Le stockage Flash au cœur des datacenters d’ici à 2020
La migration rapide des entreprises européennes vers des systèmes de stockage full Flash pourrait bien être la bonne surprise et avoir des effets positifs sur une économie morose.
Les baies de stockage Flash sont les chouchous du marché du stockage en Europe. Ils sont désormais plus populaires que les systèmes à base de SSD et surtout, sont presque aussi déployés en Europe qu’Etats-Unis, constatent les observateurs du marché.
Les baies full-Flash font partie des trois options d’intégration de la mémoire Flash dans les systèmes d’entreprise. Pour faire simple, il s’agit d’une baie de stockage externe, emplie de mémoire Flash ; mais la réalité est bien plus compliquée.
Ces baies comprennent généralement plusieurs formes de SSD (comme la RAM pour le caching) et peuvent proposer plusieurs niveaux de stockage, avec différents types de Flash. Comme avec les disques rotatifs où SAS est choisi pour la performance et SATA pour la capacité, les différents types de Flash excellent séparément, chacun dans un domaine de compétences.
Plus proche du monde des disques traditionnels, on retrouve les baies hybrides. Celles-ci comportent des étages Flash pour les données chaudes mais conservent des disques rotatifs pour leur capacité. Résultat : un coût global abaissé, avec toujours une faible latence, grâce à la Flash, pour les applications.
On peut aussi évoquer la Flash côté serveur, si l’on aborde la problématique de la performance. Généralement connecté via un bus PCie et via des protocoles NVMe pour éviter toute latence, ce dispositif peut accélérer de façon significative un serveur hôte, mais son caractère physique rend difficile son partage avec d’autres applications sur d’autres serveurs. Néanmoins, il trouve sa place dans certains domaines comme l’hyperconvergence, qui associe serveur, stockage et ressources réseaux.
Selon IDC, un bouleversement sismique se produit actuellement dans l’IT en Europe : les systèmes de stockage haut de gamme traditionnels perdent du terrain au profit des baies full-Flash. Silvia Cosso, analyste au sein du cabinet, note que le marché des systèmes de stockage externes en EMEA a baissé de 11% en un an, à 1,63 milliard de dollars. Dans ce contexte, les ventes de systèmes haut de gamme ont reculé de 33% ; les ventes de full-Flash ont quant à elles bondi de 113%.
« Les baies full-Flash connaissent une croissance linéaire – cela est incroyable. D’ici à 2019, elles couvriront tout le spectre des systèmes primaires et 80% de toutes les baies comporteront des éléments de Flash. Les baies Flash hybrides représenteront 50% de ce marché », soutient Silvia Cosso.
« Nous pensons que toutes les workloads primaires seront servies par la Flash dans les 5 prochaines années », assure quant à lui Simon Robinson, vice-président en charge du stockage chez 451Research.
« C’’est juste une question de budget. Les entreprises dans le monde, et particulièrement en Europe, ont prolongé l’usage de leurs systèmes. Cela est passé de 3 à 4 ans au lieu de 5 à 6 ans.»
Dépasser les craintes de la Flash
Selon lui, l’un des avantages est de pouvoir sauter une génération car lorsque ces systèmes de stockage de 2009 et 2010 seront rafraîchis, les utilisateurs auront le choix de passer directement des disques rotatifs au tout Flash.
« Un point intéressant est que seule une poignée de start-ups se soit positionnée sur le segment des baies Flash hybrides – Nimble, Tegile et Tintri par exemple. Elles disposent désormais toutes de baies full-Flash. Un signe que ce 100% Flash est devenu courant », explique-t-il.
A l’origine, la Flash a souffert de son image très grand public, présente dans les appareils photos numériques et les smartphones. Des doutes quant à la longévité de ses capacités d’écriture ont également été émis. Même si les fabricants ont résolu ces problèmes ont développant des composants de meilleure qualité et en ajoutant des couches de tolérance aux pannes, des craintes subsistent.
Selon Silvia Cosso, l’industrie a fini par surmonter sa peur de la Flash. « La Flash était perçue comme une technologie à risque, mais cela ne s’est pas avéré. La Flash est probablement une des innovations qui s’est engouffrée le plus rapidement dans les entreprises », commente-t-elle. « Nous constatons dans nos études une baisse du nombre de personnes qui écartent la Flash de leur SI. Le nombre d’échecs et de défaillances a été très réduit. »
La Flash hybride à l’avant-garde
Un point que partage Simon Robinson. « Aujourd’hui, la réalité est que la plupart des entreprises ont déployé de la Flash comme un composant d’une baie hybride. Tous les fournisseurs proposent une option Flash, avec des capacités de migration automatique des données », affirme-t-il. « Dans une étude mondiale menée auprès de 250 entreprises, 54% disposaient d’un étage Flash dans leur SAN ou leur NAS, un tiers affirmaient avoir de la Flash quelque part dans leurs serveurs, et 22% disposaient de baies full-Flash ».
« Les baies full-Flash ont réellement changé cela et sont la nouvelle technologie à plus forte croissance depuis des années. Elles sont toujours plus chères que les baies classiques, mais des technologies comme la déduplication de données et la compression abaissent le prix comparé aux baies à base de disques. »
Pourtant un facteur qui tend la prise de décision porte sur leur capacité d’administration. Cela s’est arrangé, mais pour démarrer, seules les baies hybrides proposent des fonctions que l’on peut espérer attendre d’un système de stockage d’entreprise.
L’Allemagne et le Royaume-Uni en tête du marché
« L’Allemagne est le marché n°1 en termes de baies hybrides car le marché allemand reconnait la valeur de la Flash, mais il reconnait également qu’il existe davantage de fonctions liées à l’administration dans les baies hybrides », explique Silvia Cosso.
« Au début, presque tout se passait au Royaume-Uni – nombre de start-ups américaines attaquent l’Europe à partir du UK – et aujourd’hui, le Royaume-Uni reste n°1 des baies full-Flash en matière d’adoption. Les pays nordiques et le Benelux ont rattrapé leur retard et sont proches du Royaume-Uni. France reste à la traine et l’Europe du Sud encore plus, mais ils rattrapent leur retard. La Flash se vend partout. Cela a commencé par une solution à usage unique, mais désormais migre vers des workloads variées – je considère cette consolidation comme clé. »
« L’adoption de la Flash a été forte au Royaume-Uni et en Allemagne et particulièrement dans les grandes et moyennes entreprises », soutient Simon Robinson. « Elles ne séparent pour autant pas de leur SAN. Elles sont implémentées pour les nouvelles workloads, comme le VDI, mais aussi pour les bases de données et l’analytique. »
Il ajoute que les intentions d’achats portent plus les baies full-Flash et pas sur la Flash côté serveur. Cela est révélateur du fait que les équipes stockage des entreprises préfèrent le stockage externe. « Là où la Flash côté serveur a sa carte à jouer est dans l’hyperconvergence et certains spécialistes se portent bien en Europe », ajoute-t-il.
Traduit et adapté par la rédaction