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Métavers : 10 pistes de cas d’usages professionnels
Les projets de métavers pourraient concerner des cas d’usage très divers. Voici quelques exemples B2B et B2C à explorer.
De nombreuses entreprises cherchent déjà à tirer parti du potentiel du métavers. Dans tous les secteurs, des organisations s’intéressent depuis plusieurs années à des composants du métavers : réalité mixte, blockchain et jetons non fongibles (NFT), Internet des objets, jumeaux numériques, cloud.
L’exploration devrait se poursuivre sous de nouvelles formes à mesure que ces technologies se combinent.
Capter une part du métavers
« Un monde où l’hybride et le numérique coexistent au sein d’une véritable économie n’est pas encore d’actualité », explique Gopal Srinivasan, partenaire dans le cabinet de conseil Monitor Deloitte. « [Mais] nous voyons déjà certains éléments se mettre en place. »
Deloitte fait partie des grands cabinets de conseil qui proposent désormais aux entreprises de les accompagner dans leur exploration des nouvelles possibilités du métavers. D’autres prestataires plus modestes proposent aussi ce type de services.
Selon le cabinet d’études Gartner, 25 % des gens passeront au moins une heure par jour dans le métavers en 2026. Et comme les plateformes technologiques du métavers devraient engendrer un marché lucratif (à hauteur de 800 milliards de dollars en 2024 d’après un rapport de Bloomberg publié en décembre 2021), la peur de rater une telle occasion agit comme un puissant aiguillon.
Ce que recouvre le terme de « métavers » varie grandement d’une entreprise à l’autre. Et son développement est hérissé d’écueils, de l’émission de gaz à effet de serre aux questions juridiques. Quoi qu’il en soit, voici 10 cas d’usage qui illustrent le potentiel de cette nouvelle sphère numérique.
1. Divertissement immersif
Si le divertissement dans le métavers ne semble a priori pas avoir d’application en entreprise, les DSI voudront malgré tout garder un œil dessus. Ce secteur génère beaucoup d’intérêt, notamment de la part des jeunes qui pourraient tirer la croissance du métavers.
Les concerts que la pop star Ariana Grande a donnés en 2021 dans l’univers du jeu en ligne Fortnite et d’autres événements similaires sont des indications des expériences de divertissement immersif à venir dans le métavers.
« Il s’agit clairement du cas d’usage le plus important, le plus actif jusqu’à présent », constate Gopal Srinivasan, qui pointe les avancées des technologies de type métavers sur les plateformes de jeu.
2. Opérationnel
La réalité augmentée (AR) sert déjà à améliorer les opérations.
Le métavers peut être un environnement plus collaboratif où les données sont présentes partout et en permanence, décrit Gopal Srinivasan. Par exemple, le métavers devrait faire vivre une expérience encore plus immersive aux opérateurs : ils pourraient utiliser la technologie pour guider leurs tâches de maintenance et d’intervention même les plus complexes, ainsi que pour se coordonner plus précisément avec d’autres.
3. Enseignement et formation
Dans le monde de l’entreprise, le métavers ouvre les portes de la formation virtuelle.
Formateurs et stagiaires du monde entier peuvent se retrouver dans le métavers et y travailler ensemble dans des scénarios réels en s’appuyant sur un flux régulier de données actualisées en permanence pour guider leur expérience d’apprentissage, entrevoit Tuong H. Nguyen, analyste senior principal chez Gartner.
SNCF Réseau utilise déjà un univers entièrement immersif pour sa formation.
4. Amélioration de l’expérience client
Les métavers ont le potentiel de transformer les interactions de l’entreprise avec ses clients, puisqu’avec les plateformes de réalité mixte les entreprises peuvent proposer de nouvelles expériences et diffuser des informations autrement.
Tuong H. Nguyen imagine une station de ski où un guide virtuel améliorerait l’expérience des skieurs en diffusant des informations personnalisées en temps réel. Un voyagiste pourrait offrir une expérience immersive permanente dans l’espace virtuel, en surimpression du monde réel, pour renseigner les touristes, par exemple au moyen de reconstitutions d’événements historiques pendant la visite de villes anciennes.
Les entreprises pourraient aussi proposer des expériences d’achat originales à leurs clients. Des constructeurs automobiles pourraient par exemple faire essayer leurs voitures dans un environnement de réalité mixte, imagine Gopal Srinivasan.
5. Réunions de travail
Pour beaucoup, les réunions Zoom ont remplacé les réunions en présentiel pendant la pandémie. Les entreprises de la Tech impliquées dans le développement du métavers, comme Meta (anciennement Facebook) et Microsoft, s’en servent comme d’un tremplin vers la prochaine version des « réunions virtuelles ».
« Dans les deux à trois ans je pense que la plupart des réunions virtuelles passeront de la vidéo en 2D au métavers, un espace en trois dimensions avec des avatars numériques », écrit même Bill Gates sur son blog. « Vous utiliserez votre avatar pour rencontrer vos interlocuteurs dans un espace virtuel qui donne la sensation de se trouver ensemble dans la même pièce. »
Bill Gates précise qu’il faudra s’équiper de casques de réalité virtuelle et de gants à capteurs de mouvement pour répercuter les expressions, le langage corporel et la qualité des voix.
