OpenStack : des avantages, mais il manque encore l’automatisation
OpenStack reste la principale solution Open Source en matière de Cloud privé. Si les entreprises ont franchi une étape en matière d’adoption, la plateforme doit encore évoluer
Il est désormais acquis que pour une grande majorité d’entreprises, les environnements hybrides sont la formule qu’elles déclineront. Et dans ce contexte, OpenStack est souvent la technologie qui revient dans les discours.
OpenStack est en fait une plateforme de Cloud Open Source qui se compose de plus de 30 projets, chacun apportant un service particulier à l’ensemble. Ces services évoluent de façon indépendante. Cette architecture permet aussi d’ajouter à la plateforme des modules additionnels plus facilement.
D’une façon générale, difficile de faire l’impasse sur OpenStack lorsqu’on aborde cette notion d’hybridité. Parmi les avantages de la plateforme, on remarque qu’elle reçoit un support affirmé de nombreuses entreprises. Celles-ci lui ajoutent des fonctions, dans les domaines de l’administration et du déploiement par exemple. Beaucoup de grands comptes ont mis en place des pilotes en interne reposant sur OpenStack ; et celui-ci est en production dans nombre d’entre elles ainsi que dans le secteur universitaire.
Toutefois, en dépit de l’avenir radieux prédit par les experts, le décollage d’OpenStack ne s’est pas produit. Parmi les difficultés rencontrées, celle de la quête des administrateurs, qui possèdent les bonne scompétences en matière de déploiement par exemple. OpenStack est en effet une plateforme qui s’avère difficile à ajuster et à stabiliser. Des fournisseurs de technologies se sont inévitablement attaqués au problème et ont travaillé à développer des outils pour faciliter cette étape. Certains ont mis au point des solutions pré-configurées. Mais encore une fois, avec 30 services au catalogue, difficile de trouver la bonne formule.
Les développements, tout azimut, de ces nombreux projets ont quelque peu freiné l’usage d’OpenStack en production. A l’origine, la plateforme ne comportait certes que quelques composants, mais le projet a connu un vrai engouement. Le problème : la différence de maturité de ces projets ; ce que les utilisateurs perçoivent comme étant de l’instabilité.
OpenStack ressemble beaucoup à un projet Linux – scripts et lignes de commande sont légions, nombre de procédures manuelles pour configurer et gérer les clusters et peu d’automatisation. Cela peut convenir à de petits environnements, mais cela gagne en complexité avec le nombre de VM et l’agilité que cela demande. OpenStack a besoin d’automatisation ; ce qui commence à arriver sur le marché.
Comme avec nombre de projets IT, le premier objectif d’OpenStack, au-delà de la création de services de stockage et de réseau basiques, était la gestion des applications et l’orchestration du serveur. Résultat, la plateforme doit rattraper son retard en matière de SDN (Software-Defined Network). Neutron, le projet centré sur les réseaux, rencontre certaines difficultés en matière de déploiements à l’échelle.
Le stockage est une autre affaire. Ceph, un autre projet Open Source dédié au stockage objet, a torpillé le propre projet de stockage objet d’OpenStack, Swift. Ceph est aujourd’hui bien accepté, et son évolution porte par exemple sur la mise en place d’interfaces compatibles avec les Clouds public. Pour se démarquer de Ceph, Swift s’est éloigné des pratiques de l’industrie.
Pourquoi utiliser OpenStack
Il existe 5 véritables raisons pour utiliser OpenStack.
La première, et la plus importante, est qu’il n’existe pas de vraie alternative qui soit Open Source et aussi bon marché. On retrouve certaines alternatives Open Source sur le marché, comme Eucalyptus, CloudStack, Nebula, par exemple, mais OpenStack les a plutôt éclipsés. Aucun d’entre eux n’a le niveau de support des fournisseurs – comme peut l’avoir OpenStack chez Dell, HPE, IBM, Red Hat ou MIrantis, ainsi que chez une kyrielle de petits acteurs.
La seconde est que les modules phares ont reçu le soutien nécessaire pour corriger les erreurs du passé et atteindre un bon niveau de maturité en production. Aujourd’hui, les modules de base sont tous prêts pour les déploiements en production. Les membres d’OpenStack en ont bien conscience : le site Openstack.org publie une liste des composants avec leur degré de maturité.
La troisième raison est liée à la popularité d’OpenStack, à la fois pour des prototypes et en production. Les informations ainsi que les retours d’expérience sont nombreux sur le Web.
La quatrième raison est l’outillage : il est conséquent. On retrouve nombre d’outils pour automatiser tâches et opérations. Cela est certes un peu chaotique, mais les meilleurs outils feront la différence inévitablement.
Enfin, la majorité des fournisseurs de cloud public sont décidés à travailler avec OpenStack, car le projet tend à faciliter les interactions entre Clouds. Il reste encore du travail à fournir mais disposer d’un seul panneau de contrôle pour les principales plateformes Cloud devrait être possible.
Les conteneurs
Les conteneurs viennent rompre les traditions. Ils promettent un gain radical en termes de performances et d’agilité ; ce qui en fait l’un des sujets les plus tendance de l’IT. Toutefois, la réalité est différente et loin de ce hype ambiant. Les questions sont nombreuses autour des conteneurs. Comme par exemple : OpenStack peut-il être installé au-dessus de Kubernetes ? Ou l’inverse ?
La jeunesse de ces conteneurs rend difficile la priorisation des problèmes fondamentaux. Toutefois, au regard du nombre de supporters, les réponses ne devraient pas tarder à être données.
Cloud public : la vraie concurrence d’OpenStack
D’ici quelques années, il faut s’attendre à une bataille entre Cloud public et Cloud hybride. Les clouds publics ont des avantages inhérents comme la connectivité, l’échelle, les modèles de coûts, les services de données et leur capacité d’innovation. Cela soulève d’ailleurs une question : les clouds privés ont-il un avenir sur le long terme ?
Pour compliquer les choses, certains fournisseurs de Cloud public (CSP – Cloud Service Provider) pensent à porter leur technologie pour le Cloud privé, comme Microsoft par exemple, avec Azure Stack.
Cela donne 2 avantages aux CSP :
- Ils définiront les processus de leur Cloud privé selon leurs propres termes, en facilitant grandement la transition depuis le Cloud privé vers des environnements hybrides ?
- Les CSP vont créer un chemin vers le privé qui soit consommable dans leur espace public.
Cela risque d’enfermer les utilisateurs, et donc de leur coûter plus cher.
Une meilleure alternative serait de fluidifier les opérations d’un Cloud à l’autre, avec des structures de script supportées par toutes les plateformes de Cloud, depuis OpenStack, Azure ou AWS. Ce que des outils de gestion agnostiques peuvent permettre de réaliser.
OpenStack a certes des inconvénients mais il semble être aujourd’hui le meilleur moyen pour éviter le verrou-vendeur et travailler dans un environnement qui reste dynamique. D’autant que le prix d’OpenStack reste son principal avantage.