Pourquoi les sauvegardes sur bandes redeviennent populaires
Plus capacitives qu’un disque dur, plus rapides que le cloud, les bandes reviennent en force dans les entreprises. Cet article cite les avantages et la manière de contourner les inconvénients.
Alors que beaucoup la reléguaient au passé, la technologie de sauvegarde sur bande effectue un retour surprenant. Il faut dire que la dernière génération LTO-8 offre une capacité de stockage native de 12 To par cartouche et la LTO-9 fera encore mieux. Cette technologie permet donc généralement de stocker plus de données qu’un disque dur et se montre la plupart du temps plus rapide que le cloud.
« Chaque nouvelle génération de LTO multiplie par deux la capacité native ou compressée de la précédente. Et il en va de même pour la vitesse de transfert », fait remarquer Cindy LaChapelle, du cabinet de conseil ISG.
La bande bénéficie d’autant plus d’un regain de popularité que les DSI découvrent – à leur dépens – que le cloud n’est pas une technologie de stockage aussi économique qu’ils le croyaient. « Si le coût mensuel par Go reste intéressant pour un service de stockage en ligne, il faut aussi lui ajouter le coût de la récupération des données depuis le cloud, lequel est rarement précisé dans les tarifs des portails », constate Diana Salazar, directrice des produits chez Quantum.
Une technologie sûre et peu coûteuse
Selon Mark Hill, en charge du développement commercial des bandes chez IBM, les lecteurs de bandes les plus récents offrent aux plateformes d’archivage et de stockage une infrastructure de stockage sûre et économique. « Dans un contexte de recrudescence des malwares et des cyberattaques, les bandes font figure de solution idéale pour isoler les données. Il suffit de déconnecter la cartouche du réseau et de la ranger dans une armoire pour créer cette barrière physique entre les pirates et vos données », argumente-t-il.
« Dans le cas d’une sauvegarde sur bande que vous retirez physiquement du réseau, vous coupez la connexion et protégez ainsi du mieux possible vos données contre les ransomwares », avance Diana Salazar. « Face aux enjeux de l’article 32 du RGPD, où il est stipulé qu’une entreprise doit savoir restaurer les données après un incident, c’est un aspect non négligeable pour montrer que l’on respecte la réglementation. »
De plus, la technologie LTO intègre différents moyens pour protéger le contenu des bandes. Les fonctions de chiffrement sont natives et il existe un mode WORM [Write-Once, Read-Many] qui, pour un très faible coût supplémentaire par bande, assure que les enregistrements ne pourront être modifiés ni falsifiés.
Girish Dadge, directeur des produits chez Sungard Availability Services, explique que choisir un lecteur de bande de grande capacité constituera une solution approuvée et efficace dans le cadre d’un plan de conservation des données à des fins de conformité et d’audit. « Avec l’essor récent des menaces liées aux virus et logiciels malveillants, les bandes sont devenues le moyen le plus économique de protéger durablement ses données hors site. »
« Enfin, la technologie sur bande participe à la maîtrise des coûts dans les datacenters. Dans le cas de données qui ne seront plus interrogées par la production, passés 30 jours, la bande ne consomme ni l’alimentation ni le refroidissement d’un disque dur », ajoute Diana Salazar.
Des avantages sur le long terme
En cas de remisage prolongé sur des années, les disques durs sont sujets à des pertes de données, voire à des défaillances totales, du fait de la complexité de leur structure. À l’inverse, les cartouches de bande n’ont pas ces défauts.
« La technologie sur bande est très peu sujette aux pannes ; la plupart des problèmes rencontrés sont des erreurs humaines. Les technologies de bande les plus récentes affichent un taux d’erreurs inférieur au disque ; elles peuvent donc transférer davantage de données que les disques avant qu’un problème rédhibitoire ne survienne », estime Cindy LaChapelle.
« Un argument à l’encontre des bandes est que leur contenu est plus long à restaurer. Mais, dans le cadre d’un incident où il y aurait urgence à faire repartir l’activité, il suffit de louer ponctuellement plusieurs lecteurs pour extraire simultanément les données de plusieurs cartouches », assure Mark Hill.
Stocker sur bande à l’ère de la Covid-19
Cindy LaChapelleAnalyste, ISG
Cindy LaChapelle soulève une crainte qu’elle entend souvent ces temps-ci : « en cas de pandémie, les technologies sur bande impliquent potentiellement une intervention manuelle pour mettre les cartouches en colis, les expédier ou les réinsérer dans des bibliothèques automatisées. »
Mais il existe une solution : les bibliothèques de bandes automatisées. « Si les bandes sont entreposées dans une bibliothèque automatisée sur un site de secours prévu pour redémarrer l’activité, plus besoin d’intervention manuelle, de mise sous pli, ni d’aucune manutention des bandes. Ainsi, l’éventuel inconvénient de la solution sur bande disparaît. »
Autres aspects à prendre en compte
Si les bandes sont un excellent choix pour la sauvegarde et le stockage externalisés, beaucoup d’entreprises misent sur une double approche, avec une autre technologie en sus. « Une stratégie de sauvegarde optimale doit combiner bandes et disques durs mécaniques », précise Girish Dadge.
Adrian MoirConsultant, Quest Software
Autre écueil, le rythme de l’innovation dans les lecteurs de bande est soutenu. Et la rétrocompatibilité en fait parfois les frais. La lecture des données stockées sur d’anciennes bandes peut poser problème : les entreprises se voient alors forcées de récupérer, puis de récrire leurs données dans le seul but d’assurer la compatibilité avec le matériel disponible.
« Un lecteur LTO-8 ne lit pas les bandes LTO-6, car il ne prend pas en charge ce support », souligne ainsi Adrian Moir, consultant chez Quest Software. « Le format LTO-8 est incompatible avec les bandes magnétiques à particules, il lui faut des supports en ferrite de baryum. »