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Comment réduire l’empreinte écologique du poste de travail ?
Atos a partagé plusieurs conseils pour faire baisser l’empreinte écologique des postes de travail sans altérer l’expérience utilisateur. Parmi elles, le reconditionnement, la remise à neuf, l’exploitation des heures creuses, ou encore la sensibilisation des employés. Avec à la clé des économies qui peuvent, dans certains cas, se chiffrer en millions d’euros.
Comment réduire l’empreinte écologique de son IT d’entreprise ? Cette question – de plus en plus sensible – Atos l’a posé dans un rapport sur la durabilité de l’environnement de travail numérique.
Cette étude met en évidence « des niveaux élevés de gaspillage endémique » dans l’industrie informatique alors même que d’autres études (évoquées par l’ESN) rappellent que 57 % des émissions des TIC proviennent des équipements et des espaces de travail.
Elle rappelle que comme 79 % de l’empreinte carbone d’un laptop est produite lors de sa fabrication, et que chaque nouvel appareil génère environ 338 kg d’équivalent CO2, une des mesures les plus efficaces est d’allonger le cycle de vie des ordinateurs.
Augmenter la durée de vie des appareils n’impacte pas l’expérience utilisateur
Or, ajoute Atos, ces cycles de vie des appareils pourraient être prolongés sans compromettre la satisfaction de l’utilisateur. « Rien qu’en augmentant le cycle de renouvellement standard de trois à quatre ans, les entreprises peuvent réduire de 25 % les émissions de l’appareil sans en dégrader les performances ni affecter l’expérience de l’utilisateur », insiste l’ESN.
La performance des appareils commence à décliner à partir de la 4e année. Il est néanmoins possible de la rebooster avec une simple augmentation de la RAM, souligne Atos.
Windows 11 étant par ailleurs compatible avec 96 % des ordinateurs portables, il n’est pas nécessaire de les changer pour bénéficier de l’OS de Microsoft (l’IA pourrait reposer la question).
Reconditionnement (remanufacturing) et remises à neuf (refurbishing)
Mieux, le rafraîchissement des appareils – en fonction de données issues de leur état – combiné à du reconditionnement permettrait d’atteindre une durée de vie qui peut aller de 8 à 10 ans (soit un doublement du cycle de vie des appareils).
Un chiffre est intéressant sur ce point, 76 % des ordinateurs portables des grandes entreprises pourraient être reconditionnés. Quant aux 24 % restants, ils pourraient soit être remis à neuf, soit recyclés, et contribuer ainsi à l’économie circulaire.
« Le “remanufacturing” (reconditionnement) ressemble à la construction d’un nouveau poste de travail, où on assemble plus d’une trentaine d’éléments (clavier, mousepad, port USB, élément Bluetooth, etc.), suivi de tests de qualité industrielle. Le processus prend entre 4 et 6 heures. Il ne peut pas se faire sur des laptops difficilement réparables (par exemple parce qu’ils utilisent de la colle ou qu’ils sont soudés) », rappelle au MagIT Sebastien Vibert, Solution Manager chez Atos.
Dans ce cas, le refurbishing (remise à neuf) est une solution. « Le refurbishing est une “mise à jour” plus légère. Il consiste à réinstaller le système d’exploitation, réparer les composants cassés et améliorer le “look-and-feel” (comme repeindre le poste de travail, les lettres et chiffres effacés sur le clavier, etc.) » différencie Sebastien Vibert. « Le process de mise à jour prend entre 40 minutes et une heure. Et il peut se faire sur tous les postes de travail ».
Une économie d’énergie de 1,2 million € par an
Dans cette approche de la durabilité de l’IT, le rôle des employés s’annonce clé. Et a priori positif.
75 % des employés indiquent par exemple qu’ils seraient prêts à conserver leurs appareils plus longtemps s’ils étaient au courant des bénéfices environnementaux d’une telle pratique.
Toujours coté employés, éduquer sur les comportements est un autre levier d’action pertinent.
Atos constate en effet que 16 % des appareils resteraient allumés en permanence.
« Notre partenaire Nexthink a réalisé une étude de cas pour un client industriel qui possédait 95 000 appareils de bureau. Plus de la moitié n’était jamais éteinte la nuit et plus d’un cinquième n’était jamais éteint le week-end (mode veille inclus) », explique Sebastien Vibert. « Concrètement, cela se traduisait par plus de 5 000 GWh de gaspillage par an et des émissions de plus de 190 tonnes de CO2 ».
Pour cette entreprise, éteindre complètement les appareils se traduirait par des économies de coûts « qui auraient pu atteindre environ 1,2 million d’euros par an ».
Éduquer les employés sur les heures « vertes » et « creuses »
Le coût écologique de la consommation électrique est un facteur à prendre en compte. D’après Gartner, cette consommation représente en moyenne 21 % de l’empreinte carbone totale du poste de travail.
Or l’intensité carbone de l’énergie peut fluctuer jusqu’à 2,3 fois au cours de la journée du fait que « le réseau électrique utilise des proportions d’énergie renouvelable et non renouvelable de manière dynamique dans la journée », explique Sebastien Vibert.
Informer les utilisateurs sur les meilleurs moments pour utiliser le réseau électrique – et passer à l’alimentation par batterie – contribuerait à une meilleure efficacité énergétique. L’idée est d’avoir la même approche qu’avec les véhicules électriques qui sont chargés la nuit, lorsque la demande est plus faible (les heures creuses) et que l’énergie est plus verte.
On pourrait croire cette recommandation moins pertinente pour la France où l’électricité est très faiblement carbonée. Il n’en est rien, insiste Sebastien Vibert.
« Même en France il y a un impact. À 5h du matin, [l’électricité génère] 16 g CO2eq/kWh, et à 19h, 39 g CO2eq/kWh », illustre-t-il.
On ne peut modifier que ce que l’on peut mesurer
Autre recommandation d’Atos : pour modifier, il faut pouvoir mesurer. D’où l’importance pour les entreprises d’accéder à des données « exhaustives et en temps réel » pour progresser dans la tenue de leurs objectifs environnementaux (ce que l’ESN propose évidemment).
« Cette étude prouve qu’une gestion durable de l’environnement de travail par la mise en œuvre de processus et de bonnes pratiques n’est ni longue ni coûteuse », conclut Atos. « Les organisations peuvent en effet tirer rapidement parti de ces enseignements ».
Pour arriver à ces chiffres et à ces recommandations, Atos a analysé, avec l’aide de Nexthink, Tier1 et Circular Computing, 28,5 millions d’appareils utilisés par de grandes entreprises et des ETIs.