ERP cloud d’accord, mais de quel « cloud » parlons-nous ?
Le « cloud » est un terme marketing qui peut créer une confusion sur l’infrastructure qui est réellement proposée pour faire tourner un ERP. Petit rappel pour aider les décideurs à s’y retrouver.
Le « cloud computing » peut signifier des choses bien différentes. Il crée encore sans doute, une certaine confusion dans l’esprit de nombreux décideurs – surtout lorsqu’ils ne sont pas des experts de l’IT.
Vrai cloud et faux cloud
« Le cloud est plus un nom générique qui désigne un package et une manière de consommer de la technologie », définit Stephen Moss, ancien VP chez un service provider américain (PCM). « Beaucoup de personnes sont un peu perdues, et quelquefois trompées, à cause des options de déploiement que les éditeurs mettent derrière le mot cloud. Des fois, il ne s’agit que du bon vieux model de hosting qui prend simplement ce que vous avez sur site pour le mettre dans le datacenter du fournisseur. »
Dans ce cas, aussi appelé « Lift & Shift », le cloud n’en est pas vraiment. On est plutôt en présence d’un outsourcing classique ou de services managés – des options qui existent depuis des décennies.
Par opposition, le cloud implique que – en plus de l’infrastructure – les logiciels soient pris en charge, livrés, maintenus, patchés, mis à jour et upgradés par le fournisseur. On parle alors de SaaS (logiciel à la demande, ou Software as a Service).
Par définition, le cloud est donc plus flexible et dynamique que l’outsourcing.
Cloud public et cloud privé
Reste à savoir de quel type de « vrai cloud » on parle. Car il en existe deux.
Le choix d’un type de cloud a en effet des répercussions importantes sur les coûts, la réactivité, l’évolutivité et la sécurité d’un ERP cloud. Sans oublier les possibilités de personnalisations, qui varient également d’un type de cloud à l’autre et d’une offre à l’autre (PaaS ou pas PaaS ?).
Quand on parle de « cloud », sans autre précision, on entend le plus souvent « cloud public ». Dans ce cas, toute l’infrastructure est gérée par le fournisseur (AWS, Azure ou Google par exemple) et le logiciel est géré par l’éditeur (SAP ou Infor par exemple). À noter que certains éditeurs se proposent de gérer les deux (comme SAP, Oracle ou Microsoft avec Dynamics 365).
Dans un cloud privé, l’infrastructure est dédiée au client, et peut être gérée par un prestataire de services (Capgemini, Atos, etc.).
La différence entre les deux est majeure. Dans un environnement « public », le déploiement est « multi-tenant ». C’est-à-dire que l’infrastructure sous-jacente (serveurs, stockage, base de données) est partagée entre plusieurs clients. Résultat, les coûts sont mutualisés et les prix plus abordables.
Dans un environnement « privé » – aussi appelé « single-tenant » –, le client a sa propre base de données, son propre code et sa propre instance. Résultat, les coûts sont plus importants, mais le contrôle, la sécurité et la personnalisation sont aussi plus grands.
Cloud hybride et multicloud
Aujourd’hui, la plupart des grandes entreprises ont fait des choix qui mélangent un peu des deux.
On parle aussi de stratégie multicloud. Cela signifie que ces entreprises utilisent plusieurs clouds – de plusieurs types (public, privé) et de plusieurs fournisseurs. Il est aussi possible de ne migrer qu’une partie des workflows dans le cloud tout en conservant une autre partie de ses outils sur site (« on premise »). On parle alors de cloud hybride.
Le but de ces architectures évoluées est de tirer parti des avantages de chaque option pour chaque workload et d’équilibrer au mieux les coûts et l’agilité (lire par ailleurs notre guide Cloud Hybride, Multi-Cloud, APIs : comment bien administrer une architecture IT hétérogène).
Dans le cas des ERP, le multicloud est souvent nécessaire dans la mesure où les fournisseurs ne proposent pas toujours toutes les fonctionnalités en mode SaaS dont les clients ont besoin. On peut ainsi créer des passerelles entre un ERP cloud d’un éditeur et un CRM cloud d’un autre éditeur.
Le cloud hybride, lui, est adapté pour certaines données confidentielles qui peuvent, d’un point de vue réglementaire ou stratégique, devoir rester dans les murs de l’entreprise.
Cloud hybride et multicloud peuvent, eux aussi, se mélanger. Des opérations comme la distribution ou la gestion des entrepôts peuvent être découpées en process qui seront, pour les uns, maintenus sur site, et pour d’autres, migrés vers un fournisseur (ou des fournisseurs) cloud.
Parlez bénéfices et coûts, pas infrastructure
La clef pour choisir son type de cloud et moderniser son ERP est de bien comprendre ces grands principes… et de les faire comprendre au plus haut niveau de l’entreprise !
L’autre écueil pour l’IT dans un projet de migration vers un ERP de nouvelle génération est d’aller trop loin dans la technicité (même si celle-ci est indispensable pour mener concrètement le projet à bien).
« Ne vous attardez pas trop sur les types de clouds », recommande KPMG. « Parlez plutôt de leurs bénéfices et de leurs coûts. En tant qu’acheteur, c’est ce qui m’importerait le plus pour ma décision ».