Avis d’expert : il faut repenser l’alimentation des data centers
Frédéric Kapps, de Socomec, un groupe industriel spécialisé dans la disponibilité, le contrôle et la sécurité de l’énergie électrique, défend l’utilisation de solutions modulaires dans les alimentations des datacenters.
Le développement de nouvelles infrastructures de data centers fait régulièrement l’objet de vives critiques : leurs besoins élevés en électricité présentent à la fois un coût environnemental et un risque de surcharge des réseaux. La consommation de ces installations – évaluée à 650 térawattheures en 2020, soit plus que la consommation de la France – représenterait déjà entre 1 et 3 % de l’électricité produite au niveau mondial. Une tendance qui sera assurément à la hausse dans les années à venir avec l’explosion des mégadonnées et les besoins croissants en matière d’informatique.
Face à une demande qui augmente à un rythme sans précédent et au besoin impérieux de créer des infrastructures plus propres, comment favoriser davantage la transition énergétique dans ce secteur et tirer parti des dernières avancées technologiques pour construire un avenir plus durable ?
La modularité pour une meilleure empreinte carbone
Utiliser à grande échelle les énergies renouvelables dans les réseaux électriques contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais cela ne suffit pas. Au niveau local, une bonne gestion des composants qui constituent les installations électriques permet d’améliorer la disponibilité énergétique et l’efficacité opérationnelle, et sert aussi à prolonger leur durée de vie.
Pour ce faire, on pense aux solutions dites modulaires, notamment dans les installations d’ASI (Alimentation Sans Interruption). Celles-ci ont la possibilité d’accroître la puissance de sortie en fonction des évolutions de la charge. Une architecture modulaire permet globalement aux entreprises de réguler rapidement leur consommation selon des besoins qui changent sans cesse. Avec ce type d’architecture, il est possible de se tourner vers une approche intelligente nommée « le redimensionnement » dans laquelle les unités non requises à un moment donné sont « mises en sommeil », de sorte à optimiser l’efficacité générale.
Des générateurs diesel aux batteries au lithium-ion
Le bon fonctionnement des installations ASI est lié à la performance des batteries, d’où l’importance extrême du choix des batteries pour le plan de continuité et de durabilité des datacenters, notamment dans l’optique de la réduction de la consommation des combustibles fossiles.
Grâce à leur haute densité d’énergie et à leur poids nettement inférieur à celui des batteries au plomb, les systèmes d’ASI à batteries li-on ont un coût total de possession réduit et sont très peu encombrants. Ils libèrent un espace au sol précieux pour d’autres équipements informatiques et pour de futures mises à niveau de puissance, tout en réduisant la dépendance à l’égard des groupes électrogènes diesel.
Compacts et bien moins lourds, ces systèmes peuvent être installés sans besoin de renforcer le sol. Moins sensibles aux températures élevées, les batteries nécessitent moins de refroidissement ce qui réduit les coûts énergétiques. Par le biais de la recharge rapide et à leur évolutivité permettant des mises à niveau ou la redondance, cette nouvelle génération de batteries pour ASI est aussi la clé d’une meilleure efficacité et fiabilité opérationnelle.
Des partenaires indépendants et engagés en faveur du développement durable
Tous les fabricants d’ASI sont invités à adhérer au code de conduite européen sur l’efficacité énergétique des onduleurs (V2.0,2021–2024). Celui-ci garantit que les entreprises affichent leur volonté de contribuer à l’efficacité énergétique en générant des économies sur les factures des clients tout en contribuant au développement durable.
Les entreprises détenant des équipements électriques revêtant une importance grandissante et répondant aux meilleures pratiques et engagements en faveur du développement durable peuvent également se doter d’une certification. Le programme de référence internationale PEP ecopassport® assure par exemple que les déclarations environnementales données sont fiables, transparentes, comparables et vérifiées conformément à la norme ISO 14025.
L’indépendance de ces partenaires enfin, jouissant d’une grande liberté dans leurs décisions stratégiques et opérationnelles, peut constituer un point de vigilance lors de leur sélection.
À propos de l’auteur : Frédéric Kapps est aujourd’hui Marketing Leader France chez Socomec. Il occupait précédemment des fonctions à la R&D du groupe.