Qu’est-ce qu’Anaplan ?
Anaplan est une solution SaaS de reporting et de planification budgétaire « cross-services ». Fondée en 2009 par un ancien d’IBM, l’outil est né du constat que les offres historiques, qui avaient plus de 20 ans, n’étaient pas assez agiles et trop complexes à utiliser par les métiers.
Le lancement commercial d’Anaplan date de 2011. Sept ans plus tard, la société fondée en Angleterre réalise un chiffre d’affaires de 120 millions de dollars avec une croissance de 50% par an.
La start-up est présente dans 14 pays, dont la France où elle vient de nommer un ancien de SAP, Brice Faure, comme Regional Vice President en charge du pays. Logique si l’on considère que Anaplan est un concurrent cloud de SAP BusinessObjects Planning & Consolidation.
Anaplan se positionne également face à des offres d’Oracle (Hyperion Planning) ou d’IBM (TM1/Cognos).
« La plupart de ces produits sont des agrégats issus de rachats, ils sont intégrés de manière imparfaite », affirme Michael Gould, créateur et CTO d’Anaplan. « Ils ne sont pas unifiés et manque de cohérence ». Le passage au cloud n’aurait, d’après lui, pas arrangé la situation.
La start-up – qui n’en est plus vraiment une – aime à dire qu’elle est en train de faire dans la planification ce qu’a fait Salesforce dans le CRM ou Workday dans le HCM. Salesforce est d’ailleurs un des investisseurs d’Anaplan, qui a levé à ce jour 300 millions de dollars.
Parmi ses 800 clients dans 40 pays, Anaplan compte United Airlines, l’aéroport de Gatwick, Salesforce, Kellogg, HP ou Accor Hôtel.
Anaplan emploie 800 personnes dans le monde
Anaplan en France
En France, Anaplan emploie 15 personnes et revendique une centaine de clients.
Ce marché est important pour l’éditeur. « Anaplan y est souvent testé sur un projet particulier puis étendu lorsque le client voit que ça marche. Le but pour moi est d’augmenter le panier moyen des grands comptes », explique Brice Faure.
Pour le Midmarket, l’ex de SAP passera par de partenaires « triés sur le volet ».
Sa cible est clairement les PME à forte croissance et/ou dont le développement passe par l’international. Dans les deux cas, des profils d’entreprises qui ont besoin de réactivité.
Des grands groupes comme Schneider Electrics, AXA, LVMH ou des PME comme la Maison du Chocolat, Onduline (fabricant de tuiles), CWD (fabricant de selles de luxe) et Blablacar utilisent à date Anaplan pour leurs planifications.
Que fait Anaplan ?
La plateforme d’Anaplan se connecte aux applications métiers (ERP, CRM, SIRH, BI, SCM, etc.) pour donner une vision globale et granulaire des opérations (reporting) et pour simuler l’impact des décisions sur les opérations concrètes (planification).
« Anaplan va au-delà des systèmes traditionnels de BI et de pilotage de la performance d’entreprise (EPM). Certes, les données concernant le passé procurent une visibilité utile, mais les managers sont rapidement amenés à se demander comment aborder l’avenir. À l’aide du moteur de modélisation et de calcul d’Anaplan, ils peuvent évaluer l’impact de multiples options avant de choisir celle qui répond le mieux à leurs besoins », résume l’éditeur.
Développé depuis une feuille blanche, ce qui a permis de tout reprendre depuis la couche la plus basse (baptisée Hyperblock), la plateforme utilisent des données qui vont jusqu’au niveau transactionnel (produits, magasins, employés, etc.) pour planifier et suivre les exécutions opérationnelles des plans et les ajuster si besoin. « La relocalisation d’une usine par exemple a des implications nombreuses et croisées que nous pouvons modéliser », illustre Brice Faure.
Anaplan permet de contrôler les droits d’accès et de moduler ainsi la diffusion des indicateurs et les plans en fonction des rôles des utilisateurs dans l’entreprise.
Michael Gould, Anaplan
En centralisant les données de multiples services et outils dans une base unique, Anaplan souligne qu’il met fin à la douloureuse étape de la réconciliation des projections. « Dans un comité d’administration, chacun vient avec sa planification qui a été faite dans son coin. Lors de la réunion, il faut réconcilier tous ces projets », diagnostique Brice Faure. « Avec Anaplan, le consensus peut se construire en direct, lors de la réunion, en jouant avec les hypothèses ».
Dernier point revendiqué par l’éditeur, l’UI et la prise en main se veulent plus simples que dans les outils « sur site ». Plus exactement, elles ont été conçues pour être familières aux utilisateurs d’Excel. Le tableur est en effet l’outil de base des métiers que cible d’Anaplan. Ce qui explique que la plateforme se présente souvent comme un « Excel Killer ». Même si Anaplan en est souvent complémentaire.
« Notre objectif est de remplacer la glue qu’est aujourd’hui Excel entre les services d’une entreprise », confirme Michael Gould.
Sous le capot
Anaplan possède trois centres de R&D à York, San Francisco et Londres.
