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Quantique : McKinsey liste les milliards de dollars d’opportunités
Le cabinet de conseil en management McKinsey examine une opportunité potentielle de 700 milliards de dollars dans les secteurs pharmaceutique, financier, automobile et chimique.
Si peu de responsables IT envisagent que l’informatique quantique atteigne la viabilité commerciale à très court terme, le cabinet McKinsey exhorte les DSI à lancer la réflexion sur les possibilités à huit ans, quand les systèmes informatiques quantiques seront devenus tolérants aux pannes. Dans son rapport « Quantum computing : An emerging ecosystem and industry use cases », le cabinet de conseil s’intéresse aux cas d’usage de l’informatique quantique dans les secteurs pharmaceutique, chimique, automobile et financier.
Plusieurs plateformes matérielles quantiques sont en cours de développement, mais l’étape déterminante sera l’avènement de l’informatique quantique sans erreurs et sans tolérance aux pannes. Selon les auteurs du rapport, en l’absence de correction complète des erreurs et de tolérance aux pannes, un ordinateur quantique ne produira pas de résultats exacts et mathématiquement corrects.
« Les experts divergent sur la capacité des ordinateurs quantiques à créer une valeur commerciale significative tant que les systèmes ne sont pas tolérants aux pannes », lit-on dans le rapport. Toutefois, selon McKinsey, certains experts pensent qu’une tolérance imparfaite aux fautes ne rend pas nécessairement inutilisables les ordinateurs quantiques.
Industries pharmaceutique, chimique, automobile et finance
McKinsey juge que le secteur pharmaceutique pourrait accélérer sa recherche et son développement. En effet, l’informatique quantique réduirait la part d’empirisme de l’identification de la cible, de la conception de la substance active et des tests de toxicité : l’ensemble du processus deviendrait plus efficace.
Le secteur pesant 1 500 milliards de dollars, McKinsey estime qu’une amélioration de 1 à 5 % entraînerait de 15 à 75 milliards de revenus supplémentaires. Et cela aurait des effets positifs sur la qualité de vie d’un plus grand nombre de patients, sur la production, sur la logistique et sur toute la chaîne d’approvisionnement du secteur.
Rapport McKinseyCabinet de conseil en management
Dans le secteur des produits chimiques, l’informatique quantique pourrait déclencher un élan d’amélioration de la conception des catalyseurs. Ceux-ci ont le potentiel d’améliorer l’efficacité de la production et, par la réduction de la consommation de produits pétrochimiques ou une action directe sur les émissions de CO2, de participer à la lutte contre le changement climatique.
Pour citer l’article : « dans le contexte de l’industrie chimique, dont les dépenses annuelles de production atteignent 800 milliards de dollars (dont la moitié dépend de la catalyse), un gain d’efficacité de 5 à 10 % se traduirait par un bénéfice de 20 à 40 milliards de dollars. »
Dans le secteur automobile, McKinsey fait ressortir des cas d’usage de l’informatique quantique dans la R&D, la conception de produits, la gestion de la chaîne logistique, la production, et la gestion de la mobilité et du trafic.
Selon le rapport, la technologie pourrait s’appliquer pour réduire les coûts de fabrication et raccourcir la durée des cycles par l’optimisation d’éléments comme la planification du chemin dans les processus complexes à plusieurs robots (l’itinéraire que suit un robot pour réaliser une tâche) notamment aux postes de soudage, d’encollage et de peinture. Sur la base des 500 milliards de dollars de coûts de fabrication annuels dans l’industrie automobile, McKinsey estime que l’informatique quantique pourrait créer de 10 à 25 milliards de dollars de valeur par an.
Dans la finance, McKinsey anticipe « les cas d’usage les plus prometteurs de l’informatique quantique dans le domaine de la gestion des portefeuilles et des risques ». L’un des exemples cités est l’efficacité de l’optimisation quantique des portefeuilles de prêts axés sur les collatéraux. Pour McKinsey, les organismes prêteurs pourraient ainsi améliorer leurs offres, voire réduire les taux d’intérêt et dégager du capital.
Mais encore nombre d’obstacles à surmonter
Si tous les secteurs étudiés présentaient des cas d’usage, McKinsey ne manque pas de signaler que le matériel reste un frein majeur. Le défi est aussi bien technique que structurel.
McKinsey relève deux grands obstacles : d’abord, la capacité à augmenter significativement le nombre de qubits dans un ordinateur quantique et à atteindre en même temps un niveau suffisant de qualité des qubits ; ensuite, le coût élevé.
En guise de conclusion, « il faut une rare combinaison de capital, d’expérience en physique quantique théorique et expérimentale, et des connaissances approfondies, notamment dans les domaines d’application, afin de déterminer les options pertinentes à mettre en œuvre », lit-on dans le rapport.