Corda (R3) : ne l'appelez surtout pas « Blockchain »
Réponse des banques aux blockchains des acteurs technologiques, ce registre distribué est prometteur. Mais plusieurs points invitent à rester prudent sur une offre qui, par ailleurs, refuse le terme de Blockchain.
Historiquement, Corda est une réponse d'un consortium de banques (R3) aux blockchains comme Hyperledger, Ethereum et Quorum ou Ripple. Leur idée était qu'elles ne pouvaient pas laisser une technologie au potentiel aussi disruptif pour leurs métiers dans les mains de tiers.
La philosophie de Corda est la même que celle d'Hyperledger même si elle a, de fait, moins de fonctionnalités et que la gouvernance du projet fonctionne moins bien que celle de la Linux Foundation.
Les banques ne sont en effet pas habituées à gérer des communautés sur le modèle des fondations open-source. Ni à faire du logiciel.
Résultat, le projet a pris beaucoup temps pour sortir une blockchain qui soit utilisable, s’est peut-être un peu dispersé en prospectant d’autres secteurs métier (assurance, santé, énergie …) et surtout a induit de la confusion dans ses utilisateurs potentiels en refusant de se qualifier de « blockchain ».
Même les membres de R3 se sont mis à utiliser d'autres blockchains !
JP Morgan, par exemple, était initialement dans R3 avant de lancer Quorum (tout en participant au développement de Hyperledger).
Techniquement, Corda est codée avec le langage de programmation moderne Kotlin (qui s’exécute avec la machine virtuelle Java), les smart-contracts pouvant être écrits en Kotlin ou en Java.
Ce n'est pas le seul choix atypique fait par R3. Le consensus par exemple, est différent des traditionnels Preuves de travail (Proof of Works, PoW) et Preuve d'autorité (Proof of Authority). Il repose sur la notion de service de notaire, qui est chargé de contrôler et de signer les transactions dans le réseau. Chaque service est paramétré avec son propre algorithme de consensus (RAFT, BFT ou autre) et peut cohabiter avec d’autres sur le même réseau, pour répartir la charge et améliorer la vitesse de traitement des transactions.
Résultat : Corda est une solution de choix, mais elle est atypique, et ne possède pas, par ailleurs, de caractéristiques clefs que n'auraient pas d'autres solutions, en particulier une taille critique d’utilisateurs qui garantirait sa pérennité.
On ne saurait trop recommander la prudence et attendre pour voir l'évolution de cette offre open source en fonction de l'implication de sa communauté et des membres de l'association R3.
Mi-mai 2018, les banques HSBC et ING ont indiqué qu'elles avaient réalisé la première opération de financement de négoce international (lettre de crédit) en conditions réelles, pour la société Cargill, en utilisant Corda.