennent du temps et peuvent facilement ajouter six à dix-huit mois à un projet d’infrastructure.
Quels sont les avantages du stockage de données sur site ?
Le stockage sur site présente néanmoins certains avantages. Les premiers d’entre eux sont la conformité réglementaire et la sécurité. Bien que la sécurité du stockage en cloud soit aujourd’hui satisfaisante, certains secteurs d’activité et certaines entreprises préfèrent encore le contrôle total qu’offrent les actifs physiques locaux. Les systèmes sur site permettent également d’éviter les questions relatives à la souveraineté des données.
Kausik ChaudhuriDirecteur innovation, Lemongrass
« Le stockage des données sur site, ou stockage local, présente des avantages tels que le contrôle direct de la sécurité et de la confidentialité des données, des vitesses d’accès plus rapides et le contrôle physique du stockage », explique Kausik Chaudhuri, directeur de l’innovation chez Lemongrass, un fournisseur de services spécialisé dans les implémentations SAP.
En ce qui concerne les performances, le matériel sur site sera généralement plus performant que l’informatique en cloud pour une charge de travail donnée. Les entreprises ont des années, voire des décennies, d’expérience dans l’ajustement de leur stockage et de leur calcul pour qu’ils fonctionnent ensemble.
Et bien que le stockage Flash haute performance soit une option aussi bien sur site qu’en cloud, la connectivité des réseaux étendus ajoute toujours de la latence. Même lorsqu’une faible latence n’est pas essentielle, les performances sont plus prévisibles sur site.
La facturation de l’informatique en cloud est un vrai problème. Les entreprises sont souvent douées pour mettre en place de nouvelles capacités, mais elles le sont moins pour réduire ce qui n’est plus nécessaire afin de minimiser leurs coûts mensuels.
Cette situation, ainsi que les frais de sortie (ceux liés au téléchargement ou au rapatriement des données), peut rendre l’informatique en cloud plus coûteuse qu’il n’y paraît à première vue. Les coûts de stockage local, même avec la dépréciation et la maintenance, seront plus prévisibles, et les entreprises ayant déjà investi dans des baies de stockage, il est donc logique de les exploiter au maximum.
Quelles données pour le cloud ? Quelles données sur site ?
Il n’existe pas de règle fixe pour déterminer quelles données vont dans le cloud et lesquelles restent sur site. Les équipes de gestion des données informatiques auront leurs propres critères, notamment les coûts et la capacité de stockage sur site, le contrat conclu avec un fournisseur de services en cloud, ainsi que les considérations relatives à la sécurité et à la réglementation.
Pour les entreprises qui n’ont pas de politique, une bonne façon de commencer est d’examiner comment une charge de travail utilise ses données. Une charge de travail critique en matière de latence dans les domaines de l’ingénierie, de la fabrication ou de la finance n’aura pas les mêmes besoins que des dossiers de clients conservés à long terme. Les premiers sont plus susceptibles de convenir à un stockage Flash local, les seconds à des options d’objets en cloud à grande échelle.
Si une application a besoin d’un accès rapide et à faible latence aux données, il est logique de maintenir le stockage et le calcul à proximité. Toutefois, il peut s’agir d’un stockage local ou d’un stockage en cloud. Tout dépend de l’endroit où réside l’application.
Les sources de données sont un autre élément important à prendre en compte. Les systèmes très instrumentés qui ingèrent fréquemment des données – comme dans la fabrication – tirent bénéfice d’un stockage local ou dans un datacenter de proximité. Si les utilisateurs sont répartis géographiquement, ou si les données sont capturées directement auprès des consommateurs, le stockage en cloud peut être optimal, en particulier le stockage en mode objet avec son espace de noms unique et global.
Tout projet d’infrastructure de stockage devrait idéalement commencer par un exercice de découverte et de catalogage des données.
À quoi ressemble une stratégie de stockage en cloud hybride ?
La stratégie de stockage de données idéale est celle qui répond aux exigences de l’entreprise en matière de données, qui s’intègre à ses applications actuelles et à sa feuille de route applicative, et qui répond aux exigences financières et opérationnelles.
Il s’agit notamment du coût, y compris les frais de gestion et autres frais opérationnels, et de la capacité d’évolution. Des facteurs tels que la résilience et la continuité des activités jouent également un rôle. Pour ces raisons, la plupart des entreprises optent pour une approche hybride.
Gartner, par exemple, pense que 60 % des entreprises mettront en œuvre des déploiements de fichiers en cloud hybride d’ici à 2026, ce qui représente une augmentation significative par rapport aux 20 % qui l’ont fait en 2023.
Cependant, il n’existe pas de définition unique du stockage hybride. Il peut inclure une infrastructure multicloud ainsi que des volumes de stockage locaux et dans le cloud. Les entreprises qui possèdent des données sensibles ou de grande valeur voudront également envisager des options de cloud privé.
Dans sa forme la plus simple, le stockage hybride devrait permettre aux entreprises de conserver leurs données localement ou dans des clouds privés ou publics, les applications pouvant accéder aux données, quel que soit leur emplacement. Une structure de données est un élément clé de cette approche, de même qu’une bonne compréhension des applications qui utilisent des ensembles de données et de la manière dont les informations circulent au sein de l’entreprise.
Les entreprises doivent travailler avec des fournisseurs qui prennent en charge le stockage hybride. La plupart d’entre eux le font aujourd’hui, mais la solution la plus simple consiste généralement à ajouter de la capacité dans le cloud pour soutenir l’architecture sur site. Il peut s’agir d’ajouter des fonctionnalités telles que l’archivage, la capacité de stockage en rafale ou les sauvegardes en cloud.
Il est moins courant de travailler en amont du cloud pour ajouter du stockage sur site, bien que cela soit possible grâce à une technologie telle que AWS Outposts.
Quoi qu’il en soit, la meilleure stratégie de stockage est celle qui exploite les avantages des plateformes en cloud et locales, mais aussi celle qui permet de modifier la destination des données en fonction de l’évolution de l’entreprise..