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L’essentiel pour comprendre la « Supply Chain Finance »

La « supply chain finance » est une activité de prêts, que proposent certains éditeurs, pour améliorer les BFR des acteurs d’un écosystème. Cette intermédiation permet de retarder ou d’avancer des paiements et de jouer sur la gestion des comptes et des crédits fournisseurs.

Qu’est-ce que la « supply chain finance » ? La « supply chain finance » consiste à créer un écosystème financier (le terme « finance » de l’expression) entre des fournisseurs et des clients B2B, pour assurer la pérennité de tous les acteurs de la chaîne (les termes « supply chain », donc).

Concrètement, au travers d’un tiers (un éditeur), les entreprises peuvent demander à financer directement leurs factures (affacturage inversé ou Reverse Facturing) ou à l’inverse proposer un paiement anticipé en échange d’un escompte sur le total de la facture (Dynamic Discounting).

Des fournisseurs technologiques deviennent prestataires financiers

L’éditeur IT joue alors le rôle d’intermédiaire à la fois technologique – pour enregistrer les demandes au travers d’une solution logicielle – et financier – pour gérer les flux de cash.

« Il s’agit d’activités bancaires de crédit qui sont très réglementées », souligne Pascal Houillon, directeur général de Cegid. Techniquement, elle consiste « à acheter de la dette [N.D.R. : celles des clients qui demandent une avance de trésorerie] et à la vendre à des institutions financières ». Autrement dit, l’éditeur va titriser une dette – il ne finance pas les demandes des clients avec ses propres fonds – puis la revendre à des institutions (comme JP Morgan ou Unicredit).

L’activité est qualifiée de « disruptive » par Emmanuel Olivier, directeur général d’Esker, puisqu’il s’agit d’une solution pour se financer en dehors des partenaires traditionnels des entreprises, c’est-à-dire des banques.

Elle sort également les éditeurs historiques de leurs rôles de purs fournisseurs techniques pour en faire de véritables Fintechs.

Quel est l’intérêt de la « supply chain finance » pour une entreprise ?

L’intérêt de la supply chain finance est multiple. « Vous pouvez vouloir gérer les échéances, c’est-à-dire retarder ou accélérer le paiement d’une facture pour répondre à des besoins de financement à l’intérieur de la relation client fournisseur », explicite Emmanuel Olivier.

« Quand [un éditeur] fait cela, il fait du financement interentreprises », ajoute-t-il. « En résumé, la supply chain finance, c’est utiliser ses relations commerciales pour financer son BFR [besoin en fonds de roulement, N.D.R.] ».

La supply chain finance invite également à raisonner en « écosystème ».

« Toutes les entreprises ont un réseau de fournisseurs et de prestataires autour d’elles qu’elles ont besoin de maintenir, parce que perdre un fournisseur critique a une influence directe sur votre propre performance », constate Emmanuel Olivier.

« Les liquidités et le cash sont l’oxygène dont les entreprises ont besoin pendant les cycles économiques difficiles et pour leurs périodes de croissance », renchérit Cédric Bru, le CEO d’origine française de la fintech spécialiste du domaine, Taulia.

Dans cette optique, la « supply chain finance » complète les avances de trésoreries ou les délais de paiement supplémentaires que peuvent se concéder des partenaires qui se font mutuellement confiance (solution interentreprises), en permettant des prêts pour jouer sur les échéances des factures, sur l’étalement des paiements, sur les discounts, et plus largement sur la gestion des comptes et des crédits fournisseurs.

Quels éditeurs font de la supply chain finance ?

Le concept de supply chain finance n’est pas nouveau. Mais, souligne Emmanuel Olivier, c’est un sujet et une demande qui montent en puissance. « C’est un enjeu majeur pour les décennies à venir », considère en tout cas le Président du Directoire d’Esker, Jean-Michel Bérard.

Signe de cette évolution – qui est également un relais de croissance pour les éditeurs – plusieurs acteurs IT ne cachent plus leurs ambitions de « disrupter » les banques.

En janvier 2022, SAP a ainsi racheté Taulia. En avril 2022, Esker a pris une participation dans son partenaire américain LSQ – un investissement qualifié de « stratégique » par l’éditeur lyonnais. Et début juin, l’éditeur français d’ERP et de solutions comptables, Cegid, a officialisé son intérêt pour cette activité d’intermédiation financière qu’il voit comme un axe de développement prometteur. Il y a fort à parier que beaucoup d’autres acteurs IT de la gestion financière vont rapidement faire de même.

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