Nortel : le scénario de la vente par appartements se précise
Selon le Wall Street Journal, Nortel discuterait avec plusieurs sociétés pour la cession de ses activités mobiles et de sa division entreprises. Deux cessions qui priveraient la firme de plus des 2/3 de son CA hors services, et ramèneraient le géant canadien des télécoms au rang de nain sur le marché.
Nortel Networks, qui s'est placé sous la protection de la loi sur les faillites canadiennes en janvier dernier, réfléchit au scénario d'une vente par appartements, un scénario qui pourrait mettre fin à l'histoire de la compagnie en tant que société indépendante. Ou, pour le moins, lui faire perdre son statut de géant des télécoms.
Nortel mènerait des discussions pour céder ses deux principales divisions. L'équipementier canadien négocierait notamment la cession de sa division entreprise, qui fabrique des commutateurs Ethernet, des équipements Wi-Fi, des routeurs IP et des équipements de téléphonie sur IP et la vente de sa division d'équipements de téléphonie sans fil pour opérateurs.
Cette dernière regroupe les actifs de la société en matière de CDMA et de 4G (WiMAX, LTE, ainsi que les plates-formes de services logicielles associées). Elle est notamment l'un des gros fournisseurs de Verizon Wireless, un opérateur qui a encouragé les équipementiers récemment retenus pour son infrastructure 4G LTE à s'intéresser aux actifs de Nortel, afin de garantir la pérennité de son réseau 3G actuel.
Discussions avec Avaya, Siemens et Nokia-Siemens Networks
Selon le Wall Street Journal, plusieurs concurrents de Nortel se seraient rapprochés de l'équipementier pour manifester leur intérêt pour ses actifs. Nortel aurait notamment mené des discussions avec Avaya (désormais sous le contrôle de fonds d'investissements) pour sa division téléphonie d'entreprise. Siemens Enterprise Communications aurait aussi manifesté son intérêt pour cette activité.
Nortel serait aussi en pourparler avec plusieurs autres équipementiers, dont Nokia Siemens Networks (NSN), pour la vente de son activité de téléphonie sans-fil. Cette dernière fournit notamment plusieurs opérateurs CDMA nord-américains, dont Verizon Wireless. Notons que si Verizon n'a pas retenu Nortel pour son réseau LTE (l'équipementier affirme avoir terminé 3ème de l'appel d'offres derrière Alcatel et Ericsson, les deux fournisseurs retenus), il a choisi NSN pour ses plates-formes de services IMS. L'acquisition de la téléphonie mobile de Nortel par NSN pourrait donc permettre à ce dernier de renforcer ses liens avec Verizon et, qui sait, d'espérer une part du gâteau LTE de l'opérateur américain sur une seconde phase. Elle pourrait aussi doper les chances de NSN sur le marché du LTE dans les prochains grands appels d'offres, notamment ceux du principal partenaire de Verizon, Vodafone.
Des divisions qui pèsent 2/3 du CA de l'équipementier
La division entreprises et la division téléphonie sans fil ont réalisé des CA respectifs de 2,4 et 4,3 Md$ en 2008 (et encore sans intégrer les services associés), soit pas loin des 2/3 du CA de l'équipementier l'an passé. Le solde s'est réparti entre la division transport optique (1,4 Md$) et l'activité services (2,1 Md$). Notons que Nortel a déjà cédé à la fin du mois de février ses solutions de commutation de niveau 7 (ex-Alteon Web Systems) à l'israélien Radware et qu'il s'était largement désengagé du marché 3G-UMTS fin 2006, en cédant ses activités sur le créneau à Alcatel-Lucent.
La semaine passée Mike Zafirowski, le patron de la firme canadienne, avait confirmé son intention de restructurer la firme pour en faire une société "plus petite, mais plus concurrentielle". Il avait aussi promis de préciser son plan de restructuration en avril ou en mai. Si les rumeurs en cours se vérifient, Nortel ne conservera qu'une activité de service, sans doute réduite, et son savoir-faire en transport optique.