Cet article fait partie de notre guide: Ce qu'il faut savoir sur Windows Server 2012 R2

Que penser du nouveau cycle de mise à jour de Windows

La promesse de Microsoft de livrer des versions de Windows plus fréquemment fait s'interroger les entreprises. Voici la liste des avantages et inconvénients de cette nouvelle politique.

Beaucoup a été écrit sur l’engagement formel de Microsoft d'offrir de nouvelles mises à jour pour ses systèmes d'exploitation tous les 12 à 18 mois. Quel impact aura toutefois cette promesse sur les entreprises ? La réponse est mitigée.

Il y a ainsi de bons arguments en faveur de cette cadence plus rapide de mises-à-jour provenant de Redmond.

Si une fonctionnalité dont vous avez besoin arrive plus rapidement, certaines entreprises seront heureuses de l’adopter

Il a ainsi fallu attendre cinq ans entre Windows Server 2003 et l’arrivée d’Hyper-V. De même déployer DirectAccess sans avoir à s’arracher les cheveux a demandé quatre années supplémentaires. Disposer de la déduplication de fichiers a, de même, nécessité quatre ans après le lancement de Windows Server 2008. Est-il raisonnable de continuer à attendre aussi longtemps pour voir arriver de nouvelles fonctionnalités, qui ne demandent pas d’effort de déploiement particulier mais qui ont un fort impact ? Ne serait- il pas agréable d'avoir au moins la chance de profiter plus tôt de ces nouvelles fonctionnalités, même de manière sélective ?

Des mises à jour plus fréquentes veulent aussi dire que faire l’impasse sur une version ne donne plus forcément dix ans en retard

De nombreuses entreprises utilisent encore Windows Server 2003 et ont ignoré la vague 2008 des produits serveurs de Microsoft (et c’est sans parler des sociétés qui utilisent encore de vieux Windows NT…). Cela signifie que ces organisations s’appuient sur des technologies serveur qui ont dix ans et on dont fait l’impasse sur dix années d’innovation. Il y a certes beaucoup de valeur dans la stabilité et l’assurance que l’on dispose d’une configuration serveur éprouvée, mais il y a également eu d'énormes progrès dans la technologie au cours des dix dernières années, depuis que Windows Server 2003 a été lancé. Seules deux versions majeures ont été lancées dans cet intervalle : Windows Server 2008 et Windows Server 2012. Disposer de versions majeures plus rapidement permettra aux entreprises de choisir le meilleur moment pour faire évoluer leur architecture sans nécessairement devoir attendre dix ans pour évoluer.

Ce n’est pas parce que Microsoft accélère que vous devez adopter chaque nouvelle version

Lors d'une récente conférence Microsoft, le refrain était: « Personne n'est obligé de passer à Windows Server 2012 R2 ». Et c'est vrai de plusieurs points de vue : Il y a par exemple peu de modifications de code dans le noyau de R2 ce qui fait que la compatibilité n’est pas un problème par rapport à Windows Server 2012. Si vos applications fonctionnent avec Windows Server 2012, il en sera de même avec R2. Si vous êtes occupé, vous pouvez faire l’impasse sur R2 ou sur un éventuel futur R3, ou vous pouvez adopter Windows Server 2012 R2 puis faire l’impasse sur Windows Server 2014 (ou 2015, quel que sera son nom). Même Microsoft admet que les clients n’ont pas à être des «  serial adopters ». Même s’il est vraisemblable qu’elle adorerait cela.

On peut toutefois noter des arguments qui vont contre le nouveau cycle de publication de l’éditeur.

La politique de support des versions d’OS chez l’éditeur devrait évoluer vers des cycles plus courts

Par exemple,  Windows 8.1 et Windows Server 2012 R2 sont considérés comme des « services Packs » (même si ce nom n’est plus en odeur de sainteté à Redmond) et n’étendent donc pas le calendrier de support des versions majeures qu’ils viennent améliorer. Par exemple, si vous avez mise à niveau vers Windows 8 à son lancement (ce qui est avouons le peu vraisemblable), le support de l’éditeur court jusqu’au 9 janvier 2018. Si en revanche mettez à jour vers Windows 8.1 (ce qui est aussi improbable), c’est encore cette date du 9 janvier 2018 qui s’applique. Pire les utilisateurs de Windows 8 doivent migrer vers Windows 8.1 si ils veulent bénéficier de ce support jusqu’au 9 janvier 2018 sinon le support s’arrête au 18 octobre 2015, soit comme le stipule la politique ", deux ans après la disponibilité générale de la mise à jour de Windows 8.1. " Il est toujours possible que Microsoft modifie ces dates, mais on s’éloigne de l’ancien modèle de support décennal qu’a connu Windows XP, pour aller vers un modèle où les fenêtres de support se réduisent.

Migrer vers de nouvelles versions prend plus de temps

Beaucoup de grandes organisations ne sont qu’en cours de migration de Windows XP vers Windows 7. Il est donc difficile pour la version 8.1 de Windows de séduire ces entreprises alors qu’elles sont en cours d’adoption d’une version lancée en 2009. En fait, certaines petites entreprises n’en sont qu’à peine à migrer vers Windows Vista juste pour maintenir le support et la disponibilité de correctifs qu’y va s’interrompre pour Windows XP. La raison et que ces entreprises ne sont pas dans une situation financière leur permettant d’investir dans des équipements à même de faire fonctionner Windows 7, Windows 8 ou Windows 8.1 de manière décente.

Si vous avez l'intention d'adopter le nouveau modèle de mise à jour de Microsoft,  cela veut dire que vous vous placez dans un cycle constant de mise à niveau et de migration alors que les dépenses matérielles ont tendance à se stabiliser de même que la productivité par euro investi.

La qualité ne s’améliore pas

Tous ceux qui ont testé Windows 8 savent qu'il sentait la peinture fraîche dans de nombreux domaines, surtout en comparaison avec Windows 7. Mary Jo Foley de ZDNet a ainsi récemment noté en s’appuyant sur des documents internes de Microsoft que « les métriques de qualité pour Windows 8.1 étaient de retour en ligne avec ceux de Windows 7 », suggérant que Windows 8 était bien en deçà de cette barre .
Dans l'ensemble, j’ai une position neutre à légèrement négative sur cette évolution des rythmes de mise à jour de Microsoft. Une cadence de publication annuelle peut sans doute avoir du sens pour les équipes produits de Microsoft, et cela peut être un moyen de résoudre les problèmes propres de l'entreprise en matière d’innovation sur le marché. Mais au cours des 15 dernières années, je n'ai pas encore rencontré une entreprise qui trépignait et demandait de nouvelles versions tous les 12 ou 18 mois. Je pense que l’on verra finalement Microsoft légèrement prolonger ces délais, avec peut-être trois ans entre les versions majeures et 18 mois entre les mises à jour ponctuelles… Mais seul l’avenir dira quelle position l’éditeur va adopter.

 

À propos de l'auteur :

Jonathan Hassell est un auteur, consultant et conférencier. Il a publié plusieurs ouvrages dont RADIUS, le durcissement Windows, utiliser  Microsoft Windows Small Business Server 2003 et apprendre Windows Server 2003. Jonathan s’exprime dans le monde entier sur des sujets allant du réseau à l’administration Windows en passant par la sécurité. Il est président de 82 Ventures, une société basée en Caroline du Nord, et est actuellement un éditeur pour Apress Media LLC, une société d'édition spécialisée dans les livres pour les programmeurs et les informaticiens.

 

Cet article a été adapté de l'anglais depuis un texte original de Jonathan Hassel, paru sur SearchWindowsServer.com

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