Les outils d'administration de la virtualisation s'améliorent..un peu
Les outils d'administration de environnements virtualisés sont-il aujourd'hui à niveau ? Cet article expert tente de répondre à cette question en revenant notamment sur les contraintes qu'impose la virtualisation, par rapport aux environnements plus traditionnels.
Comme le veut l'adage répandu, l'évolution de la technologie a toujours quelques longueurs d'avance sur ses outils de surveillance. Ainsi, les responsables informatiques ont souvent un train de retard lorsqu'il s'agit de rechercher les outils nécessaires pour administrer les nouveaux systèmes qui leur conféreront des avantages potentiels considérables. C'est le cas en matière d'outils d'administration virtualisés. Alors que les entreprises étendent la portée de leurs systèmes virtualisés, une foultitude d'éditeurs développent des produits destinés à superviser ces systèmes.
Et si les entreprises ont l'embarras du choix, les jeux de fonctionnalités qu'affichent ces éditeurs restent en deçà des attentes de leurs clients. « Les éditeurs ont fait des progrès considérables en matière d'outils d'administration de serveurs virtualisés, mais il reste encore beaucoup à faire », explique Dave Bartoletti, analyste sénior chez Forrester Research Inc.
Ce fossé tient aux changements intervenus dans les exigences en matière d'outils d'administration virtuelle. Il y a des années de cela, les serveurs étaient « prêts à l'emploi » et les administrateurs système passaient leur temps à aller d'une machine à l'autre au moyen d'outils d'administration conçus pour s'immiscer dans un ordinateur, examiner son fonctionnement puis définir des moyens de tirer la quintessence des performances de chaque serveur.
En termes de performances, sur un serveur physique, les goulets d'étranglement étaient relativement faciles à localiser, car les fonctions de traitement étaient associées à des composants spécifiques. Si une application était continuellement à court de stockage, il suffisait à l'entreprise d'ajouter les ressources adéquates.
Aujourd'hui, lorsqu'une entreprise est confrontée à des problèmes de virtualisation spécifiques, elle peut recourir à des outils tiers proposant des fonctions robustes ; toutefois, ces outils se focalisent sur des niches plutôt que sur un marché général.
Mais ce modèle d'administration s'accommode mal du mode de fonctionnement des systèmes virtualisés. Ici, les charges de travail ne sont pas associées à des systèmes spécifiques. Au lieu de cela, les tâches se déplacent dynamiquement entre différentes machines, et il devient alors plus difficile de suivre l'activité de chaque composant du fait du nombre très élevé d'éléments interconnectés. Sur un serveur virtuel, un problème de performances peut découler de la contention au niveau d'un disque ou de la sur-allocation de la mémoire vive du serveur.
Les outils d'administration physique offraient des indications grossières sur le niveau d'activité (faible ou élevé) des composants et sur la capacité brute utilisée. Or, les entreprises souhaitent disposer des mêmes informations sur les systèmes virtualisés via des outils d'administration.
« Avec les serveurs virtuels, la question n'est cependant pas de savoir quelle puissance de traitement se trouve sur un serveur donné, mais quelle capacité est disponible dans le pool de systèmes », explique Bartoletti. Ce niveau de visibilité est impossible dans le monde réel. Dans l'univers des systèmes virtuels, il est en cours.
Des solutions potentielles ont vu le jour sous la forme d'un mélange plus ou moins heureux chez certains éditeurs aux points de vue divergents. Les éditeurs de solutions de virtualisation, tels que Citrix Systems, Microsoft et VMware, se sont installés sur le segment de l'administration et ont remporté quelques succès.
Forte de 75 ans d'activité, l'entreprise Columbia Sportswear Co. est à la pointe du mouvement de la virtualisation. En 2009, l'entreprise décide de construire un nouveau datacenter capable de prendre en charge ses 4 000 utilisateurs et ses 700 téraoctets (To) d'informations. « Nous avions besoin d'améliorer nos capacités de reprise sur incident », explique Michael Leeper, Directeur chargé de l'infrastructure technique mondiale chez Columbia Sportswear. En effet, l'entreprise avait subi des coupures d'alimentation sur son datacenter de Tokyo après le tsunami de mars 2011.
