BPM vs iBPM : existe-t-il une frontière entre les deux ?
Quelles sont les différences entre BPM et iBPM ? Ce BPM intelligent est-il une extension du BPM ou quelque chose d’unique ? Esther Shein fait le point dans cet article
D’abord il eut le formulaire électronique. Puis suivit le workflow qui s’est transformé en gestion de processus métier et en plateforme BPM. Aujourd’hui, le concept d’iBPM fait surface – « i » pour intelligent.
La frontière entre BPM et iBPM est assez floue, pensent les observateurs du secteur. Et la seule façon de choisir entre ces deux options dépend inévitablement des besoins métiers. « L’iBPM s’inspire partiellement de la couche analytique qui manque au BPM », croit savoir Steve Weissman, fondateur du cabinet de conseil Holly Group. Avec le BPM, les entreprises écrivent les règles métier. L’iBPM pourrait consister à réaliser une partie de la logique, sans intervention humaine, bâtie sur de l’analytique. »
La transition vers l’iBPM
Certains fournisseurs ont accroché le sceau iBPM à leur offre, car ils n’ont fait qu’ajouter quelques nouvelles fonctions, « mais il s’agit du même marché et des mêmes évolutions », constate de son côté Caly Richardson, analyste principal chez Forrester Research. Il considère que les 2 termes sont interchangeables. Pour lui, l’ensemble du marché du BPM mute actuellement pour supporter la très en vogue transformation numérique.
« Si vous considérez le numérique, on assiste à des nouveaux cas d’usage dans le BPM, autour de la mobilité et du BPM dans le Cloud », ajoute-t-il. « Je ne pense pas qu’un nouveau produit ait émergé. Les cas d’usage évoluent, les produits changent, mais c’est toujours le marché du BPM. »
Si par exemple, une entreprise envoie des agents de terrain inspecter des éoliennes, ceux-ci utiliseront des tablettes lors de leur opération de maintenance. Dans le passé, ils auraient fait leurs relevés, seraient retournés à leur véhicule ou leur bureau, se seraient identifiés à un système pour y charger les informations, commente l’analyste.
Avec l’iBPM, une fois l’information entrée, l’agent peut être guidé, étape par étape, vers d’autres indicateurs à considérer. Aujourd’hui, le processus peut aussi donner des recommandations si les choses vont mal, poursuit-il.
« La plupart des systèmes disposent des mêmes fonctions, et il n’existe pas vraiment de délimitation autre que la différence sémantique entre BPM et iBPM », explique encore Caly Richardson. Les fournisseurs avancent naturellement vers l’iBPM, avec l’ajout de fonctions d’analytiques.
Tout est question de cas d’usage
« Je ne pense pas avoir rencontré des clients qui utilisent ‘iBPM’ pour qualifier un cas d’usage. Le cas le plus courant est « utiliser une plateforme de BPM pour avancer vers le numérique », ajoute-t-il.
Steve Weissman acquiesce. En tant que technophiles, « nous passons bien trop de temps à créer une délimitation entre ces technologies, distinguer les différents niveaux d’innovation, et identifier ce qu’elles nous permettent de faire ».
Les entreprises doivent plutôt considérer l’essence même du problème métier à résoudre. Autrement la grande majorité des projets IT risquent de ne pas répondre aux attentes. La technologie fonctionne bien – c’est vraiment le cas -. Mais il se peut que les métiers et l’IT souhaitent résoudre des problèmes différents, constate-t-il.
Un marché du BPM qui se transforme
Le cabinet d’étude a récemment publié une étude qui montre comment le marché du BPM est en train de se transformer. Parmi les conclusions de cette étude, on note que les trois premières compétences que les entreprises envisagent d’accroitre autour du BPM sont la data science, le parcours client et le design thinking, soutient Caly Richardson. Il constate également une mutation notable des raisons d’adoption du BPM.
« Il y a deux ans, la première motivation était la réduction des coûts, puis a suivi la conformité. Aujourd’hui, ce sont le parcours client et la transformation numérique », assure-t-il. Chez certains répondants, cela correspond même à un changement de priorités. « Aujourd’hui, les entreprises ont besoin de croissance. Comment font-elles pour cela ? »
D’ici quelques années, l’accent sera mis sur la façon dont les entreprises établissent une relation avec les clients, et si les processus sont optimisés pour cela.