Salesforce : voyage dans les PaaS
Le numéro 1 mondial du CRM a construit ses outils de développement comme sa gamme SaaS : à coup de rachats. Résultat, son offre PaaS est pléthorique et (toujours) en chantier d'unification.
L'histoire de Salesforce dans le PaaS commence avec Apex, ce langage de programmation propriétaire, proche de Java, que l'éditeur a mis à disposition des développeurs de ses clients pour construire des extensions et personnaliser son CRM.
Apex a été suivi de VisualForce. VisualForce est un outil de création de pages Web pour concevoir des interfaces utilisateur « plus conviviales ».
En 2007, pour unifier ces deux outils, Salesforce dévoilait Force.com.
Dans les années suivantes, plusieurs plateformes se sont ajoutées à cet embryon de PaaS : Appforce, Siteforce, VMforce, Chatter et ISVforce.
Salesforce décidait en 2010 de plonger dans le monde de l'open source en rachetant Heroku (alors la plateforme majeure pour Ruby on Rails). La même année, Salesforce tentait à nouveau d'unifier son PaaS en lançant Force.com 2.
Puis ce fut l'avènement des smartphones. Au fur et à mesure que les « apps » mobiles devenaient populaires en milieu B2B, Salesforce a cherché à rendre ses outils de développement plus attrayants, plus efficaces, plus intuitifs et plus adaptés aux smartphones. Il lança alors Salesforce1, en 2013 « la plate-forme de développement mobile »... qui ne se cantonnait pas au mobile.
Dans le même temps, et une fois encore, Salesforce affirmait que son « nouveau PaaS » rassemblerait tous ses outils de développement existant sur une seule plate-forme totalement unifiée.
Puis vinrent Lightning - pour concevoir des interfaces utilisateur avant de devenir de manière plus ambitieuse « le successeur de Force.com » et un PaaS à part entière - Analytics Cloud (alias Wave) et Thunder (iPaaS, « integration platform as a service », outil d'orchestration, moteur de règles) présenté initialement comme une brique pour projets IoT avant que n'arrive IoT Cloud.
Salesforce.com n'allait pas s'arrêter là. En plus de ces plateformes maison à la présentation souvent changeante, l'éditeur ajoutait d'autres PaaS à son arc avec les couches de développement de deux rachats : celle de Related IQ - devenue SalesforceIQ (son offre CRM pour TPE/PME sur le point d'être remplacée par Essentials) et celle de ExactTarget (devenu Marketing Cloud), baptisée Fuel.
En 2015, Salesforce lançait alors AppCloud, quatrième tentative d'unification, annoncée comme « la prochaine version de la plate-forme Salesforce1 Platform ». Le mot « Platform » est important car dans le même temps, la marque Salesforce1 s'appliquait à une App et devenait l'application mobile de l'éditeur (« Salesforce1 est l'application de Salesforce en version mobile développée sur la plateforme AppCloud », nous confirme Guillaume Aurine de Salesforce France, qui nous a aidé à nous y retrouver dans ce foisonnement).
A l’été 2018, Salesforce mettait la main sur MuleSoft et lançait dans la foulée un autre PaaS (un iPaaS) : Integration PaaS.
Devant des analystes, début 2016, et comme le rapporte Jeff Kaplan de THINK Strategies, les dirigeants de l'éditeur admettaient en toute franchise qu'à mesure que le portefeuille de produits de Salesforce s'élargissait, il devenait « de moins en moins réaliste d'avoir une plate-forme unique pour développer et héberger toutes les applications de nos clients et de nos partenaires ».
Il n'en reste pas moins que le Graal de Salesforce reste de limiter la prolifération de PaaS et de rassembler le plus possible tous ces éléments en une architecture unifiée, avec une interface unique, ergonomique et intuitive.
Bref, les choses avancent mais le but n'est pas encore atteint.
Cet article (initialement publié dans le magazine Applications et Données) est la première partie d'un dossier en deux volets. Le deuxième fera le tour d'horizon des 8 PaaS de Salesforce.