Préparez avec soin votre migration vers l’hyperconvergence
Si l’hyperconvergence simplifie l’infrastructure et son exploitation, son déploiement doit être pensé avec attention. Voici quelques-uns des principaux points à étudier avant d’envisager une bascule.
La mise en œuvre de toute nouvelle technologie entraîne des modifications matérielles, logicielles et logistiques susceptibles d’affecter un large éventail de ressources — tant en matière d’infrastructure (alimentation électrique, sécurité,…) que de personnels. Mais si la transition initiale vers l’hyperconvergence peut être complexe, la promesse de la technologie est qu’elle va ensuite considérablement faciliter l’exploitation du datacenter.
Hyperconvergence vs traditionnel : ne pas remplacer à l’identique
D’un point de vue physique, les appliances hyperconvergées (HCI) sont souvent d’une densité supérieure à celles des architectures traditionnelles. L’un des formats les plus communs est celui des serveurs 2U à quatre nœuds qui permet dans la pratique de réduire une ancienne plate-forme de trois racks à un demi-rack de HCI. Ce gain est certes appréciable, mais il n’est pas sans conséquence sur la planification de l’alimentation des racks. Le dimensionnement de la puissance électrique et du refroidissement nécessitera ainsi une conception et une gestion soigneuses.
De façon générale, le conseil est de déployer les nouvelles technologies hyperconvergées avant de mettre hors service l’équipement existant. Afin de migrer les applications et les données, il faudra souvent utiliser les deux infrastructures en parallèle pendant quelques semaines, voire un mois. Il est donc recommandé de commencer par implémenter les nouveaux nœuds HCI dans l’espace vide du rack, puis de les relocaliser au fur et à mesure du retrait des matériels en place.
Après avoir supprimé les anciens équipements, positionnez les nœuds HCI dans des emplacements stratégiques pour éviter un point unique de défaillance. Par exemple, répartissez les nœuds HCI sur différentes phases et unités de distribution d’alimentation (PDU) et répartissez les liens réseaux de façon redondante entre plusieurs commutateurs « Top of the Rack », afin de garantir une disponibilité optimale en cas de défaillance d’un élément d’infrastructure.
Bien évaluer l’impact de l’hyperconvergence sur le réseau
L’un des changements entraînés par la mise en œuvre du HCI est la consolidation du réseau de stockage sur le réseau Ethernet, ce qui amène le trafic de stockage à partager un réseau physique avec les applications et les services d’administration de la plate-forme HCI. La plupart des nœuds HCI disposent généralement de deux ports Ethernet 10 GbE (GbE) et de deux ports Gigabit – même s’il est possible d’ajouter des ports additionnels et même si les nouveaux nœuds tendent à embarquer des interfaces multirate 10/25/40/50G.
Dans la pratique, cela signifie que la plupart des implémentations réseau dans les infrastructures HCI s’appuient sur des VLAN pour segmenter le trafic. Si vous êtes habitué à des réseaux physiques séparés (LAN Ethernet d’un côté et SAN Fibre Channel de l’autre), assurez-vous que les VLAN sont configurés de manière sécurisée pour garantir l’étanchéité des services.
Pour les PME, certains datacenters devront migrer du Gigabit vers le 10 Gigabit Ethernet. Pour les datacenters déjà équipés en 10G, il faudra peut-être ajouter des ports additionnels. Une possibilité est de libérer progressivement des ports 10 GbE en décommissionnant au fur et à mesure les serveurs existants. Il faut aussi veiller à ce que votre infrastructure de commutation réseau soit adaptée à la nature des ports utilisés par les nœuds hyperconvergés. Beaucoup de systèmes intègrent des ports SFP+ et permettent un choix de types de câbles. D’autres arrivent avec des ports 10GBase-T avec des connecteurs RJ45. Il faut donc veiller à disposer du nombre de ports de commutation du type approprié. Soyez aussi conscient du fait que les ports Ethernet pour la supervision sont souvent des ports 10/100. Prévoyez donc un commutateur physique séparé pour relier ces ports.
Le choix de l’hyperviseur
Certaines infrastructures HCI offrent une certaine flexibilité en matière d’hyperviseur. Nutanix supporte VMware, Hyper-V, XenServer ainsi que son propre hyperviseur dérivé de KVM, AHV. HPE Simplivity supporte VMware et Hyper-V et Cisco a annoncé le support à venir d’Hyper-V, en parallèle de VMware. Chez Dell EMC, VxRail reste 100 % VMware tandis que Scale Computing s’appuie sur un hyperviseur dérivé de KVM.
Vous pouvez profiter d’un passage à l’hyperconvergence pour migrer certaines applications sur un nouvel hyperviseur, mais cela imposera sans doute une refonte des outils de supervision.
Il faut aussi prendre en compte que la migration vers l’hyperconvergence aura un impact sur les données de reporting et de performance. Les informations historiques resteront dans vos outils de gestion de plate-forme hérités, mais les nouvelles données seront en général centralisées et gérées par la plate-forme d’administration intégrée à votre infrastructure HCI. Les informations de niveau de service et de surveillance des performances ne correspondront donc pas et seront difficiles à comparer.
Plusieurs des principaux fournisseurs historiques d’infrastructure comme Cisco, Dell EMC, Hewlett Packard Enterprise ou Lenovo ont désormais des produits HCI à leur catalogue. Si vous choisissez un nouveau fournisseur pour les technologies hyperconvergées, suivez vos procédures habituelles en matière d’évaluation des contrats et du support. Étudiez aussi comment la nouvelle infrastructure s’intégrera à vos systèmes existants.
N’oubliez pas non plus qu’un déploiement hyperconvergé s’accompagnera également de changements organisationnels. Vos équipes passeront ainsi sans doute moins de temps à travailler sur le stockage et les hyperviseurs. L’équipe réseau restera importante, car la connectivité est au cœur de l’informatique. Bref, planifiez votre transition vers le HCI avec soin et ne sous-estimez pas l’impact plus large du changement.