L’essentiel sur GoFAST : la GED devenue alternative souveraine à Office 365
L’éditeur français GoFAST a enrichi sa solution historique de GED pour en faire une suite collaborative. Disponible en SaaS souverain, sur site, ou sur Outscale et OVH, elle cible les le secteur public, mais pas que.
GoFAST, de l’éditeur CEO-Vision, est historiquement une solution de GED qui s’appuie sur le code open source d’Alfresco. L’outil a depuis évolué et se présente comme une « alternative souveraine et Open Source à Office 365/Sharepoint/Teams ».
Concrètement, GoFAST est devenu une « plateforme » collaborative composée d’un espace de gestion de fichiers (la GED historique), d’une suite collaborative pour éditer ces documents, d’un éditeur de workflow, d’une messagerie instantanée et d’une visioconférence.
Une suite collaborative qui s’appuie sur l’open source
Dans la continuité de la GED d’Alfresco (dont CEO-Vision reprend la Community Edition indépendante de Hyland), la suite s’appuie sur des briques open source : OnlyOffice (bureautique), Apache Solr (moteur de recherche), BonitaSoft (BPM), Jitsi (visio), Riot Matrix (Instant Messagerie), et Drupal.
GoFAST ne propose cependant pas de CMS. « Drupal est le composant qui est utilisé pour gérer l’interface web », explique Christopher Potter, président et fondateur de CEO-Vision. « Pour la petite histoire : l’interface “Share” d’Alfresco a été jugée trop limitée en ergonomie et en possibilités d’évolution [pour la] pérennité [de la suite]. Nous l’avons donc remplacée par Drupal. Un choix stratégique qui s’est avéré être le bon », se félicite-t-il aujourd’hui.
Côté concurrence, l’éditeur présente ses offres comme des alternatives à Nuxeo, Google Docs, Dropbox, ou donc Office 365.
On notera en revanche l’absence d’une messagerie dans la suite. « Il y a déjà la partie “live”, avec le tchat et la webconférence, en alternative à Microsoft Teams. Pour la messagerie classique, nous travaillons avec des partenaires (dont Bluemind) », répond Christopher Potter qui concède « de plus en plus de demandes pour avoir une messagerie directement intégrée ». Un prochain chantier prioritaire ?
GoFAST est maintenant en v4. La mise à jour la plus visible est une modernisation majeure de l’interface utilisateur. Une interface « Essential » pour les débutants et utilisateurs occasionnels a également été rajoutée.
CEO-Vision a relancé récemment une version Community totalement gratuite. « Elle est containérisée. C’est un type d’architecture technique qui préfigure la future GoFAST Enterprise ».
Côté fonctionnel, CEO-Vision peaufine la connexion à un parapheur de signature du plus haut niveau eIDAS (Qualified Electronic Signature). Une fonctionnalité qui permettra bientôt de signer des documents importants (cession, marchés, etc.) sans les envoyer à travers le cloud « pour des raisons évidentes de confidentialité ».
Une alternative souveraine
La solution de CEO-Vision se veut « CLOUD Act free » (sic). Elle est disponible en deux grandes versions qui justifient chacune cette appellation de « souveraine ».
Christopher PotterCEO-Vision
La première (« Enterprise On Premise SaaS ») ouvre la possibilité d’un hébergement sur site ou chez l’hébergeur de son choix (d’où le nom de « SaaS »). « Le client a sa plateforme GoFAST dédiée. C’est comme avoir son Office 365 – Teams – Sharepoint à soi (ou bien son WhatsApp) à soi, contrairement aux offres “cloud mutualisé” des GAFAM », précise Christopher Potter.
« À part pour l’hébergement qui dépend du choix du client, les services sont les mêmes : veille technologique, sécurité, supervision applicative, maintenance avec toutes les mises à jour (même majeures), support utilisateurs », continue le responsable. « L’objectif est de proposer “le meilleur des deux mondes” [avec] un modèle économique qui simplifie la vie des DSI : interlocuteur unique, engagements/garanties, réactivité/agilité. Le tout avec une technologie Open Source ».
La très grande majorité des clients de la suite (80 %) choisiraient cette option, souligne Christopher Potter.
En mode réellement SaaS (c’est-à-dire clef en main et totalement gérée par CEO-Vision), la seconde version, « Enterprise SaaS Cloud », repose sur l’infrastructure de Via Numerica, rachetée en 2019 par Celeste.
Pile entre les deux, GoFAST est disponible sur la marketplace souveraine d’OVH et propose une option de déploiement accompagné sur Outscale. « Nous sommes donc en mesure de proposer GoFAST “SecNumCloud” », avance Christopher Potter.
Les assurances d’OnlyOffice
Alors qu’un doute a commencé à planer – après des accusations d’organisations ukrainiennes – sur des liens supposés entre la société qui chapeaute le projet OnlyOffice, Ascensio System SIA, et la Russie – des accusations démenties par la société en question – Christopher Potter se montre confiant.
« OnlyOffice certifie, par écrit, ne plus avoir de liens significatifs avec la Russie », explique le président de CIO-Vision au MagIT. « Par ailleurs, le code est open source et auditable par tous », ajoute-t-il.
Une suite qui cible le secteur public (mais pas que)
La suite collaborative de GoFAST cible les comptes à partir de 250 utilisateurs et jusqu’à 10 000 collaborateurs.
Christopher PotterCEO-Vision
« Toutes les structures ont besoin d’une solution comme GoFAST », lance le fondateur de CEO-Vision, qui constate cependant que « le secteur public est plus avancé sur les questions de souveraineté et de l’Open Source que le secteur privé ».
Parmi les clients de sa suite alternative à Office 365, CEO-Vision cite par exemple l’Enabel (Agence Fédérale belge), l’EMCDDA (Agence européenne), la région Bourgogne Franche Comté, l’Université du Mans, les Conseils Départementaux de l’Aude et de la Haute-Savoie, ou encore les villes de Caluire et de Rillieux-la-Pape.
L’éditeur évoque également d’importants PoC pour le ministère de l’Intérieur.
« Pour les agents de l’État, Office 365 (SaaS) n’est plus autorisé dans de nombreux cas. Certaines collectivités territoriales anticipent le même type de restriction [pour elles] », note Christopher Potter. « Il y a donc un intérêt de plus en plus marqué pour respecter le plus possible la circulaire “Cloud au Centre” ».
« Mais il reste une marge importante de progression », confie-t-il au MagIT, « notamment au niveau des entreprises privées, au moins pour la protection de leurs données sensibles (propriété intellectuelle, dataroom, données de R&D, etc. »
Certaines entreprises auraient cependant pris conscience de ces problématiques de contrôle de leurs patrimoines documentaires comme Botanic, Republic Technologies ou encore Deveryware (clients qui ont déployé cette suite).
CEO-Vision a aujourd’hui l’ambition de s’attaquer au marché américain. « Car au-delà des aspects de sécurité/souveraineté que nous valorisons en Europe, nous avons un concept disruptif et une solution très efficace au quotidien, plébiscités par les utilisateurs », vante Christopher Potter. Exister en France face à Microsoft et Google est déjà un défi. Aller les concurrencer sur leur marché domestique sera une (tout) autre histoire.
Article initialement publié en janvier 2021 et mis à jour en août 2023.
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