Projets IoT : quelles passerelles choisir ? (1)
La confusion est facile quand on parle de passerelles pour l’IoT. Cet article fait justement le point sur ce secteur et évoque les différentes options du marché, ses fournisseurs et les solutions.
Par définition, une passerelle IoT est un élément matériel ou logiciel qui relie les éléments d'un système IoT au cloud. Cela peut sembler assez simple dans les termes. Mais même les analystes s’accordent sur un point : le concept peut aujourd’hui couvrir un spectre fonctionnel très large.
Une passerelle IoT peut ainsi être, tour à tour un Raspberry Pi - programmé pour recevoir les relevés de capteurs, les traiter et les transmettre à un service cloud -, ou un Hewlett Packard Enterprise (HPE) Edgeline, défini par Ian Hughes, analyste marketing chez 451 Research, comme « une sorte de datacenter complet ».
Pour ajouter à cette confusion, les passerelles IoT peuvent aussi prendre le nom de passerelles de périphérie (ou edge gateway). Dans ce cas, les données ne sont pas seulement acheminées vers le cloud. On dote le terminal Edge de capacités de calcul et d’analyse avancées afin de rapprocher les traitements au plus près des données et, par conséquent, de la passerelle elle-même.
Avec plus de 30 ans d'expérience dans les infrastructures de télécommunications et de radiofréquences (RF), Digi International en est un bon exemple. Tous ses modules proposent aujourd’hui des capacités edge, souligne Scott Nelson, chef de produit de la société, y compris ses plus petits modules programmables, la série XBee3. Les puces qui motorisent l’ensemble et relaient les données du XBee3 ont assez de capacités mémoire pour contenir une partition pour Python et son runtime.
D'un autre côté, une passerelle IoT peut aussi prendre le nom de passerelle intelligente ou de base de contrôle. Certains constructeurs ajoutent même le terme plateforme, accentuant le niveau de confusion.
Les routeurs cellulaires sont aussi, parfois, commercialisés comme passerelles IoT, même s'ils ne connectent qu'un seul appareil au cloud. Mike Krell et James Brehm, analystes chez James Brehm & Associates, incluent dans cette catégorie des sociétés comme Cradlepoint, Cisco et Sierra Wireless.
En décomposant encore plus ce segment des passerelles IoT, on pourrait les classer en catégories : matériel ou logiciel, fournisseurs edge ou cloud ou de solutions de bout en bout, par verticaux ou encore par types de cas d’usage. Cependant, ces lignes peuvent s'estomper avec le choix du processeur, de la connectivité (en amont ou en aval), des interfaces physiques, les cloud supportés et des intégrations logicielles.
Quelques différences sur le marché
Bien qu'il soit encore trop tôt pour dessiner des frontières nettes entre les fournisseurs et les domaines d'application, les analystes se prêtent tout de même à quelques généralités.
Commençant par le haut de gamme, Mike Krell et James Brehm ont noté que HPE et Dell s’intègrent bien dans des applications qui nécessitent beaucoup de calcul et de bande passante - la vidéosurveillance en est un excellent exemple. Dell a d’ailleurs lancé une offre dédiée de vidéosurveillance. Toute passerelle capable de gérer la densité de points d’une vidéo peut également gérer l'automatisation, ainsi que l'analyse prédictive, sans lien avec le cloud. Ces fournisseurs ne les appellent pas des passerelles, car elles font bien plus que regrouper et relayer des signaux de capteurs.
Les machines équipées de la puissance de traitement issu du matériel IoT de Dell et de HPE sont à la base ce qu'ils appellent des plateformes IoT. Celles-ci prennent en charge l'IA et le machine learning à la périphérie. ClearBlade, FogHorn Systems et SAP HANA sont cités comme exemples par Mike Krell.
Parmi les acteurs intermédiaires - ceux qu’Ian Hughes de 451 Research décrit comme « des ordinateurs durcis de quelques milliers de dollars », on retrouve Adlink Technology et Eurotech. Ces solutions sont souvent installées par des fournisseurs de services dans des verticaux spécifiques, comme la logistique ou le secteur industriel.
Mike Krell et James Brehm associent Advantech Co, sa filiale B+B SmartWorx, Multi-Tech Systems et Digi International à l’IoT industriel (IIoT). Ces sociétés travaillent avec des sociétés industrielles traditionnelles comme Ecolab, Schneider Electric, Emerson Electric et Rockwell Automation. Digi est également l'un des nombreux fabricants qui ont à leur catalogue des capteurs, des passerelles, des plateformes et des applications pour des marchés verticaux. Ils proposent des réseaux sans fil qui n'affectent pas les réseaux WAN en place.
D'autres entreprises, positionnées également sur des verticaux, ont intégré à leurs offres de services les passerelles IoT de constructeurs plus petits ou de fabricants sous contrat. Les passerelles IoT en marque blanche de Rigado installées pour l'automatisation du bâtiment, ou la start-up PsiKick, qui se concentre sur le monitoring des purgeurs vapeur, en font partie. Ses petites passerelles relaient les données de capteurs sans batterie, de faible puissance et doués de capacité de récupération d'énergie.
Comme pour la plupart des secteurs émergents, l'IoT subit des pressions du marché pour s’accorder autour de normes d’interopérabilité. EdgeX Foundry, un projet open source de la Linux Foundation a par exemple pour vocation de créer un framework ouvert pour l’Edge IT et l’IoT.
Lire la 2è partie de cet article :
Projets IoT : quelles passerelles choisir ? (2)