Elle décide donc de construire un nouveau datacenter et, après examen initial, constate que le déplacement des anciens serveurs vers la nouvelle infrastructure nécessite autant de travail que leur migration vers un environnement virtualisé. Aussi, l'entreprise — qui avait virtualisé environ 25 % de ses applications — décide-t-elle que la quasi-totalité de celles-ci s'exécuteront sur un serveur virtualisé.
Avec le gros de son infrastructure exécuté dans un environnement virtuel, le fabricant de vêtements de sport avait besoin d'une visibilité accrue sur ces systèmes. Après évaluation des différentes possibilités, Columbia Sportswear opte pour la solution VMware VMware vCloud Suite. Lorsque, quelques années auparavant, l'entreprise avait rapidement examiné le système, son évolutivité suscitait des interrogations. Cependant, d'après Leeper, VMware avait, depuis, fait des progrès considérables dans le domaine, et que la solution présente un avantage supplémentaire, son degré de visibilité au niveau des hyperviseurs serveur.
Parallèlement aux éditeurs de solutions de virtualisation, des éditeurs de solutions d'administration système établis, tels que BMC Software, CA Technologies, Hewlett-Packard, IBM et Dell Software, ont étendu leurs gammes de produits à de nouveaux outils d'administration de virtualisation. Dans certains cas, ces fournisseurs ont développé des fonctionnalités en interne, dans d'autres, ils les ont obtenues par l’acquisition de start-ups axées sur cette pratique.
Lorsque l'on recourt aux produits d'un éditeur établi, le caractère familier des produits constitue un avantage : les administrateurs informatiques sont déjà rompus au fonctionnement de l'interface utilisateur. Inconvénient toutefois, l'intégration entre les outils d'administration physique et virtuelle peut s'avérer laborieuse, car ces éléments affichent des conceptions initiales différentes.
Des outils sont également disponibles auprès d'éditeurs tiers. Les éditeurs de logiciels indépendants, tels qu'Embotics, Netuitive et ToutVirtual, se concentrent sur le développement de solutions hautement fonctionnelles destinées aux systèmes virtualisés. Aujourd'hui, lorsqu'une entreprise est confrontée à des problèmes de virtualisation spécifiques, elle peut recourir à des outils tiers proposant des fonctions robustes ; toutefois, ces outils se focalisent sur des niches plutôt que sur un marché général.
Si les fournisseurs font des progrès, il reste encore beaucoup à faire. « Pour le moment, nous pouvons examiner le fonctionnement d'une application dans un environnement virtualisé. Il reste cependant difficile d'obtenir une vue exhaustive du fonctionnement de l'ensemble de nos ressources système », explique Leeper.
Ainsi, les clients peuvent avoir bien du mal à concevoir des configurations optimales. Fournir de telles caractéristiques n'est pas chose facile. Les fonctions de surveillance ajoutent une gestion induite aux ressources système ; leur exécution permanente nuit alors aux performances du système. De plus, les entreprises ont la possibilité de collecter de telles quantités de données que le seul fait de les rendre pertinentes constitue en soi un défi. Aussi, les clients réclament-ils, entre autres, des outils analytiques plus efficaces.
Autre besoin émergent : l'intégration entre serveurs virtuels et systèmes en cloud. « Le déploiement de charges de travail de plus en plus importantes dans des environnements en cloud va de pair avec le besoin croissant de mesurer en temps réel performances et disponibilité », explique Mary Johnston Turner, Vice-président chargé de la recherche pour l'administration des systèmes d'entreprise chez IDC.
L'auteur
Paul Korzeniowski est rédacteur indépendant, spécialisé dans l'informatique en cloud et les thèmes liés aux datacenters. Il vit à Sudbury, Massachussetts. Vous pouvez le contacter à l'adresse [email protected].