Anaplan a développé pendant cinq ans l’architecture de sa plateforme cloud (Hyperblock). Elle repose d’une part sur un moteur de calcul et de modélisation, et d’autre part sur une base de données en colonne « In-Memory » - les deux entièrement faits maison.
La société opère ses propres centres de données en partenariat avec Equinix. Elle utilise en revanche Amazon Web Services pour son Disaster Recovery.
Deux de ses datacenters se trouvent aux Etats-Unis. Le troisième est à Amsterdam. Un deuxième centre de données européen est prévu à Francfort.
« On étudie le Cloud Public [NDR : Google et AWS] pour le débordement de charge et pour appuyer notre croissance », explique le CTO.
Anaplan a par ailleurs passé un partenariat avec Google dans le domaine de l’AI et du Machine Learning autour de TensorFlow pour passer du « projectif » (évaluation d’hypothèses) au « prescriptif » (proposition d’hypothèse).
Côté intégration de données, Anaplan assume le choix de passer par des ETL tiers, ceux des leaders du marché : Informatica, MulesSoft, SnapLogic et Dell Boomi.
Ce choix, explique le CTO, vient du fait qu’Anaplan est par définition à la croisée des applications. Pour s’interfacer en natif avec l’existant de toutes les entreprises, il faudrait développer des milliers d’APIs et de connecteurs. Et en assurer le support.
La tâche serait colossale pour une valeur ajoutée minime en termes de bénéfices métiers.
L’API Restful d’Anaplan permet en revanche de créer soit même une intégration personnalisée.
« What if… then… » en « cross-business »
Au cœur d’Anaplan, se trouve la capacité à simuler les retombées des hypothèses et à moduler ces hypothèses grâce au moteur de calcul. Il est par exemple possible de déterminer qu’en dessous de 10.000 unités à fournir, les hypothèses de production s’appuient sur deux centres mais que l’on augmente le nombre d’usines – et que l’on change leurs localisations géographiques – si l’on dépasse ce seuil des 10.000 unités.
« Anaplan connecte les différentes parties d’une entreprise », résume Michael Gould, créateur de l’outil. « La plateforme permet de s’éloigner de la planification annuelle et de se rapprocher de l’exécution opérationnelle ».
HP (avant sa scission) a par exemple utilisé Anaplan pour gérer les objectifs et assigner les territoires de ses commerciaux. L’ancienne procédure utilisait des feuilles de calcul avec des allers et retours avec les forces de ventes pendant environ 5 mois. Le résultat était, d’après HP, insatisfaisant avec un écart permanent entre la prévision et la concrétisation opérationnelle, et un délai trop long pour remonter l’information. La solution de planification et de reporting en temps réel a permis de visualiser rapidement les effets des changements apportés. Ce qui a par ricochet permis aux responsables mondiaux des ventes d'essayer plusieurs découpages et de les affiner par itérations successives.
Un autre cas d’usage est celui des Call Centers où il est indispensable de prendre en compte différentes dimensions pour optimiser l’efficacité d’un SAV : ressources humaines, chaines d’approvisionnements (pour déterminer par exemple le nombre d’envois de produits et les appels qui en découleront en cas de problèmes), finance (pour évaluer le ROI par degré de mobilisation de personnels). Anaplan permet dans ce cas de modéliser différents scénarios pour déterminer la pertinence d’affecter un opérateur supplémentaire.
LVMH utilise la même méthode du « What if… then… » en « cross-business » (comme le formule le CTO d’Anaplan) pour déterminer l’affectation de ses approvisionnements de sacs partout dans le monde.
Autre exemple d’application de la « planification connectée », Anaplan peut faciliter « le budget base zéro ».
Ce type de planification budgétaire consiste à repartir de zéro – et non du budget de l’année précédente – en justifiant chaque investissement. La méthode n’est pas nouvelle mais pour être pertinente elle nécessite d’avoir une vision transverse sur les retombées de chaque décision. « Avec le zero based budgeting (ZBB), Kellogs a fait plus de 150 millions de dollars d’économie en 216 », se félicite Michael Gould. « Ils en prévoient 450 à 500 millions d’ici 2018 ».
Anaplan et le ZBB ont permis à un groupe de voir qu’il affectait chaque année des smartphones aux employés alors qu’ils n’en avaient pas besoin, juste parce qu’il reportait – exercice après exercice – la dépense d’équipements en matériel.
App Hub, verticaux et analytique avancée
Anaplan ne souhaite pas décliner sa modélisation par secteur d’activité. « On reste une plateforme généraliste », confirme Michael Gould.
En revanche, la solution SaaS possède une Marketplace d’applications « qui apporte l’expertise pour des secteurs particuliers ». Elle en propose aujourd’hui huit cents dans son App Hub.
Pour l’analytique, Anaplan travaille activement depuis 2016 sur des fonctionnalités « avancées » de BI et d’AI – au-delà de l’analytique descriptif et des tableaux de bord - que ce soit dans le prescriptif, le prédictif ou le Machine Learning. A noter que les « pure players » de la BI voient Anaplan comme un outil complémentaire de leurs offres, et non pas comme un concurrent.