Gestion du cycle des VM : prenez garde à l’immortelle VM

Faut-il oui ou non miser sur des VM persistantes dans le temps et s’épargner les mises à jour applicatives et celles des OS ? Cet article d’expert aborde la notion d’immortalité des machines virtuelles, un concept avec lequel nombre d’entreprises doivent composer dans le cadre de leur gestion du cycle de vie de leurs machines virtuelles.

Un ordinateur devrait-il être immortel ? Tout comme l’immortalité humaine, celle de l’ordinateur semble attirante jusqu’à ce qu’on y regarde de plus près. De toute évidence, les ordinateurs physiques ne sont pas immortels, puisque tout ce qui comporte des pièces en mouvement s’use et se dégrade, jusqu’au jour où il cesse de fonctionner. Les machines virtuelles (VM), à l’inverse, ne sont que des fichiers. Tant que les fichiers existent, la machine existe. Faute d’une vraie gestion du cycle de vie de ses VM, une entreprise risque ainsi de se retrouver avec des VM hors d’âge qui semblent immortelles.

Par le passé, les mises à niveau des systèmes d’exploitation (OS) étaient effectuées lors du remplacement du matériel. Quand le matériel semblait prêt à rendre l’âme, le service informatique achetait un nouvel ordinateur et y installait un nouvel OS. Celui-ci était indispensable puisque lorsqu’ils mettaient sur le marché du nouveau matériel, les fournisseurs informatiques ne fournissaient les pilotes que pour les systèmes d'exploitation les plus récents. Qui disait nouvel OS, disait donc aussi fréquemment nouvelle version des applications, si bien que celles-ci étaient régulièrement mises à jour et remplacées.

Les machines virtuelles ont bouleversé ce cycle naturel. C’est désormais l’hyperviseur qui est mis à jour, tandis que la VM continue de fonctionner sans se rendre compte qu’elle a changé de support physique. Nous ne mettons plus à niveau nos systèmes d’exploitation ni nos applications tandis que, au fil des années, le matériel vieillit. Conséquence : le système d’exploitation et les applications de nos VM sont immortels. J’ai récemment vu une application critique qui fonctionnait sous Windows NT 4.0, un OS vieux de 17 ans.

Comment cette machine a-t-elle pu rester en fonctionnement si longtemps ? De toute évidence, à un moment, il aurait fallu la remplacer. Mais comme il n'y a pas eu de moment critique où ce serait devenu inévitable, elle a continué à fonctionner tranquillement. La machine virtuelle a continué à faire son travail, comme elle l’avait toujours fait, si bien qu’il n’y avait aucune raison impérieuse de la mettre à niveau ou de la remplacer.

Faut-il mettre les machines virtuelles au repos ?

Réfléchissez néanmoins à l’incidence que cela a sur les coûts de support. Par le passé, la plupart des ordinateurs en entreprise fonctionnaient avec la dernière ou l’avant-dernière version d’OS existante. Les machines virtuelles, elles, peuvent comporter quatre à cinq versions différentes. Or, il y a peu de chances que vous trouviez un antivirus d’entreprise, un outil de sécurité ou de gestion des actifs informatiques ou encore un dispositif de surveillance qui couvre autant de versions – sans parler du personnel, qui doit avoir les compétences nécessaires pour gérer tous ces OS. Nombre de professionnels IT étaient encore sur les bancs de l’école il y a quinze ans, quand Windows NT 4.0 était la norme. Comment s’en sortiront-ils quand ils devront résoudre des problèmes de support sur de tels dinosaures informatiques ?

Cette situation n’est ni souhaitable, ni économiquement rentable, et les machines virtuelles immortelles pourraient bien devenir le même cauchemar que COBOL quand le fameux passage à l’An 2000 est apparu. Les départements informatiques d’entreprise pourraient bien avoir  besoin des services d’un vieux sage à barbe blanche qui se souvienne encore du temps où ces vieux systèmes étaient neufs.

Alors comment, finalement, les départements IT pourront-ils résoudre le cauchemar des VM immortelles ? J’entrevois deux approches stratégiques pour gérer le cycle de vie des VM.

Gouvernance volontariste pour empêcher l’immortalité. Si le département IT est en mesure d’imposer une politique de gestion du cycle de vie des VM qui n’autorise qu’un certain nombre de versions d’OS dans leur datacenter, les VM les plus anciennes devront obligatoirement être mises à niveau à la sortie d’un nouvel OS. Le plus souvent, c'est au département qui utilise l’application que reviendra alors l’amer privilège de payer pour la mise à niveau, voire de trouver une nouvelle application qui sera prise en charge par le nouvel OS – et ce sans en tirer aucun profit, ce qui sera source de ressentiment de la part de son service IT. Si pareille démarche est source d’économies pour le département IT central, elle peut en revanche coûter cher aux secteurs concernés.

Acceptez l’immortalité. Cessez de courir comme le hamster dans sa roue, acceptez vos vieux OS et vos applications antiques. Bâtissez une culture de la transmission dans vos rangs, pour que vos informaticiens les plus jeunes soient formés aux systèmes plus anciens par ceux qui les ont installés. Les vieux outils continuent de faire ce qu’ils ont toujours fait. Si c’est tout ce dont l'entreprise a besoin, pourquoi les mettre à niveau ? Concentrez vos ressources et investissez dans les mises à niveau uniquement dans les domaines où c’est indispensable à l’activité de l’entreprise. Dépensez moins d’argent en mises à niveau et en correctifs, et davantage en création de valeur.

La virtualisation a bouleversé l’informatique dans de nombreux domaines. Le cycle de mise à niveau des OS est l’un d’eux, qui oblige aujourd’hui l’IT à prendre des décisions réfléchies pour des questions qui ne se posaient pas avant la virtualisation. L’équipe IT doit s’impliquer activement et adopter une stratégie claire de gestion du cycle de vie pour éviter les problèmes de support des VM immortelles.

Traduit et adapté d’un article anglais rédigé par Alastair Cooke publié sur le site SearchServerVirtualization

 

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