Convergé, intégré, hyperconvergé : quelles différences ?
Systèmes convergés, intégrés et hyperconvergés se multiplient sur le marché, mais il est parfois difficile de s’y retrouver entre les appellations utilisées par les différents constructeurs. LeMagIT fait le point.
Depuis quelques années, les grands de l’informatique proposent des solutions d’infrastructure pré-assemblées, dont le but est de livrer aux clients des solutions d’infrastructure généralistes préconfigurées et pré-validées. Ces solutions combinent serveurs, stockage et équipements réseaux et sont prêtes à l’emploi.
L’un des objectifs de ces plateformes est d’éliminer les risques et les incertitudes liés à l’intégration des différents composants d’une solution d’infrastructure (serveurs, réseau, stockage…). Un autre est d’accélérer les déploiements et le provisioning de nouveaux services. Un dernier, enfin, est de simplifier l’exploitation des infrastructures en harmonisant les consoles, en facilitant l’administration au quotidien.
Entre intégré et convergé, une question d’usage
Selon la distinction faite par IDC, les solutions d’infrastructure intégrées sont conçues comme des systèmes prêts à l’emploi combinant l’ensemble des technologies nécessaires pour permettre une mise en route quasi instantanée d’une application spécifique. Un exemple type est l’appliance ExaData d’Oracle ou les appliances SAP HANA d’HP, Fujitsu-Siemens ou Dell. Les solutions d’infrastructure convergées, quant à elles, ont un objectif généraliste et sont en général conçues pour accueillir une plateforme de virtualisation comme VMware vSphere ou Microsoft Hyper-V.
Le premier bénéfice de ces solutions pré-configurées est que les équipes IT peuvent les mettre en œuvre très rapidement – en général en quelques heures ou quelques jours, contre plusieurs semaines pour une solution traditionnelle – et ainsi répondre plus vite aux demandes des utilisateurs. Un autre bénéfice immédiat est que l’apprentissage de ces solutions est plus rapide que celui d’un système disparate. Ce qui fait que l’exploitation en est simplifiée – la console d’administration unifiée permet en général de piloter et de surveiller l’ensemble des composants de la solution de façon cohérente. Le support fourni est aussi en général assuré par un interlocuteur unique.
Au cours des deux dernières années, l’offre de systèmes intégrés et convergés s’est largement développée sur le marché. L’offre leader du secteur est l’offre vBlock de VCE, la filiale d’EMC. Derrière, on trouve aussi les systèmes Converged System d’HP, les Active Systems de Dell, les Unified Compute Platform d’Hitachi Data Systems, l’Oracle Virtual Compute Appliance, etc.
Les architectures de référence : une variante sur le prêt à l’emploi mono-constructeur
L’une des caractéristiques de la plupart des systèmes convergents est leur nature mono-fournisseur. Cette caractéristique est parfois un obstacle pour certaines entreprises. C’est la raison pour laquelle, on a aussi vu émerger à côté des systèmes convergents une formule intermédiaire, celle des architectures de référence.
Ces architectures sont en quelque sorte des recettes de cuisine permettant à des intégrateurs de construire des systèmes convergents à partir de composants provenant de constructeurs multiples. Les architectures de référence de base permettent la mise en œuvre d’infrastructures virtualisées, mais d’autres sont conçues pour permettre le déploiement rapide de logiciels comme Exchange, SQL Server, SharePoint, Oracle.
Les architectures FlexPod de NetApp permettent ainsi de combiner le stockage de NetApp avec les serveurs et les équipements réseaux de Cisco tout en offrant le choix entre de multiples solutions d’administration. Les architectures VSPEX d’EMC permettent, quant à elles, de combiner les baies de stockage EMC avec des serveurs tiers comme ceux de Bull, Cisco ou HP et avec des solutions réseaux de Cisco, Brocade ou Extreme Networks. Selon le nombre d’utilisateurs cibles, il n’est pas rare de voir un constructeur proposer plusieurs architectures de référence différentes tirant parti de différents logiciels cibles (vSphere, Hyper-V, Exchange, Citrix XenDesktop, VMware View, Oracle, SAP ERP, SAP HANA).
Au final, le choix entre l’approche systèmes convergés et l’approche architectures de référence dépend largement du type de besoin et du type de relation contractuelle que l’on souhaite avoir avec son fournisseur. Les systèmes convergés sont ainsi vendus et supportés par un constructeur unique et peuvent être dimensionnés pour faire face aux besoins de moyennes comme de grandes entreprises. Les configurations sont standards d’un client à un autre ce qui simplifie le support, la validation des pilotes et micrologiciels, etc.
Les architectures de référence quant à elles, mimiquent les principaux attributs des systèmes convergés mais sont souvent proposées par des intégrateurs et assemblées à la demande en fonction du besoin de l’entreprise cliente. De ce fait, elles n’ont pas forcèment le caractère industriel des systèmes convergés comme peuvent les proposer des constructeurs comme VCE ou Oracle.
Les architectures hyperconvergées : la vraie convergence
Malgré le qualificatif dont les ont affublés les constructeurs, les systèmes et architectures convergés ne sont pas plus convergés que des systèmes traditionnels. À bien y regarder, ce sont plutôt des systèmes pré-intégrés. Leur architecture fondamentale n’est pas différente de celle d’une architecture IT traditionnelle, puisque l’on retrouve dans un rack les mêmes serveurs, baies de stockage, commutateurs Ethernet et de SAN iSCSI ou ou Fibre Channel que dans une architecture IT standard.
La vraie convergence est le fruit d’une nouvelle génération de systèmes, dits hyperconvergés. Ces systèmes sont l’œuvre de fournisseurs comme Nutanix, Simplivity, VMware ou Atlantis et leur pricipaux atouts ne résident pas dans le matériel mais dans la couche logicielle qui les motorise. Le concept commun qui les anime est simple. Chaque serveur est à la fois un élément de « compute » virtualisé et de stockage. Il participe à un système distribué dont la puissance et la capacité s’accroissent avec le nombre de nœuds. Le stockage partagé dans le cluster est le fruit de l’agrégation logicielle de la capacité de stockage des différents nœuds.
Par exemple, chez Nutanix, la sauce secrète est un système de fichiers distribué, baptisé NDFS, qui permet d’agréger la capacité de stockage des nœuds en un espace de stockage unique à haute performance, mis à la disposition des machines virtuelles installées sur le cluster. Sans ce système de gestion de fichiers distribué, il n’y aurait tout simplement pas de Nutanix. De même dans les appliances VMware EVO:Rail, la magie repose sur le système de fichier maison VSAN (virtual SAN).
Les architectures hyperconvergées sont innovantes dans la mesure où elles contribuent grandement à la simplification du datacenter en éliminant le stockage externe et la connectique associée. L’interrogation qui subsiste à propos de ces architectures porte toutefois sur leur aptitude à tenir la charge et sur leur résilience.
De même, des questions se posent encore sur la richesse des services associés à la couche de stockage hyperconvergée. Mais la technologie semble prometteuse. Nutanix a convaincu Dell et Lenovo de proposer leurs propres appliances prêtes à l’emploi basées sur sa technologie logicielle (en plus de celle qu’il vend lui-même sur base de nœuds SuperMicro). VMware a lui convaincu plusieurs grands constructeurs de commercialiser sa technologie hyperconvergée EVO:Rail, tandis que Simplivity a séduit Cisco et Lenovo.
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