Le FinOps, ou comment maîtriser les coûts du cloud
Un des atouts du cloud est, dit-on, son coût plus flexible et proche de son utilisation réelle. Mais les coûts de cette forme de consommation de l’IT peuvent aussi être mal maîtrisés. Olivier Rafal, de SFEIR, explique comment éviter ce piège grâce à une nouvelle discipline : le FinOps.
La vocation du cloud est d’aider les entreprises à créer de la valeur, de façon plus simple et plus rapide. Si un service numérique rencontre très vite le succès, les coûts de l’infrastructure cloud augmenteront en conséquence ; c’est logique. Mais comment s’assurer que la hausse des dépenses reste acceptable ? Comment, même, réduire certains coûts ?
C’est là qu’une nouvelle discipline entre en jeu : le FinOps.
Qu’est-ce que le FinOps ?
Contraction des termes « finances » et « opérations », le « FinOps » vise à s’assurer qu’une entreprise utilise ses ressources cloud de la façon la plus efficiente possible.
Il s’agit d’éviter les dépenses inutiles, de réduire les coûts là où cela est possible sans dégrader la performance, mais aussi de planifier les dépenses et d’investir en toute connaissance de cause.
Une entreprise qui atteint un certain niveau de maturité de FinOps sait exactement combien lui coûte le client d’un service métier, et comment ce coût pourrait varier en ajoutant telle ou telle fonctionnalité.
Comment organiser le FinOps ?
La démarche FinOps doit être animée par une personne responsable du sujet. Cette personne devra travailler, grâce à la mise en place d’un vocabulaire commun, avec plusieurs acteurs de l’entreprise :
- les décideurs, métiers et dirigeants, qui connaissent la valeur et la priorité des services métier à mettre en œuvre ;
- les équipes IT (développement et production), qui doivent trouver le bon rapport coûts/performances/temps passé ;
- les contrôleurs de gestion, qui supervisent le coût des projets et planifient les dépenses.
Comment mesurer l’efficacité du FinOps ?
Le FinOps est une démarche progressive, d’amélioration continue. Néanmoins, les premiers résultats peuvent arriver rapidement si les premières étapes sont respectées.
Il est important, dès les premiers pas du FinOps, de labelliser les ressources et d’exporter l’ensemble des données de facturation dans une base analytique.
Cela permettra par exemple d’identifier des ressources très utilisées, qui pourraient faire l’objet d’une réservation auprès du fournisseur de cloud. L’analyse peut aussi révéler que le coût d’un service métier est anormalement élevé. Il s’agira alors de comprendre pourquoi et quelles solutions adopter.
Par exemple : couper ce service la nuit et le week-end. Ou le changer d’environnement technique. Réécrire le code. Ou encore, diminuer le temps de conservation d’une donnée, etc.
L’outillage du FinOps
Aucun logiciel n’est spécifiquement requis pour démarrer une démarche FinOps. Dans la pratique, toutefois, il s’avère rapidement nécessaire de s’outiller – le plus souvent en s’appuyant sur l’existant.
En premier lieu, il s’agit de collecter et d’analyser la donnée. L’analyse pourra se faire a posteriori, pour déterminer quelles ressources réserver, ou bien en temps réel, pour surveiller des anomalies.
Cela pourra être automatisé, simplement, en définissant des alertes lorsqu’un seuil est franchi, ou de façon plus fine, avec du machine learning, pour déceler des tendances.
La démarche pourra également profiter des outils de workflow et d’orchestration, pour automatiser l’envoi d’alertes et de recommandations, voire pour appliquer certaines mesures déclenchées par des événements.
Être clair sur les objectifs du FinOps et acculturer
La stratégie FinOps doit s’aligner sur la stratégie de l’entreprise, c’est de celle-ci que découleront les objectifs fixés aux équipes IT et finances.
Dans tous les cas, les objectifs doivent être clairs, mesurables et récompensés. Les équipes peuvent chercher, par exemple, à économiser suffisamment pour pouvoir embaucher une personne supplémentaire.
La stratégie de l’entreprise peut aussi dicter une utilisation économe des ressources. Chacun contribuera alors aux efforts de réduction de l’empreinte environnementale, en intégrant une notion de sobriété numérique dès la conception des services.
Un changement culturel doit donc s’opérer, c’est pourquoi le FinOps est une démarche qui demande du temps et de l’accompagnement.
Olivier Rafal est Principal Strategy Consultant de SFEIR. Ancien Vice-Président de Teknowlogygroup, il a été journaliste IT pendant plus de 15 ans et analyste et consultant pendant une dizaine d’années. Il est auteur d’un livre blanc sur le FinOps et est titulaire de la certification de praticien FinOps, délivrée par la FinOps Foundation et la Linux Foundation.