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Cinq choses à savoir sur les services de fichiers en cloud
Cet article fait le point sur le fonctionnement, les avantages, les limites, les fournisseurs et l’écosystème des services de fichiers en cloud dans un contexte où ils sont susceptibles de remplacer des NAS locaux.
Les services de fichiers en cloud sont souvent présentés comme des remplaçants des NAS. Des acteurs comme Nasuni, Panzura et Ctera revendiquent même d’offrir une alternative de qualité professionnelle aux équipements que les grands constructeurs installent sur site. D’autres avancent que leurs services de fichiers en ligne permettraient d’économiser plus de 80 % des coûts comparativement à un NAS local.
Il y a les éditeurs spécialisés qui publient leurs services de fichiers en ligne depuis des clouds publics, mais il y a aussi les hébergeurs de cloud qui proposent eux-mêmes des alternatives. Et puis, les grands acteurs historiques du NAS sont également de la partie : citons IBM et NetApp. Ce dernier propose ses NAS en ligne en complément de ses équipements sur site, ou alors noue un partenariat avec AWS pour qu’il revende en ligne sa technologie de NAS.
Brent EllisAnalyste, Forrester
« L’objectif est de créer un système de fichiers distribué à l’échelle mondiale, afin que les collaborateurs d’une entreprise puissent accéder à leurs fichiers depuis n’importe quelle filiale, depuis n’importe quel endroit du monde où ils puissent se déplacer. Mais il y a aussi l’objectif de remplacer les environnements NAS traditionnels », commente Brent Ellis, analyste chez Forrester.
« Les changements récents dans la façon dont nous travaillons ont incité beaucoup d’entreprises à adopter ces services. Mais pour être tout à fait honnête – même avant la pandémie –, les entreprises étaient motivées par le fait de payer une souscription (Opex) au lieu d’avoir à acheter un matériel qu’elles devaient ensuite amortir (Capex) », ajoute-t-il.
1/ Les services de fichiers en cloud, et ce qu’ils ne sont pas
Au plus bas niveau, les services de fichiers en cloud offrent aux entreprises une infrastructure virtuelle préconfigurée avec un système de fichiers. Elle sert à stocker des documents ou autres fichiers que l’on appelle des « données non structurées », par opposition aux informations stockées dans des bases de données.
Il est important de distinguer les services de stockage en mode fichier des services de stockage en mode bloc. Ces derniers seront plutôt utilisés soit pour accompagner des applications de bases de données, soit pour servir de partition système aux machines virtuelles. Un service de stockage en mode fichiers repose très souvent sur un service de stockage en mode objet auquel le fournisseur ajoute un mode de présentation en fichiers, via les protocoles NFS et/ou SMB.
Ces protocoles sont ceux des NAS sur site. Le service de stockage en mode fichier fonctionne ainsi exactement de la même manière qu’un NAS local, mais avec l’avantage supplémentaire de pouvoir y accéder à distance.
Il faut également distinguer les services de fichiers en cloud des services de partage et de synchronisation de fichiers pour les individus, comme Dropbox, Box, ou même Google Drive et Microsoft OneDrive. Ces services sont orientés grand public ; ils ne disposent pas des fonctions d’administration et de contrôle des accès que l’on trouve sur les offres conçues pour les entreprises. De plus, ils consistent la plupart du temps à répliquer – à synchroniser plutôt – des fichiers qui se trouvent sur l’ordinateur personnel de l’utilisateur.
Le stockage de fichiers en cloud fournit la commodité d’accès à l’utilisateur final et un contrôle au niveau de l’entreprise.
2/ Services de fichiers en cloud : Les avantages
Au départ, les entreprises peuvent considérer les services de fichiers en cloud comme un moyen de se débarrasser du matériel sur site et de toutes les dépenses liées à leur exploitation. Les services en cloud offrent également résilience et redondance, car les données sont situées hors site. Enfin, ils permettent d’augmenter bien plus rapidement la capacité de stockage disponible : plus besoin de recourir à de longues mises à jour matérielles, il suffit de spécifier une nouvelle capacité dans la console d’administration.
Sur le long terme, les entreprises conservent le stockage de fichiers en cloud pour sa flexibilité. « Nous constatons que les utilisateurs convertissent les dépenses d’achat pour un NAS en dépenses d’exploitation pour des licences par utilisateur. Cela signifie qu’elles adaptent très facilement leurs coûts à leurs besoins réels. De plus, grâce à ces services, leurs collaborateurs peuvent être plus mobiles. Il n’y a même plus à configurer de VPN pour leur permettre d’accéder à un NAS interne depuis l’extérieur des locaux de l’entreprise », explique Brent Ellis.
« Les services de fichiers en cloud peuvent également atteindre des niveaux de disponibilité plus élevés que les systèmes sur site », ajoute-t-il, en faisant remarquer que le fournisseur s’occupe lui-même d’éviter les pannes. Et la solidité du service est même un point sur lequel les fournisseurs appuient pour montrer leur différence : au-delà des pannes, les comptes utilisateurs sont rigoureusement sécurisés, les fichiers sont sauvegardés et il est possible d’en restaurer des versions plus anciennes.
