Mobilité : le développement multiplateformes mise sur le Web
Il peut être difficile et coûteux de développer des applications supportant de multiples plateformes mobiles. Dès lors, de nombreuses entreprises adoptent les applications Web comme juste milieu.
Les applications multiplateformes sont l'avenir des logiciels d'entreprise, mais il n'est pas si facile pour de nombreuses entreprises de les adopter.
Pour créer une application qui fonctionne sur différents systèmes d'exploitation et formats de terminaux, les développeurs doivent se concentrer sur la compatibilité de son architecture interne, et pas nécessairement sur son interface utilisateur. Mais le développement de telles applications peut s'avérer coûteux. Dans ce contexte, le développement d'applications Web constitue une alternative intéressante pour de nombreuses entreprises.
« Les technologies Web sont plus que capables de fournir des expériences utilisateur haut de gamme », esitme ainsi Kirk Knoernschild, vice-président recherche chez Gartner. Et pour lui, « le Web offre une portabilité maximale pour différents formats de terminaux ».
Le fait qu’il est difficile de convaincre, en interne, d’investir dans une approche qui n’offre pas nécessairement de retour sur investissement évident. Et cela que les développements soient réalisés en interne ou pas. « Les économies sont difficiles à quantifier », assure ainsi Chris Haaker, directeur de l'innovation informatique pour l'utilisateur final chez Relx Group, un fournisseur d'informations et d'analyses commerciales : « si cela vous rend 20 % plus productif, pouvez-vous le démontrer ? »
La filiale locale de Relx ne dispose pas de développeurs en interne et achète plutôt les logiciels dont elle a besoin directement auprès d’éditeurs. Quatre-vingts pour cent des employés utilisent des smartphones au travail, principalement pour l'accès au courrier électronique de l'entreprise. Quelques stagiaires chevronnés développent des applications Web qui peuvent fonctionner sur différents systèmes d'exploitation.
« Si nous pouvions avoir une application pour tous les terminaux, j'adorerais », reconnaît Chris Haaker. Mais pour l'instant, le développement d'applications unifiées est un concept trop nouveau pour que l'entreprise puisse y investir : « il faut que quelqu’un, au sommet de la hiérarchie, y croie ».
Les entreprises peuvent développer des applications multiplateformes à moindre coût grâce à des outils de développement low code. Rollins Inc, une entreprise mondiale de services de lutte contre les parasites, s’est ainsi appuyée sur OutSystems pour créer une application Web qui aide les employés à suivre les informations de service et à communiquer avec les clients.
L'application web réactive ajuste l'interface en fonction du terminal, qu'il s'agisse d'un poste de travail dans ses bureaux ou d'un iPad pour les vendeurs sur le terrain. OutSystems permet à Rollins de créer des tableaux de bord qui montrent les cartes des sites des clients, les indésirables présents sur ces sites et autres informations : « on peut voir si le contrat d’un client couvre les abeilles. Et si c'est le cas, on peut envoyer un technicien pour s'en occuper », explique David Christian, architecte sénior chez Rollins.
L'approche Web est courante aujourd'hui parce qu'elle permet aux développeurs d'utiliser une seule base de code pour écrire une application qui fonctionne sur plusieurs types de terminaux. Lorsque les entreprises n'ont pas à écrire plusieurs versions d'une même application, il en résulte souvent des économies non négligeables.
« C'est une chose que l’on observe de plus en plus dans les équipes de développement, mais il faut que ce soit pour le bon cas d'utilisation », relève Kirk Knoernschild. Car en définitive, « la dernière chose que vous voulez, c'est offrir une expérience utilisateur frustrante ».
Les applications mobiles natives offrent ainsi souvent des fonctionnalités spécifiques aux terminaux. Dès lors, les applications web réactives ne sont pas toujours le meilleur choix.
David Christian en est bien conscient : « il y a plus de choses disponibles quand on code pour du natif ». [Une application web] ne sera pas aussi réactive. Le format du smartphone n'est pas le meilleur pour certaines des plus grandes vues du tableau de bord ».
Pour faciliter le déploiement d'applications multiplateformes et assurer leur sécurité, les services informatiques doivent limiter les choix des utilisateurs en matière de terminaux et de systèmes d'exploitation, estime Andrew Garver, directeur de recherche chez Gartner. Pour lui, « on ne peut pas donner aux utilisateurs ce qu'ils veulent tout le temps. C'est un art de maximiser la productivité grâce aux avantages liés au fait de donner le choix à l'utilisateur final tout en tenant compte de ses exigences en matière de risques ».
Pour se préparer à un avenir où les applications seront indépendantes des systèmes d'exploitation et des terminaux, les entreprises doivent également s'assurer qu'elles ne dépendent pas d'un seul système d'exploitation ou d'une seule version de système d'exploitation, extension, navigateur ou version de navigateur, estime Andrew Garver. Elles devraient également planifier en fonction des nouveaux types d'appareils, tels que les dispositifs portables.
L’analyste recommande ainsi de suivre les étapes suivantes : identifier les lacunes dans les compétences internes et commencer à les combler ; expliquer clairement à la direction que l'informatique multiplateforme n'est pas un projet ponctuel, mais plutôt une approche à long terme qui va évoluer ; fusionner des équipes informatiques disparates qui ont besoin de travailler ensemble, comme celles des postes de travail et de la mobilité. Et pour une raison simple : « il s'agit faire avancer tout le monde dans la même direction ».