L'hiver glacial des SSII (2/3) : les poids moyens continuent leur glissade
Ni mondiaux, ni spécialistes. Les SSII moyennes, qui constituent une bonne partie du tissu des services IT hexagonal, ont continué à souffrir en fin d'année 2009, avec des décroissances souvent supérieures à 5 %. Tout en tenant désormais des discours plus optimistes sur leurs perspectives. Et en n'ayant plus grand chose à apprendre des grands groupes mondiaux en matière de protection des marges.
Second volet de notre bilan des résultats trimestriels des SSII, avec les groupes de taille intermédiaire, ayant une dimension européenne.
Steria repasse dans le vert
Cyclothymique, Steria ? Après un troisième trimestre calamiteux (recul du chiffre d'affaires de 9,1 % sur un an), la SSII française rebondit en fin d'année avec un quatrième trimestre en croissance (à périmètre et taux de change constant). A 451,6 M€, l'activité est en expansion de 0,9 %, portée par la Grande-Bretagne - première géographie du groupe, où Steria a racheté Xansa - et l'Allemagne. Au Royaume-Uni (+ 4,9 %), le groupe a "bénéficié des décalages du troisième trimestre vers le quatrième dans la mise en production de certains contrats", explique Steria dans un communiqué. Au troisième trimestre, l'activité y reculait en effet de 15 %. La fin d'année signe aussi le retour en grâce de la filiale allemande, fruit du rachat de Mummert (spécialiste du conseil et de l'intégration), qui confirme son retour à la croissance (+ 1,1 %). La France, elle, freine nettement sa décroissance (- 3,1 %, contre plus de 10 % à l'automne).
Cette fin d'année dynamique permet à Steria de dépasser son objectif de chiffre d'affaires, il est vrai amoindri suite à la claque du troisième trimestre. A 1,63 Md€, celui-ci affiche un recul (à taux de change constant) de 3,1 % par rapport à 2008, alors que la SSII s'attendait plutôt à une décroissance de 3,5 %. A 7,4 %, la marge est en recul de 0,4 point par rapport à 2008. (En savoir plus)
Sopra : paradoxal trou d'air
Plutôt dans le bon wagon tout au long de la crise, la SSII dirigée par Pierre Pasquier, a chuté en fin d'année avec un quatrième trimestre difficile en décroissance de 6 %. Sur l'année, le chiffre d'affaires s'affiche en recul de 4,5 %, à environ 1,1 Md€. Un crû 2009 très moyen, dû essentiellement à un début d'année difficile de la filiale logicielle Axway et à la faiblesse des implantations européennes. Sur l'année, la marge opérationnelle ressort à 7,6 %, supérieure à l'objectif affiché (7 %), témoignant d'une amélioration de la rentabilité au second semestre. Le résultat net, notamment impacté par les frais de restructuration liés à l'arrêt de l'activité conseil en Espagne (Valoris Iberia), s'établit à 27,1 M€, contre 58,2 un an plus tôt.
Les filiales européennes dégagent un chiffre de 170,5 M€, pour une marge de 3 % (contre plus de 8 % en 2008). C'est le principal point noir pour Sopra en 2009, Pierre Pasquier, le Pdg, ayant admis ne pas disposer de la taille critique suffisante dans certains pays européens pour traverser sereinement la crise. De facto, en organique, la décroissance dépasse les 15 % sur ce segment, témoignant d'une nouvelle dégradation de ce segment en fin d'année.
Confirmant les tendances entrevues depuis le début d'année, le vaisseau amiral ISS France (l'activité d'intégration et d'outsourcing applicatif dans l'Hexagone) maintient le groupe à flot. Avec 704,5 M€ en 2009, l'activité progresse de 0,3 % sur un an. Mais c'est aussi ce pilier du groupe qui a donné des signes de faiblesse en fin d'année. Sur les neuf premiers mois de l'année, cette activité était en croissance de 2 %. En fin d'année, le fleuron du groupe est entré en décroissance (de 4,3 %). Sur l'ensemble de 2009, la marge de ISS France ressort toutefois à 8,3 %, une bonne performance parmi les SSII françaises. (En savoir plus)
GFI toujours en décroissance à deux chiffres
Emmené par un nouveau Pdg - Vincent Rouaix - qui a donné la priorité au relèvement de la marge et au recentrage sur l'Europe du Sud, GFI continue à évoluer dans les eaux profondes des services informatiques. A 190,1 M€, le chiffre d'affaires du quatrième trimestre recule de 11,6 % sur un an, à périmètre comparable. C'est pire qu'au troisième trimestre (-9,9 %), mais aussi qu'au printemps (-10,8 %), période où les résultats des SSII ont commencé à dévisser. Si la décroissance reste stable en France (-7,7 %), la SSII est surtout plombée par ses activités à l'international. Dans l'ensemble, elles reculent de près de 19 %, emportées par la déconfiture de l'Italie (-53,7 % au dernier trimestre !), et par les tassements de l'Allemagne et du Canada (où GFI a racheté plusieurs éditeurs de logiciels, dont récemment Forstum Business Solutions).