Ces outils pourraient augmenter le rayon d’action des collaborateurs et les rendre capables d’exécuter certaines tâches en mode virtuel.
La technologie pourra les télétransporter dans d’autres lieux et leur permettre d’interagir à la fois dans le monde virtuel et dans le monde réel, ajoute Gopal Srinivasan. « Un employé pourra gérer plusieurs commerces et orchestrer les différentes situations », illustre-t-il.
6. Publicité, image de marque et marketing
Des marques se créent déjà une présence dans des environnements de réalité virtuelle. Par exemple : Hyundai Motor Company avec la Hyundai Mobility Adventure, sur la plateforme de jeu Roblox ou Warner Bros. Pictures qui a organisé une fête virtuelle sur Roblox pour promouvoir son film D’où l’on vient. En France, AXA est dans la même logique exploratoire.
Dans un post sur LinkedIn de novembre 2020, Tilak Mandadi, directeur de la technologie et du numérique de Disney Parks, Experiences and Products Inc., a pour sa part annoncé le projet de « parc à thème du métavers » de Disney, « lieu de convergence des mondes physique et numérique via des “wearables”, des smartphones et des points d’accès numériques qui plongent les hôtes dans des expériences de métavers. »
Tilak Mandadi citait comme technologies sous-jacentes la vision par ordinateur (computer vision), la compréhension du langage naturel (NLP), la réalité augmentée, l’intelligence artificielle et les objets connectés (IoT).
7. Locaux numériques
Les pionniers explorent aussi l’immobilier numérique. « Les investisseurs se jettent sur les salles de concert, les centres commerciaux et d’autres biens immobiliers dans le métavers », constate un article du The New York Times.
L’immobilier virtuel est extrêmement spéculatif, mais pas que. « Roblox, Minecraft, le métavers créent un environnement et donc des lieux », explique Nicolas Avila. « Et cet espace permet d’entrer en contact avec les consommateurs. »
Par exemple, un restaurant pourrait créer une présence dans un métavers pour que les clients qui y sont puissent commander facilement un plat à emporter ou en livraison. Nicolas Avila imagine une expérience Web3 dans laquelle l’utilisateur entrerait dans ce restaurant virtuel, paierait en cryptomonnaie ou en devises réelles et gagnerait des points fidélité que le commerçant pourrait suivre électroniquement.
8. Nouvelles sources de revenus
Certains biens et services n’existent déjà que dans le monde numérique.
Gucci s’est allié à Superplastic, société spécialisée dans le divertissement et les produits, pour créer une série limitée de NFT à collectionner. Ralph Lauren vend des vêtements pour avatars et Nike a créé un NFT lié à sa contrepartie dans le monde réel.
Les grands noms de la mode vendent des vêtements et des accessoires qui n’existent qu’en version numérique. Ils suivent ainsi la voie tracée depuis longtemps par les plateformes de jeu, et porteuse d’opportunités pour l’ensemble des acteurs économiques.
La vente d’actifs numériques pourrait ouvrir des perspectives intéressantes pour beaucoup, conclut Nicolas Avila.
9. Vie professionnelle plus connectée
Un cas d’usage intéressant pour les entreprises réside dans la promesse que la réalité mixte, et plus précisément augmentée améliorerait les performances des collaborateurs.
Dans un métavers, les flux d’informations pourront renforcer l’efficacité et la productivité, assure Tuong H. Nguyen.
En guise d’illustration, il imagine un cas d’usage dans le métavers : des techniciens en tournée d’inspection sur une commune pourraient, grâce au métavers, afficher des informations numériques utiles en superposition sur les équipements réels. Ainsi, un technicien pourrait inspecter un feu tricolore signalé comme hors service, obtenir des détails supplémentaires sur le problème et, dans la foulée, indiquer que la réparation a été effectuée. Le métavers pourrait en plus servir à informer d’autres techniciens ou les habitants de la réparation, depuis la même plateforme.
10. Autres expériences à imaginer
Les DSI et les responsables métiers vont devoir cerner les limites du métavers, ses bénéfices et les enjeux de sécurité qu’ils posent. Il leur faudra aussi résoudre les problèmes techniques. Pour cette raison, la plupart des cas d’usage du métavers sont encore à imaginer.
« Comme le smartphone […], les nouvelles technologies n’arrivent pas avec un mode d’emploi. Les grammaires d’usage ne sont pas encore faites. Les grands cas d’utilisation sont à inventer », rappelle Bertrand Wolff, spécialiste en réalité virtuelle et augmentée pour les entreprises.
Les plateformes du métavers vont modifier nos modes d’interaction au fur et à mesure de leur maturation, mais au final, le changement sera considérable », assure Tuong H. Nguyen
« [La maturation du métavers] va transformer les interactions entre humains, avec le numérique, et de numérique à numérique », conclut-il. « C’est pour cela que la plupart des cas d’usage sont encore largement à trouver. » Et que les analystes IT invitent d’ores et déjà les DSI à se préparer.