La sauvegarde s’adapte aux nouvelles contraintes des entreprises
Si la sauvegarde conserve son rôle initial de copie ultime des données en cas de défaillance des systèmes primaires, elle se transforme aujourd’hui pour répondre à des contraintes plus larges de protection. Le point sur l’état du marché.
La sauvegarde est historiquement l’un des composants majeurs de la gestion des données dans une entreprise. La mission des logiciels de sauvegarde est de fournir une copie des données primaires que l’on puisse restaurer en cas de défaillance des serveurs, du stockage ou d’erreur humaine.
Comme le rappelle d’ailleurs justement Philippe Ponti d’IBM, les innovations récentes dans le backup comme l’intégration des snapshot, l’ajout de fonctions de reprise rapide ou d’archivage n’ont pas éliminé le besoin d’origine de la sauvegarde. Il est toujours aussi important de disposer d’une copie de façon à se protéger contre les défaillances ou contre des événements improbables comme un bug dans le microcode des baies de stockage.
Mais si ce besoin de disposer d’une copie de sauvegarde ultime reste inchangé, la protection de données est en pleine évolution.
Les SI tolèrent de moins en moins les interruptions
Tout d’abord parce que les contraintes de production et de disponibilité des entreprises ont profondément évolué. Comme l’indique Patrick Rohrbasser, le patron de Veeam en France, l’informatique des entreprises a évolué de façon radicale. « Chez la plupart des clients, le SI fonctionne désormais en mode 24/7 et cela a profondément modifié la donne pour la sauvegarde. Aujourd’hui les attentes des métiers sont de remonter rapidement l’information après un crash. Nous avons des clients qui ont des engagements de restauration en 5 minutes, là où il y a dix ans ils auraient toléré un délai de quelques heures ou de quelques jours. Cela modifie fondamentalement l’approche de la sauvegarde ».
Comme dans d’autres domaines, la virtualisation des serveurs a eu un profond impact sur la façon dont les backups sont réalisés. Auparavant il fallait déployer des agents sur tous les serveurs physiques. Désormais, les logiciels de sauvegarde s’intègrent avec les API spécifiques des hyperviseurs (comme VADP de VMware). Au passage ils bénéficient des capacités nouvelles offertes par ces API comme la gestion des changements de blocs de données (ou CBT pour Changed Block Tracking).
Des logiciels de sauvegarde de plus en plus sophistiqués
De plus en plus les logiciels de sauvegarde voient leurs fonctions s’enrichir. Par exemple, la plupart des solutions incluent aujourd’hui des fonctions d’« instant recovery », permettant à partir de données de sauvegarde de redémarrer rapidement une VM depuis un stockage de protection.
Symantec NetBackup, par exemple, est conçu pour s’interfacer avec de multiples technologies de snapshot et son composant NetBackup Replication Director permet de maintenir un contrôle sur le processus de réplication de snapshots, mais aussi sur la restauration depuis ces snapshots.
IBM de son côté gère les snapshots VMware via FlashCopy Manager et supporte aussi les snapshots NetApp pour la réalisation de sauvegardes incrémentales. EMC Networker supporte depuis longtemps les snapshots en mode bloc mais aussi en mode fichiers des baies VNX, Isilon et NetApp. Commvault, via sa technologie IntelliSnap, fournit un framework unifié pour la gestion des snapshots de multiples constructeurs et d’hyperviseurs. HPE enfin, supporte l’intégration des snapshots dans Data Protector et propose également des capacités d’instant recovery dans son logiciel.
Le stockage de protection poursuit sa transformation
Si les logiciels de sauvegarde évoluent pour devenir des tours de contrôle des opérations de protection de données, l’infrastructure de stockage de protection a elle aussi connu de profondes modifications au cours des dix dernières années.
La sauvegarde sur bande a peu à peu cédé la place à des appliances de sauvegarde sur disques dédupliquées telles que les baies Data Domain d’EMC, les StoreOnce D2D d’HP, les DXi de Quantum, ou les appliances ProtecTIER d’IBM. La bande est désormais reléguée, pour l’essentiel, aux opérations d’archivage. Elle reste également utilisée par certaines entreprises comme support d’externalisation ultime.
Certains fournisseurs ont quant à eux opté pour un modèle intégré de type appliance qui réunit dans un système tout en un stockage de protection et logiciel de sauvegarde. C’est par exemple le cas chez Symantec, chez ArcServe, chez Unitrends, mais aussi chez un nouveau venu comme Rubrik.
Comme l’explique Christophe Bertrand, le vice-président produit d’ArcServe, « Les appliances sont pour nous un moyen de fournir une solution optimisée avec déduplication à un coût inférieur à celui d’un logiciel couplé à une appliance de déduplication spécialisée ». C’est aussi un moyen pour l’éditeur d’ouvrir la porte vers ses services de disaster recovery en cloud ou vers ceux proposés par ses partenaires.
Ces nouveaux stockages de protection intègrent désormais systématiquement des capacités de déduplication de données (à la cible ou à la source) et permettent à la fois de réduire l’empreinte des données stockées et de réduire le volume des données transitant sur le SAN lors des sauvegardes.
La plupart de ces systèmes de stockage de protection s’appuient encore sur des approches scale-up, mais l’on voit progressivement émerger des approches de type scale-out. Ce qui permet à la fois d’améliorer la capacité, les performances et la résilience du stockage de protection en ajoutant des nœuds additionnels.
Dans certains cas, ces stockages de protection disposent de capacités additionnelles en matière d’indexation, d’analytique, etc.
C’est en fait toute la galaxie des outils et d’infrastructures de protection de données qui est en train de connaître une évolution en profondeur. Elle s’adapte aux nouvelles contraintes de production des entreprises. Une évolution que nous allons détailler plus avant dans les articles suivants de ce dossier.