Sur l'ensemble de l'année, GFI a réalisé un chiffre d'affaires de 726,4 M€, en recul de 9 %. Le groupe dit s'attendre, au second semestre, à une marge opérationnelle supérieure à celle du premier (3 %). Pas sûr toutefois que cela suffise à dégager une seconde partie d'exercice dans le vert, après la perte de 11 M€ enregistrée sur les six premiers mois de l'année. (En savoir plus)
Bull maintenu par les grands contrats d'infogérance
A 330,1 M€, le chiffre d'affaires du quatrième trimestre de Bull recule de 3,3 % sur un an. Dans cet ensemble, les services affichent toutefois un repli plus marqué : à 136,4 M€, ils sont en décroissance de 4,8 % sur un an, contre une décélération de seulement 1,8 % au cours du trimestre précédent.
Sur l'année entière, les services sont en léger recul (- 2 %), à 483,2 M€, mais cette décroissance résulte largement de la cession d'une activité aux Etats-Unis (Medicaid). Sur ce pan de son activité, Bull affiche sur l'année une marge opérationnelle de 14,9 % (- 0,5 point sur un an), qui reste largement au-dessus de la moyenne de la profession. "Ce qui soutient notre activité, ce sont avant tout les grands contrats d'infogérance, comme celui signé avec Paperlinx (un groupe néo-zélandais pour lequel Bull assure la gestion des infrastructures en Europe, NDLR), ou les grands contrats d'intégration complexe, comme celui de Chorus (progiciel comptable de l'état, NDLR)", explique Didier Lamouche, le Pdg.
Le groupe n'anticipe pas de reprise économique avant le second semestre 2010. A compter du 1er janvier 2010, le périmètre du groupe évolue sensiblement, avec l'intégration d'Amesys (850 personnes env.), spécialiste des systèmes critiques sécurisés et propriété de Crescendo Industries. Ce rachat se traduit, sur le plan opérationnel, par la création d'une nouvelle division, baptisée Sécurité et systèmes critiques. Rappelons qu'Amesys avoisinait les 100 millions de chiffre d'affaires en 2009, avec une marge opérationnelle proche de 10 %. Sur le plan actionnarial, Crescendo Industries devient l'actionnaire de référence de Bull, avec une participation de quelque 20 %. "Notre priorité pour 2010 sera de réussir rapidement l'intégration comptable et commerciale d'Amesys. Ainsi que de fusionner nos offres", précise Didier Lamouche. (En savoir plus)
Devoteam et l'aventure allemande
La machine à croître de Devoteam s'est enrayée en 2009, le groupe peinant notamment à intégrer Danet, SSII allemande rachetée début 2009. Devoteam termine l'année par un quatrième trimestre à 124 M€, soit une décroissance de 1 %. Reste que ce total intègre les chiffres d'affaires des deux rachats effectués récemment (Danet donc, qui avait tout de même réalisé 46 M€ en 2008 soit environ 10 % du total du groupe, et Teligent Russie). A périmètre constant - chiffre que Devoteam ne dévoile pas pour son quatrième trimestre -, la décroissance avoisine certainement les 10 %. Par contre, la SSII est parvenue à redresser ses marges en fin d'année : à 7,7 %, celles-ci gagnent deux points environ par rapport aux niveaux constatés sur les neuf premiers mois de l'année.
Sur l'ensemble de l'année, Devoteam a réalisé un chiffre d'affaires de 460 M€, stable sur un an, mais en décroissance de 7 % à périmètre constant. La marge opérationnelle est, par contre, passée de 8,8 à 6,2 %. La SSII annonce qu'elle passera pour 6,9 M€ de frais de restructuration. Des charges liées aux difficultés rencontrées dans l'intégration de Danet (intégration qui a pris plusieurs mois de retard, expliquait Stanislas de Bentzmann, le co-président du directoire, dans nos colonnes en septembre dernier) et à celles dans les télécoms.
Le groupe anticipe une reprise "progressive" en 2010 et prévoit un chiffre d'affaires d'environ 470 M€ et un taux de marge opérationnelle de 6 %. (En savoir plus)
Groupe Open et la difficile digestion de Sylis
Au quatrième trimestre 2009, Groupe Open a vu son chiffre d'affaires reculer de 15,7 %, à 72,5 millions d'euros. Soit une décroissance qui s'est encore accélérée depuis le troisième trimestre (-12,9 % en pro forma). Le taux d'occupation n'atteint que 84,1 %, contre 87,7 % un an plus tôt.
Conséquence de cette fin d'année vacillante : sur la première année d'intégration complète de la SSII lilloise Sylis, Groupe Open termine loin du chiffre d'affaires cumulé des deux sociétés en 2008, 330 millions d'euros. Du fait de sa fin d'année difficile, la société dirigée par Frédéric Sebag et Guy Mamou-Mani termine même sous la barre des 300 millions (294 M€). "Nous terminerons le second semestre avec une marge opérationnelle meilleure qu'en début d'année. Mais, en raison de frais de restructuration, nous serons toujours dans le rouge (sur les six premiers mois de l'année, Groupe Open a enregistré une perte de 1,7 million, NDLR)", explique Guy Mamou-Mani. Les résultats définitifs de la SSII seront présentés le 22 mars.
En 2010, le chiffre d'affaires poursuivra son érosion au premier semestre, a annoncé la société, qui prévoit toutefois une amélioration nette de sa profitabilité. (En savoir plus)
En complément :
- Lire notre analyse des résultats des grandes SSII au 4ème trimestre
- Lire notre analyse des résultats des SSII moyennes pour le troisième trimestre 2009
- Lire notre analyse des résultats des SSII moyennes pour le premier semestre 2009
Pour approfondir sur SSII, ESN
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