Top 100 des éditeurs de logiciels : la France patrie des acteurs de niche

Un mastodonte et un foisonnement d'éditeurs plutôt centrés sur le marché français, ou au mieux européen. Le classement 2008 des 100 premiers éditeurs français livre un bilan mi-figue, mi-raisin. Car, malgré la perte de quelques fleurons (BO, GL Trade, Ilog), l'édition hexagonale, portée par des acteurs de niche, reste dynamique.

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Mise à jour le 3/11 à 10h50

Pas de miracle. Le classement des 100 premiers éditeurs français de logiciels en 2008, que publient PricewaterhouseCoopers (PwC) et Pierre Audoin Consultants (PAC), en partenariat avec l'Afdel (Association française des éditeurs de logiciels), n'est que la résultante de l'hécatombe dont a été victime le secteur. Après les rachats de BO (par SAP), d'Ilog (par IBM) et de GL Trade (par Sungard), les rangs se sont éclaircis derrière le seul réel poids lourd de l'édition hexagonale, Dassault Systèmes. A lui seul, le spécialiste du PLM pèse 32 % du chiffre d'affaires total des 100 premiers éditeurs français (voir graphique ci-contre). Une taille critique - Dassault figure dans le Top 20 mondial - qui lui permet de jouer le jeu de la consolidation à grande échelle : dès 2010, avec la reprise programmée des activités PLM d'IBM, le numéro un français creusera encore un peu plus l'écart avec ses poursuivants.

Un Top 100 toujours en croissance

Si Dassault joue dans la cour des grands avec une présence mondiale, cela ne signifie pas que d'autres acteurs n'aient pas un taille suffisante pour avoir un poids significatif à l'export, au moins sur des niches très ciblées. C'est le cas d'Axway (filiale Sopra Group, spécialiste du transfert de fichiers qui a racheté l'Américain Tumbleweed en 2008), de Murex (solutions pour les marchés de capitaux), Cegedim (santé) ou Avanquest (logiciels grand public). Tous dans le top 10 français, ces acteurs réalisent au moins 70 millions d'euros à l'export. Mais comme le souligne PwC, "si le 10 premiers éditeurs français exportent 75 % de leur production, les 40 suivants n'en exportent que 37 %". De la 51ème à la 100ème place, ce taux tombe à 21 %. "Le marché français est fortement concentré, observe Pierre Marty, associé chez PwC et spécialiste du marché du logiciel en Europe. Derrière Dassault Systèmes, on trouve un petit groupe de sociétés dont le terrain de jeu est avant tout européen, puis une myriade de start-ups ou de PME opérant avant tout en France".

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Malgré ces constats déjà bien connus et la disparition de quelques fleurons, la somme du Top 100 (licences, maintenance et support) continue de progresser en 2008 grâce aux rachats opérés par les leaders que sont Dassault ou Axway, mais aussi à la croissance organique de nombreux éditeurs. "Plus de 20 acteurs ont connu en 2008 une croissance de leur revenu supérieure à 20 %", souligne PwC. Murex passe ainsi de la 8ème à la 4ème place. Linedata de la 10ème à la 6ème. Et PwC de souligner également la présence d'une nouvelle génération d'acteurs nés avec la vague du Saas, preuve du dynamisme du logiciel français : Emailvision (34ème), Sidetrade (99ème), Oodrive (79ème) ou Proginov (59ème). "On compte de nombreuses entreprises innovantes sur le marché français, observe Pierre Marty. Mais elles connaissent des difficultés pour grandir, l'Europe en général connaît une problématique de relais pour faire évoluer les entreprises qui ont franchi un premier palier. Leurs fondateurs cèdent facilement aux sirènes des grands groupes internationaux qui frappent à leur porte pour les racheter."

Rachats : la crise a favorisé l'attentisme

Si 2008 se termine sur une note positive - la crise n'ayant fait sentir ses effets qu'au quatrième trimestre -, l'année en cours paraît plus ardue, avec une chute des ventes de nouvelles licences enregistrée par la quasi-totalité des éditeurs. PAC prévoit ainsi une chute de 3,8 % des dépenses logicielles en France sur 2009. "La crise s'est traduit aussi par un phénomène d'attentisme. Malgré des cours de bourse très bas et de grands acteurs à la trésorerie florissante, les éditeurs se sont concentrés sur leurs plans d'économies et leurs marges. Quitte peut être à laisser filer certaines opportunités. Ce phénomène n'est pas qu'hexagonal : on constate ce même attentisme à l'international", note Pierre Marty. Et pas sûr que les éditeurs français soient les mieux armés pour profiter les premiers de la reprise : "la sortie de crise profite traditionnellement aux acteurs de l'infrastructure", observe l'associé de PwC. Un segment où le logiciel français reste bien moins armé que dans l'applicatif : hormis Axway (2ème), le second éditeur de ce type (Orsyp) pointe au-delà de la 30ème position.

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