Nano Server : Microsoft entre de plein pied dans le monde des micro-services
Avec son futur OS poids plume, Microsoft va tenter de rattraper son retard sur Linux dans le domaine et doit appuyer l’offensive d’Hyper-V contre ESXi.
Le concept de conteneur continue de gagner du terrain alors que les développeurs adoptent cette nouvelle technologie et la font entrer dans les datacenters. Les conteneurs ne sont pas des micro-systèmes d'exploitation ; ils réunissent tous les éléments de l'OS indispensables à l'exécution d'une application. Ils sont plus légers que Java et se déclinent en beaucoup moins de versions.
Jusque-là, Java et Docker s'étaient orientés vers d'autres plateformes, puisque Microsoft avait la mainmise sur Windows et sur la plateforme .Net.
Avec Windows Server 2008, Microsoft a lancé Windows Server Core, qui était un système d'exploitation complet sans interface graphique. S'il ne s'agissait pas d'un conteneur à proprement parler, il montrait néanmoins qu'on pouvait se passer d'un OS complet pour exécuter des services et des applications de base.
Windows Server Core est livré avec Windows Server 2012 et le sera encore avec la version Windows Server 2016 à venir. C'est toutefois le nouveau Nano Server de Microsoft qui risque de changer la donne.
Nano Server n'est pas une simple plateforme de conteneurs, ni une version allégée de Windows Server Core. Bien que toujours fondé sur la plateforme serveur de Microsoft, Nano Server reprend l'interface, mais délaisse la pile applicative et le traditionnel framework .Net.
Nano Server devient de fait un hôte léger pour les machines virtuelles Hyper-V ou pour les applications conçues pour .Net Core Framework.
Il est aussi une plateforme destinée aux applications Cloud. Peu gourmande en espace disque et en code, il ne devrait réclamer que peu de correctifs et de maintenance, ce qui en fait une solution idéale pour ce type d’environnements.
Avec Nano Server, Microsoft repart quasiment de la case départ. Sans le traditionnel .Net, une gestion à distance doit être envisagée. Or, bien des ponts classiques permettant aux serveurs avec des interfaces graphiques d'assurer la gestion à distance n'existent pas. Avec cet OS, la gestion à distance est pilotée par des scripts automatisés et du code plutôt que par des outils d'administration d'OS conventionnels.
Avec cet OS, Microsoft entre de plein pied dans le monde des microservices. Les microservices, tout comme la microsegmentation dans les software-defined networks, ont la possibilité de révolutionner la façon dont nous travaillons aujourd'hui avec les applications.
En vrai « couteau suisse », Windows Server peut aujourd'hui exécuter des millions d'applications différentes, et c'est bien là que réside toute la difficulté. L'OS de base ne cesse d'augmenter tant en taille qu'en complexité. La charge qui pèse sur un OS Windows Server traditionnel fournissant un seul service de base est stupéfiante.
Des fonctions simples, telles que DNS ou DHCP, s'accompagnent d'une installation serveur à interface graphique de plus de 20 Go. Windows Server Core a permis de remédier à ce problème, et c'est maintenant au tour de Nano Server de poursuivre cette évolution.
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Inutile de dire que Nano Server ne remplacera pas l'OS serveur traditionnel en un jour. Microsoft en est encore à élaborer les outils d'administration adaptés. Avec Windows Server Core 2008, les déploiements se faisaient très lents, car les administrateurs ne disposaient pas d'outils à distance, problème qui a été résolu dans Windows Server 2012.
L'autre difficulté consistera à développer des applications pour Nano Server. Dans la mesure où ces conteneurs n'exécutent pas une installation complète de .Net, les développeurs devront remodeler leurs applications, du moins en partie, pour tirer pleinement profit de .Net Core.
S'il paraît, de prime abord, troublant de concentrer les forces du serveur sur ce qu'il doit précisément faire, c'est pourtant la solution idéale dans un monde où les administrateurs système consacrent un temps considérable aux tâches administratives telles que l'application des correctifs et le renforcement de la sécurité.
Nano Server a d'autres fonctions importantes à tenir avec les rôles Hyper-V et serveur de fichiers de type « scale-out ».
Ces deux rôles occupent une place importante dans la stratégie Azure qui permet à Microsoft d'aller de l'avant. Ils retiennent particulièrement l'attention des administrateurs désireux de progresser avec Hyper-V, comme alternative à VMware.
Bien que Nano Server ne soit pas aussi simple qu'ESXi de VMware, cette plateforme représente un grand pas en avant et une nette amélioration par rapport à Windows Server Core. Nano Server doit son originalité au fait qu'il peut s'exécuter sur un serveur nu, en tant que machine virtuelle - et même dans un conteneur, chose que ne peut pas faire ESXi. Ainsi, il offre une flexibilité maximale aux développeurs et aux administrateurs.
Nano Server est une nouvelle expérience pour Microsoft et, selon la société, il est l'avenir de Windows Server.
Linux a une longueur d'avance sur le marché des microservices, mais Microsoft a un talent particulier à réagir au quart de tour quand cela est nécessaire. Si Microsoft parvient à un équilibre entre une plateforme de conteneur agile, rapide et simple, et capable d'offrir assez de flexibilité pour prendre en charge toute la communauté de développeurs Windows, le tout en permettant une gestion équilibrée, Nano Server pourrait vraiment changer la donne.
Si cela paraît une gageure (et cela l'est), c'est sans compter sur les améliorations qu'a pu apporter Microsoft à Server Core entre Windows Server 2008 et Windows Server 2012. Les modifications constatées entre ces deux éditions ont permis à Windows Server Core 2012 de faire son entrée dans le monde des entreprises avec le bon dosage de performances, de polyvalence et de facilité de gestion. Bien que Nano Server s'inscrive dans le prolongement logique de Windows Server, il n'en est pas moins une petite révolution.