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AWS vs Azure : une course pour dominer le marché du Cloud public
Dans la bataille que se mènent les fournisseurs de Cloud public, Microsoft compte bien capitaliser sur son imposante base installée d'entreprises et sur son approche hybride pour se hisser au niveau d’AWS.
AWS caracole certes en tête du marché des fournisseurs de Cloud public, mais derrière, la concurrence s’organise. A commencer par Microsoft Azure. La firme de Redmond a fait des progrès avec son empreinte très large chez les entreprises, et le vent continue de souffler dans sa direction.
« Azure est sur un bon rythme en matière d'ajout de fonctionnalités et, avec temps, atteindra la parité », commente Deepak Mohan, directeur de recherche, spécialisé Stockage et infrastructure, chez IDC. « Ils ne sont pas encore au même niveau qu’AWS, mais ils ont fait beaucoup de progrès. »
AWS vs Azure : une course à la fonction
La plus grande différence entre Azure et AWS est le caractère et les spécificités qui font leurs produits et leurs services interconnectés et la façon dont ils bâtissent leur rayonnement mondial, ajoute de son côté Patrick Kerpan, PDG de Cohesive Networks, spécialisée dans la sécurité du Cloud qui travaille avec les deux fournisseurs. Azure est devant AWS en matière de points de présence avec 36 régions du monde, dont quatre ayant des zones de disponibilité multiples. AWS dispose de son côté de 18 régions, presque toutes dotées de zones de disponibilité multiples, ainsi que d'emplacements en périphérie pour étendre la portée CloudFront et Route 53 dans le monde.
En plus de leur présence mondiale, Azure et AWS bataillent également sur le terrain des fonctions et services Cloud. Par exemple, AWS tend à être le n°1 si l’on mesure la variété de ses services IaaS, mais Azure dispose d'un portefeuille de services PaaS solide, analyse Girish Phadke, en charge des technologies Microsoft et des plateformes Cloud chez Tata Consultancy Services – la société est partenaire d’AWS et de Microsoft. « Bien qu'AWS dispose des possibilités de configurations et de tarifications plus granulaires pour le IaaS, Azure propose une collection de services plus dense dans le PaaS. »
De plus, Azure a lancé sa série B de machines virtuelles, pour des workloads d'entrée de gamme, telles que les serveurs Web, les petites bases de données et les charges de travail de développement et de test. La tarification est adaptée aux workloads temporaires et en volume qui pourraient entraîner des dépenses importantes avec d'autres modèles plus classiques.
« Cela les rapproche de près d’AWS sur l’entrée de gamme », confirme-t-il.
Un point partagé par Dharshan Rangegowda, fondateur de ScaleGrid, une société qui développe une base de données Cloud et qui automatise la gestion de MongoDB et Redis sur Azure et AWS. Azure rattrape sans aucun doute son retard sur AWS en termes de fonctionnalités, mais en termes de fiabilité, de performances et de temps de fonctionnement, « Azure est toujours loin derrière AWS », lance-t-il.
Il cite un exemple : « lorsque vous exécutez une action - telle que create, stop or start- sur plusieurs VM, il semble que cela s’effectue plus rapidement et avec moins d'erreurs sur AWS que sur Azure. »
Azure : l'avantage de l’ADN entreprise et de l’hybridation
AWS a été une rampe de lancement pour les startups nées avec le Cloud comme Netflix ou Reddit. Mais les entreprises ayant déjà investi dans l'écosystème Microsoft et dans des serveurs Windows ont plutôt tendance à considérer Azure, souligne Patrick Kerpan.
Dharshan Rangegowda s’accorde sur ce point : « Microsoft a déjà tissé des relations et signé des contrats avec de grandes entreprises. Il est donc souvent le premier fournisseur de Cloud sur la liste de ces entreprises. »
De plus, quand on aborde la question du Cloud hybride, Azure simplifie l'intégration des applications sur site aux applications hébergées sur Azure via des services comme Azure Active Directory Connect, Azure StorSimple, SQL Server Stretch Database et Azure Stack.
« Azure Stack, l'offre de Cloud privé de Microsoft, rend possible le déplacement et la migration des applications entre le Cloud public et le Cloud privé », ajoute Girish Phadke.
La nécessité d’une comparaison attentive
Cette adoption grandissante d'Azure est attestée par le rapport « State of Modern Applications in the Cloud » de Sumo Logic (service analytique). Alors que Linux a longtemps été l’OS dominant sur AWS - représentant 80% des cas, selon les données de l'enquête -, l'utilisation de Linux dans Azure est passée de 4% à 16% en un an, soit une augmentation de 300%, précise le rapport.
Mais une comparaison n’est jamais simple lorsqu’il s’agit d’évaluer des fournisseurs de Cloud public comme Azure et AWS. Cela doit être replacé dans son contexte, souligne Deepak Mohan.
En effet. Les dépenses totales dans le IaaS public sont encore inférieures à celles des infrastructures sur site. Le potentiel reste énorme, soutient-il enfin.