On y trouve également des fonctions collaboratives, comme le verrouillage des fichiers pour empêcher les utilisateurs d’écraser le travail des autres. Ces derniers temps, s’est ajoutée la possibilité de spécifier la zone géographique où les données sont stockées, ce qui est important pour la conformité au RGPD ou à d’autres réglementations similaires.
3/ Services de fichiers en cloud : Les limites
Revers de la médaille, comme pour tout service en cloud, il est nécessaire de pouvoir y accéder avec une bande passante suffisante si l’on ne veut pas souffrir de ralentissements. Ce point est d’autant plus important lors de la migration initiale entre un NAS sur site et un service de stockage en ligne.
Pour résoudre le problème de la bande passante, des fournisseurs comme Ctera et NetApp proposent d’installer une appliance locale qui gère le téléchargement et la synchronisation continus des fichiers. Cette solution est particulièrement utile pour les succursales ou les bureaux distants qui peuvent manquer de connectivité.
Brent EllisAnalyste, Forrester
Une autre limite est plus contractuelle que physique : il faut faire attention aux obligations des fournisseurs en cas d’incident.
Quelles mesures le fournisseur a-t-il mises en place pour sauvegarder les données et assurer le basculement ? Si une entreprise transfère des fichiers vers le cloud pour réduire les dépenses, il est possible qu’elle ne dispose plus de matériel sur site pour récupérer et restaurer entièrement les données. Ceci est d’autant plus critique si le service est utilisé pour des données de production, plutôt que pour une application telle que l’archivage.
Les responsables informatiques doivent également tenir compte du degré de contrôle qu’ils auront sur les ressources. « Généralement, avec le cloud ou la tarification basée sur la consommation, vous n’avez pas de limites de capacité strictes. Dès lors, les coûts peuvent devenir incontrôlables si aucun collaborateur ne fait jamais de ménage dans ses fichiers, si tout le monde conserve tout, y compris les fichiers qui n’ont plus lieu d’être », note Brent Ellis.
Il recommande aux entreprises de souscrire à des fonctions optionnelles comme le contrôle robuste des comptes et le transfert automatique des données les moins utilisées vers un stockage moins cher.
Les fournisseurs ont aussi tendance à laisser entendre qu’ils offriront une capacité infinie. Il est utile de vérifier les tailles de volume qu’ils proposent réellement et de voir si elles sont pratiques et adaptées aux flux de travail de l’entreprise.
Enfin, comme pour tout stockage en cloud, les entreprises doivent vérifier combien on leur facture la lecture ou la récupération des données stockées en cloud. En effet, le trafic réseau n’est gratuit que lorsque l’on enregistre des données vers le cloud.
4/ Services de fichiers en cloud : Les principaux fournisseurs
Les fournisseurs spécialisés dans les services de fichiers en cloud comprennent Nasuni, Ctera et Panzura.
- Nasuni propose un système de stockage basé sur les fichiers et les objets qui peut fonctionner sur AWS, GCP ou Azure.
- Ctera met l’accent sur sa prise en charge de la collaboration, de la synchronisation et du partage de fichiers en entreprise. Il insiste aussi sur son intégration à Office. Son offre repose également sur les services de stockage objet des principaux hébergeurs de cloud.
- Panzura cite également la collaboration comme l’une de ses caractéristiques, ainsi que le remplacement des NAS et des appliances de sauvegarde.
- NetApp propose le service prêt à l’emploi Cloud Volumes for File Sharing, ainsi que des baies de stockage virtuelles qui peuvent servir aussi bien en mode bloc que fichier, dans l’offre Cloud Volumes ONTAP. La différence est que la seconde offre doit être configurée par l’entreprise. Ces services sont accessibles en NFS, SMB et iSCSCI, chez AWS, Azure et GCP.
- IBM propose dans son propre cloud public des capacités de stockage de fichiers allant jusqu’à 12 000 Go.
5/ Services de fichiers en cloud : Fournisseurs de cloud ou solutions spécialisées ?
Les fournisseurs de solutions spécialisées mettent en avant des fonctionnalités qui ne sont généralement pas propres à un périphérique NAS, comme des outils collaboratifs ou des appliances physiques à installer sur site pour accélérer les accès. Ils font la promotion de leurs services de sauvegarde avancés, de leurs tarifs adaptés à la taille des entreprises, dont les plus petites.
Les services proposés par les fournisseurs de cloud eux-mêmes ciblent plutôt les applications gourmandes en données, comme la gestion de contenu, les médias, ou l’analytique. Ces applications fonctionnent en cloud et nécessitent un stockage basé sur des fichiers ; remplacer les NAS locaux est donc ici hors de propos.
Cela étant dit, les solutions spécialisées sont basées sur les services des hébergeurs de cloud. Il est donc possible d’opter pour les unes ou pour les autres selon le degré de fonctionnalités, de fiabilité et de coût que recherche une entreprise.